À Poitiers, la résidence autonomie Edith Augustin reste ouverte : "Les résidents pourront rester à Edith Augustin s’ils le souhaitent" confirme la Maire Léonore Moncond'huy

L'annonce a réjoui les habitants de la résidence Edith Augustin : elle ne fermera finalement pas ses portes à la fin de l'année 2023. Les concertations entre la mairie et les opposants à ce projet ont porté leurs fruits et la mairie de Poitiers annonce aujourd'hui les nouvelles orientations pour cette structure qui accueille 60 personnes âgées.

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En février dernier, la nouvelle de la fermeture de la résidence autonomie Edith Augustin avait suscité la colère et l'émotion de ses habitants, de leurs familles et des membres du personnel. L'établissement devait subir des travaux de désamiantage, et coûtait trop cher au centre communal d'action sociale (CCAS) tout en affichant le plus faible taux d'occupation pour ce type de logement à Poitiers.

Au bout de plusieurs semaines de mobilisation, la Mairie de Poitiers avait décidé de suspendre cette décision afin d'organiser une vaste concertation auprès des publics concernés. Il n'est désormais plus question d'évacuer les résidents vers d'autres structures équivalentes. Pour France 3, Léonore Moncond'huy revient sur les semaines de discussions, et sur les difficultés financières du CCAS.

Dans quelles conditions la résidence Edith Augustin va-t-elle rester ouverte ?

Léonore Moncond'huy : Je réaffirme l’engagement selon lequel les résidents pourront rester à Edith Augustin s’ils le souhaitent. Ensuite, parmi les propositions qui ont été remontées dans la consultation, celle de travailler à la mixité des publics pour augmenter le niveau d’occupation de la résidence Edith Augustin, vous savez que c’était une résidence qui n’était pas pleine d’ailleurs, comme les autres résidences autonomie de la ville. Mais c’est une proposition qu’on travaillera à partir de la rentrée, pour l’instant, on va laisser passer l’été, avec l’idée de travailler à une occupation mixte, c'est-à-dire soit avec un public jeune par exemple, un public étudiant, un public de familles dans le besoin, mais on va faire attention à ce que ce soit un public qui soit compatible avec l’occupation paisible souhaitée par les personnes âgées et donc l’idée, c'est que cette mixité, elle puisse s’étendre sur au moins trois, quatre, cinq ans, histoire d’assurer la vie de la résidence jusqu’à ce que le futur établissement soit construit.

Qu'en est-il du problème d'amiante évoqué pour l'évacuation de la résidence Edith Augustin ?

Depuis le début, ce que nous disons, c'est que l’amiante n’est pas dangereuse à court terme. Je réaffirme que les résidents ne courent pas de risque en continuant à vivre à Edith Augustin. Là où ça pose un problème, c’est que ça empêche la rénovation d’appartements laissés vides par des résidents qui sont partis ou inadaptés pour les personnes âgées. À court terme, ça n’empêche pas d’y vivre, mais à moyen terme un autre établissement va être construit pour permettre le désamiantage d’Edith Augustin dans quatre à cinq ans. C’est un délai qui nous permet de laisser vivre le bâtiment et au-delà duquel il serait vraiment dangereux de laisser le bâtiment se dégrader sans intervenir.

Cela veut dire que le problème va se représenter dans quatre à cinq ans, l’idée de déracinement qu’on a ressenti de la part des résidents ?

Non, justement, la consultation a aussi permis d’identifier les points les plus bloquants dans cette opposition à cette proposition, et parmi les points qui reviennent le plus fortement, c'est l’attachement des résidents au quartier et l’attachement du quartier à l’équipement. Donc ce qui était mal accepté, c'est qu’il n’y ait pas une alternative dans le quartier.

Là, ce que nous proposons, c'est que d’ici quatre à cinq ans, il puisse y avoir un nouvel équipement pour les aînés dans le quartier, donc il n’y aura plus l’effet de déracinement, il y aura une alternative proposée à tout le monde, dans le quartier.

