Au centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne, des mesures sanitaires ont été mises en place pour éviter de laisser le Covid-19 s'infiltrer en détention. A ce jour aucun cas de coronavirus n'a été détecté.
En Nouvelle-Aquitaine, aucun cas de COVID-19 n'a été identifié à ce jour, au sein des 20 établissements pénitentiaires de la région. Les 4560 détenus incarcérés sont soumis à des règles sanitaires pour éviter que le virus ne se propage derrière les murs de la détention.
L'une de nos équipes a réalisé un reportage à l'intérieur du centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne en ce 23e jour de confinement.
Pour éviter toute intrusion du virus, les vacations des intervenants extérieurs ont été suspendues, les surveillants comme l'ensemble du personnel médical, au contact des détenus, portent des masques.Ce qui me manque le plus, c'est l'école, l'ergothérapie, c'est dur mais j'ai de la lecture,
-Stéphane, détenu.
Je pense qu'ils le vivent plutôt bien et le fait de nous voir dans la même situation qu'eux, permet de dédramatiser les choses,
-Nicolas, surveillant au quartier arrivant de Poitiers-Vivonne.
Près de 700 détenus sont incarcérés au centre pénitentiaire de Poitiers-Vivonne. Certains vivent à plusieurs par cellule. Dans ce contexte, il y a une certaine promiscuité, c’est donc pour cela que le nombre de prisonniers autorisés par sortie dans la cour de promenade a été divisé par deux. Les deux promenades quotidiennes sont maintenues.
Nous on sait qu'on est à l'intérieur, on n'a pas de contacts avec l'extérieur, le virus ne peut pas venir de nous,
-Zohair, détenu
On essaie de garder les distances mais en prison, on est collé, ce n'est pas facile, on attend que ça passe car pour l'instant, on ne voit pas nos familles au parloir,
-Joseph, détenu
Des situations de stress liées au confinement
Sur le plan médical, seules les urgences sont prises en charge, les consultations de kinésithérapeutes ou d'opticiens ont été annulées. "On a surtout réfléchi à des procédures en terme de prévention de façon à pouvoir limiter au maximum la propagation dans un lieu déjà très confiné. Le virus peut venir de l'extérieur et ce danger est omniprésent," avertit Jacques Cheminet, médecin responsable de l'Unité Sanitaire.Au quotidien, les soignants doivent gérer des situations de stress liées au confinement.Pour l'instant, il n'y a aucun cas, il y a eu quelques suspicions. Au moindre doute, on teste les patients très vite, il y a eu cinq ou six prélèvements et on est pleinement rassuré. Pour l'instant, je peux vous dire qu'il n'y a d'ailleurs aucun cas en détention en Nouvelle-Aquitaine,
-Jacques Cheminet, médecin coordinateur en soins somatiques.
On essaie de les aider en évitant au maximum les thérapeutiques parce qu'on est pas là pour donner des médicaments à tout le monde, au contraire, ça peut se faire par le biais de la parole,
-Laëtitia Alfonso, médecin psychiatre.
Dans cette prison, toutes les urgences sont assurées mais pour les médecins, habitués à gérer des crises en milieu confiné, cette pandémie nécessite une réelle vigilance.
Depuis la suspension des parloirs, l'administration a par ailleurs constaté une augmentation des tentatives d'envoi de drogue ou de téléphones jetés par-dessus les murs en direction de la cour de promenade. Les forces de l'ordre ont procédé à plusieurs interpellations, des poursuites ont été engagées à l'encontre des auteurs de ces tentatives.On a traversé quelques crises, on a déjà été confronté à une épidémie de rougeole au sein du bâtiment mais on a pu mettre en place des campagnes de vaccination, ce qui n'est pas le cas pour le Covid-19,
-Jacques Cheminet, médecin coordinateur en soins somatiques.
Le reportage d'Antoine Morel, Stéphane Bourin et Thierry Cormerais.