Les hôpitaux psychiatriques du Poitou-Charentes s’adaptent eux aussi à l’épidémie de coronavirus. Aucun cas avéré parmi leurs patients à ce jour, mais des dispositifs particuliers ont été prévus.
A Poitiers, l’hôpital psychiatrique Henri Laborit dispose depuis ce vendredi de deux unités dédiées, l’une à des patients psychiatriques suspectés d’être infectés, l’autre à des patients psychiatriques positifs au coronavirus. En tout, ce sont deux fois 18 places qui ont été créées en prévision.
En quelques jours, le site a dû complètement réorganiser ses services. Les séjours de certains patients hospitalisés ont été écourtés, les suivis téléphoniques ont été renforcés. Les consultations de jour sont limitées et passent d’abord par une évaluation par téléphone pour les patients déjà suivis.
« Nous fonctionnons en mode dégradé » souligne Sylvie Peron, médecin psychiatre, présidente de la commission médicale d’établissement de l’hôpital Henri Laborit. «On s’attend à avoir des patients qui auront décompensé et qui seront atteints par le Covid-19. On espère que non mais les prédictions ne sont pas très bonnes ».
Une promiscuité difficile à vivre
Les unités les plus à risque sont celles occupées par des malades au long cours, sans aucune autonomie. Ils sont 80 en tout dans la Vienne, répartis dans différents sites. La promiscuité avec ces patients est indispensable mais elle est très difficile à vivre pour le personnel soignant. « Nous sommes une structure de troisième ligne, nous ne sommes pas prioritaires en terme d’équipements, regrette Mme Péron. Le directeur de l’hôpital Christophe Verduzier confirme : « Nous attendons une livraison de masques pour compléter notre stock ».Des mesures d'isolement
A l’hôpital psychiatrique de La Rochelle, le personnel a été équipé de tenues complètes pour accueillir des patients agités et suspectés de coronavirus. Ils sont placés dans une chambre d’isolement en attendant le résultat des tests. « Pour l’instant, ça va » selon Patrick Huon infirmier dans cette structure, « mais nous ne sommes qu’au début ».Un confinement angoissant
Les patients fragiles psychiquement ont différemment ressenti l’arrivée de cette épidémie et les annonces de confinement. A Niort, un infirmier de l’hôpital psychiatrique raconte : « L’enfermement fait échos à certaines histoires personnelles. La peur, la solitude ressortent. Pour d’autres patients hospitalisés, très au fait de l’actualité, c’est au contraire un moyen de déplacer leurs propres angoisses. Ils sont parfois touchants car ils sont plein de sollicitude et ils nous encouragent, nous, les soignants. Ils sont inquiets pour nous ! » sourit ce cadre infirmier.Et après ?
Comment vont réagir ces patients dans la durée face à un long confinement ? La question hante de nombreux soignants. Ceux qui souffrent de troubles obsessionnels compulsifs vont-ils devenir obsédés de la propreté ? Les problèmes liés à l’anxiété sociale vont-ils dramatiquement s’ancrer chez certains patients ? Certains médecins redoutent des syndromes post traumatiques. Et que dire des conflits familiaux ? « Nous songeons à libérer des psychologues pour gérer ces problèmes » rajoute Sylvie Péron. Nous sommes comme tout le monde dans une situation inédite, nous naviguons à vue et faisons au mieux », conclue-t-elle.Carte de situation du Centre Hospitalier Henri Laborit de Poitiers
Un numéro de téléphone unique, en cas de nécessité
Les patients habituellement suivis par l’hôpital Laborit à Poitiers et uniquement ceux-là, peuvent appeler un numéro unique pour une consultation par téléphone :- 05 16 52 61 09 (pour les adultes)
- 05 49 88 98 99 (pour les enfants et adolescents de moins de 18 ans)