Alors que les appels à la mobilisation des couturières se multiplient ici ou là pour fabriquer soi-même des masques en tissu, les autorités sanitaires mettent en garde contre ce type de protection non homologuée.
"J’en appelle à la mobilisation des couturières". Sylvie est infirmière à la retraite et face à la pandémie de coronavirus, elle le clame haut et fort.
Cette habitante de Saint-Julien-l’Ars (Vienne) a donc sollicité les maisons de retraites environnantes et collé des affiches dans les commerces de sa commune pour demander à toutes celles et ceux sachant coudre de fabriquer des protections.Je veux aider mon pays en fournissant des masques aux citoyens exposés pour laisser les masques officiels aux soignants.
- Sylvie, couturière
"J’en ai déjà cousu 150 à 200 avec l’aide de ma voisine, j’en ai livré à la boulangerie, les caissières du supermarché en ont aussi" raconte Sylvie qui dit utiliser des vieux tissus. "Une amie doit m’amener une housse de couette et des élastiques pour nous aider" ajoute-t-elle.
Cette initiative n'est pas un cas isolé. Ici ou là sur les réseaux sociaux, les appels à fabriquer soi-même des masques en tissu se multiplient, certains internautes allant même jusqu'à publier le mode d'emploi pour y parvenir. Si ces opérations de solidarité sont pour la plupart motivées par une bonne intention, les autorités sanitaires mettent pourtant en garde contre l'inefficacité voire la dangerosité de ce genre de protection.
Dans la Vienne, le conseiller médical à l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine est très clair. "Je déconseille fortement" explique le docteur Stéphane Bouges.
Cette tendance au do-it-yourself pour répondre à la pénurie de masques n'épargne pas non plus les établissements hospitaliers. Le CHU de Grenoble a par exemple fourni à son personnel soignant des patrons pour fabriquer ses propres masques.Ce ne sont pas des masques homologués et les porteurs vont se sentir protégés, au risque de casser les gestes barrières. C’est comme ceux qui mettent des gants toute la journée pour ne pas se laver les mains. Le sentiment d’être à l’abri peut être contre-productif.
- Dr Stéphane Bouges, conseiller médical ARS Nouelle-Aquitaine