À Poitiers, un laboratoire pour la transformation numérique de l’école et de la formation

C’est à Poitiers, sacrée "capitale de l’éducation" par Jean-Michel Blanquer lors des États généraux du numérique pour l’éducation, que la transformation numérique de l’école commence.

Une convention LabEtech a été signée à Poitiers, entre les rectorats de Nouvelle-Aquitaine, le Conseil régional et départemental, le réseau Canopé et le S.P.N, le Réseau des Professionnels du Numérique. Cet engagement doit permettre aux startups de la EdTech d’expérimenter des solutions numériques améliorer la formation et l’enseignement scolaire.

La convention signée entre les opérateurs de l’Éducation nationale (Réseau Canopé, Cned, IH2EF) et les acteurs du numérique ambitionne de relever les défis que pose le numérique dans notre société, en passant par la formation et l’éducation. Ce partenariat devrait permettre plus de fluidité entre les besoins des entreprises et les compétences acquises [PF1]  dans le numérique à l’école. Les acteurs de l’éducation national pourront aussi mieux adapter les outils numériques à la réalité des classes.

Améliorer les apprentissages par le numérique

La signature de cette convention montre la volonté de faire de Poitiers un "territoire ami de l’Edtech" : un terme né de la contraction des mots éducation et technologie. Pour le moment, 18 projets d’EdTech sont lancés en Nouvelle-Aquitaine. D’ici la rentrée 2022-23, la rectrice de Poitiers, Bénédicte Robert, espère que le numérique puisse favoriser de meilleurs résultats scolaires, par l’individualisation des parcours scolaires en fonction des facilités ou difficultés de chacun. Par exemple, la mise en place d’un tableau de bord intelligent permettrait d’enregistrer les traces d’apprentissages des élèves et par conséquent d’adapter le parcours éducatif à leurs profils.

Pour améliorer ces apprentissages, Poitiers pourrait devenir le pôle national de données en éducation.

Bénédicte Robert, rectrice de l'Académie de Poitiers

En récoltant et en analysant les données concernant les apprentissages, il serait possible de mieux comprendre les pratiques qui font la réussite et les échecs des élèves, et ainsi d’adapter les réponses éducatives à la réalité des classes.

Des enseignements en immersion pour essayer différents métiers

Les acteurs de l’éducation nationale espèrent "attirer les jeunes dans le domaine de l’industrie qui n’a pas très bonne image" précise Philippe Mittet, directeur général adjoint du pôle Education et Citoyenneté du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. Et ce pourrait être possible grâce au numérique. Les collégiens et lycéens pourront découvrir ces métiers et leurs formations, via l’immersion digitale. Pour des formations en lycée professionnel, l’immersion numérique permettrait de découvrir le fonctionnement de machines industrielles par leur avatar numérique. Par là, Philippe Mittet espère, aux côtés des rectorats, "ouvrir le champs des possibles" : "On veut permettre à des jeunes de territoires ruraux d’essayer des métiers vers lesquels ils n’iraient pas forcément, comme la chaudronnerie, en leur laissant la possibilité d’expérimenter".  Cette nouvelle manière d’appréhender des apprentissages techniques réduirait aussi considérablement les coûts d’achat de machines de formation dans le domaine industriel, ce qui pourrait permettre à plus d’élèves de s’y former.

Développer les entreprises du territoire

Selon la préfète Chantal Castelnot, le pôle numérique est, à échelle nationale, le "seul projet qui traite de l’éducation et de la formation numérique tout en dynamisant territoire". Il s’ancre à Poitiers qui bénéficie de l’aura de technologie et de sciences qu’incarne le Futuroscope. Le pôle numérique doit aussi développer les entreprises du territoire. Philippe Mitter fait observer qu’environ 30 % des entreprises du numérique travaillent dans le domaine scolaire, dont 10% dans la formation et 20 % dans le numérique culturel et artistique. Il est prévu de développer l’éducation à travers le jeu et l’Esport, qui a déjà une place attitrée à Poitiers.

Agir sur l’inclusion numérique

En parallèle de cet objectif pédagogique, une trentaine de conseillers numériques seront formés et répartis sur le territoire de Nouvelle-Aquitaine pour aider les familles ou personnes ayant des difficultés avec le numérique. Alors qu’environ 30 % du territoire souffre d’illectronisme, il s’agit aussi d’aider les parents à suivre la transformation numérique des enseignements de leurs enfants, pour éviter de creuser une fracture numérique, révélée avec la crise sanitaire.