Léonore Moncond'huy

Maire de Poitiers

Je ne préjuge pas de ce que sera l’avenir de la résidence Edith Augustin, encore une fois la propriété est à Ekidom, peut-être qu’ils choisiront d’en faire des logements inclusifs pour les personnes âgées, ça pour le coup, il est vraiment trop tôt pour le dire, mais ce qui est certain, c'est qu’il y aura un équipement public pour les aînés dans le quartier. La présence des aînés est confortée sur le quartier Poitiers ouest.

Comment avez-vous abouti à ce revirement de situation par rapport à l’avenir de la résidence Edith Augustin ?

D’une part, je rappelle qu’au bout d’un mois et demi de mobilisation à peu près, nous avons suspendu la décision pour permettre une phase de consultation. Toutes les consultations se sont passées de la même manière, que ce soit pour les rendez-vous avec des organisations particulières ou les réunions collectives comme le collectif de vie sociale Edith Augustin, avec les résidents, les familles, les agents. Il fallait rappeler, pour commencer, la situation et quels sont nos invariants, c’est-à-dire quels sont les points les plus importants pour nous, y compris dans l’alternative : un, c’était la question de l’amiante ; deux, c’était la question de la situation financière du CCAS ; et trois, c'était la question de la prise en compte de l’évolution des besoins. La solution que nous proposons aujourd’hui, elle répond encore à ces trois points-là.

L’amiante, j’en ai parlé, on décale la rénovation du bâtiment jusqu’à ce qu’il ne soit plus possible de vivre dedans. Sur la question de la situation financière du CCAS, on contribue quand même à réorienter l’offre puisque le futur bâtiment sera construit par Ekidom ce qui veut dire que ça ne grève pas les moyens du CCAS. Et puis on accompagne également l’évolution des besoins des personnes âgées puisque le nouveau modèle sera plutôt de type habitat inclusif, avec un habitat plus desserré, avec un jardin partagé par exemple, ce qui correspond aux attentes aujourd’hui des seniors à Poitiers comme ailleurs.

On reste dans notre grille initiale, mais on a fait évoluer la proposition en partant vraiment des propositions qui ont été écoutées et entendues pendant la phase de consultation, de la part des habitants, des acteurs du quartier, etc.

Léonore Moncond'huy

Maire de Poitiers

La mobilisation a été forte. Comment avez-vous vécu cette phase de grosse contestation par rapport au projet que vous portiez ?

On a connu pire. D’une part, je le dis sincèrement, je préfère une société qui se mobilise plutôt qu’une société complètement amorphe et atone, donc en ce sens, la mobilisation a cela de positif qu’elle a permis de susciter de l’attention, de la mobilisation citoyenne, sur les politiques sociales qui sont habituellement un enjeu peu approprié par les citoyennes et les citoyens.

Je ne dirais pas que c’était une période facile, mais aujourd’hui, j'en retire quelque chose de positif en termes de mobilisation. Vous savez, Poitiers Collectif, l’un de nos piliers, c'est vraiment la démocratie, redonner confiance en la politique, et nous ne sommes pas des élus qui sommes pétris dans leurs certitudes. Il n’y a pas de mal à dire que la démocratie, c'est aussi ouvrir des espaces d’échanges lorsque des réactions se font entendre, entendre les réactions et faire évoluer les propositions au regard des retours qui sont faits. Donc je suis assez à l’aise avec ça et je suis assez fière qu’on ait réussi à ouvrir des espaces d’échanges, certes un peu houleux, mais au moins, on a pu discuter, on a pu ouvertement échanger avec tout le monde et assumer aussi nos contraintes et écouter les propositions.

VIDEO. Les habitants de la résidence Edith Augustin, soulagés de conserver leur logement

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Face à la forte contestation, et au bout d'une longue concertation, la Mairie de Poitiers a décidé de maintenir cette structure d'accueil de personnes âgées. ©France télévisions

Au bout de plusieurs mois de cette mobilisation, vous dites-vous finalement « tout ça pour ça » ? L’argument humain a-t-il été sous-estimé dans la prise de décision initiale et n’auriez-vous pas souhaité prendre une décision comme celle d’aujourd’hui plus tôt ?

Au début, lorsque nous avons formulé cette proposition, on considérait que donner une information certes difficile, mais avec des garanties d’emblée aux résidents et aux agents, c’était une manière de les sécuriser. Ce n’est pas comme ça que ça a été reçu, et aujourd’hui, on est assez humbles vis-à-vis de ça. Les réactions n’étaient pas celles que l’on pensait. Néanmoins, la mobilisation nous a poussés à innover, trouver de nouvelles solutions, mais aussi susciter la mobilisation de nouveaux partenaires, Ekidom, la SEP, la Société d’Equipement du Poitou, même le département, qui s’engagent à financer un habitat inclusif à nos côtés. Je pense que la mobilisation a aussi permis de réveiller les partenariats autour de l’enjeu des politiques sociales.

Le CCAS est en difficulté, connaît un déficit de plus en plus important. Cette prise de décision par rapport à cette résidence qui devait permettre de faire des économies va-t-elle impacter d’autres postes de dépenses ? Est-ce que l’argent qui devait être économisé va être pris ailleurs dans les actions du CCAS ?

De toute façon, et la proposition initiale, et la décision d’aujourd’hui, ne règlent absolument pas la situation du CCAS. Je rappelle que nous avons augmenté de 30 % la subvention cette année, ce qui est inédit dans l’histoire de Poitiers pour la porter à 13 millions d’euros.

C’est de très loin le premier budget de la ville, le budget dédié aux politiques sociales dans leur ensemble, donc le but n’est pas de faire des économies, c'est-à-dire que le but n’est pas de réduire la voilure pour les politiques sociales. Par contre, c'est vrai que l’équilibre financier général du CCAS est en grande difficulté, à Poitiers comme ailleurs, vous devez suivre la situation à Châtellerault, on a plein d’exemples dans d’autres départements aussi, ce qui va nous imposer d’ouvrir un chantier dès la rentrée avec le conseil d’administration du CCAS pour voir quelle marge de manœuvre, on peut trouver pour continuer d’assurer les politiques sociales, continuer à les faire évoluer au regard des besoins, mais tout en répondant à l’impératif d’équilibre financier.

Ce n’est pas que ça nous plaît d’être dans cette situation de devoir raisonner en termes économiques, mais il y a un principe de réalité qui est là et qui est que les politiques nationales et départementales ne soutiennent pas suffisamment les politiques sociales et donc mettent toutes les communes qui ont des CCAS en grande difficulté.

Léonore Moncond'huy

Maire de Poitiers

Sur la résidence Edith Augustin, même si la perspective aujourd’hui est nouvelle, on contribue quand même à réorienter l’offre publique pour les personnes âgées, notamment à réduire ce qui sera géré par le CCAS. La décision sur la crèche familiale reste ce qu’elle était puisqu’elle a très peu suscité de mobilisation, donc on réoriente le modèle d’assistante maternelle publique vers le développement de places en crèches collectives qui restent publiques, mais qui sont moins lourdes en termes de gestion et de moyens pour le CCAS. On reste sur la bonne trajectoire, mais la situation demeure problématique, mais des marges de manœuvre vont être à trouver l’an prochain.

VIDEO. Léonore Moncond'huy était l'invitée de France 3 Poitou-Charentes le 3 mai 2023.

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Sur le plateau de France 3 Poitou-Charentes, Léonore Moncond'huy a confirmé que les habitants de la résidence Edith Augustin pourront rester dans leur logement. ©France télévisions
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