Coronavirus : pourquoi l'oral du bac de français est en sursis ?

L'épreuve de français à l'oral est l'unique survivante des épreuves du bac 2020. Toutes les autres notes seront attribuées sur la base du contrôle continu.
Cette décision crée la polémique. Une pétition vient d'être mise en ligne pour réclamer son annulation.

La pétition a recueilli plus de 22.000 signatures en sept jours seulement. Les signataires sont enseignants, parents ou même élèves de première, tous réclament l'annulation de l'épreuve d'oral du bac français (Pétition en ligne sur le site Change.org).
L'examen est pour l'instant maintenu par le ministère de l'Education Nationale pour la fin du mois de juin ou le début du mois de juillet en fonction des dates de déconfinement en France.

Maintenir l'oral va-t-il creuser les inégalités ?

L'association Française des Enseignants de Français et le collectif Lettres Vives sont très mobilisés sur ce sujet. Selon les enseignants signataires cette épreuve sera inéquitable et dangeureuse.
Hélène Paumier est professeure de littérature dans un lycée poitevin, elle ne comprend pas la décision de Jean-Michel Blanquer.

Certains lycéens ont du mal avec leur connexion internet, certains ont déjà décroché. Suivant les établissements certains professeurs proposent des cours en visoconférence, d'autres envoient des cours manuscrits, ce n'est pas tout à fait la même chose. Des élèves ont des parents professeurs de français, d'autres doivent se débrouiller seuls.
- Hélène Paumier, professeure de littérature

Vanessa est la mère de Mattéo élève de première à Poitiers. Depuis les annonces du ministre elle attend un mail d'information de la part des responsables du lycée de son fils. Elle avoue manquer d'information.

Le professeur de mon fils envoie des cours et des devoirs tous les mercredis mais on est dans le flou. Les cours vont-ils reprendre ou pas ? Moi l'oral du bac je n'y crois pas avoue cette maman.
- Vanessa, maman de Mattéo

Mattéo lui n'est pas inquiet. Malgré le confinement, malgré parfois la lassitude, il révise régulièrement.

La prof nous envoie une fois par semaine des cours en visio avec des textes à réviser et des explications. Avant le coronavirus on avait déjà fait 13 textes, donc on est bien dans mon lycée, par rapport aux autres. Ce n'est quand même pas facile de travailler tout seul, ma mère doit aussi s'occuper de mon petit frère.
- Mattéo, élève de Première

Son copain Hugo est élève de première lui aussi mais dans un autre lycée de la ville. Avant le confinement, en cours, sa classe avait déjà étudié 17 textes. Ce qui l'inquiète c'est la partie de l'examen consacré pour la première fois depuis la réforme à l'étude de la grammaire.

On a fait quelques cours avec notre professeur mais il s'est très vite rendu compte que l'on n'était pas tous au même niveau. Certains n'en avaient quasiment pas fait depuis le collège voire l'école primaire.
- Hugo, élève de Première

La sécurité sanitaire en question

Si les élèves sont préoccupés par le programme et le contenu de l'examen, les enseignants posent aussi la question de la sécurité sanitaire. Les lycées n'ont pour l'instant pas reçu de matériel de protection tels que des masques ou du gel hydroalcoolique.
L'épreuve de l'oral de français prévoit pour l'instant que chaque enseignant prenne en charge seize candidats par jour pendant six jours.

Il y aura forcement des échanges entre l'examinateur et le lycéen. Il y a des échanges de documents. Il faudra désinfecter entre 2 passages. Certains professeurs font partie des personnes dites à risque, comment cela va se passer ? Depuis le 3 avril nous n'avons aucune information.
- Hélène Paumier, professeure de français à Poitiers

Un mois de classe pour que le bac soit maintenu

Le rectorat de son côté se dit très à l'écoute. Le ministère de l'Education Nationale a pris connaissance de la pétition demandant l'annulation de l'épreuve. En Poitou-Charentes, Jean-Jacques Vial secrétaire général de l'Académie affirme que les décisions peuvent évoluer jour après jour.

Je comprends les inquiétudes. Pour que l'épreuve ait réllement lieu, il nous paraît indispensable que les lycéens retournent au moins un mois en cours avant. Si ce n'est pas le cas, ça sera compliqué avoue le fonctionnaire.
- Jean-Jacques Vial, secrétaire général de l'Académie de Poitiers

L'oral du bac aura t-il lieu ?

Cette année de réforme pour les élèves de première est décidement bien compliquée. En attendant les nouvelles annonces du président de la République Emmanuel Macron le 13 avril à propos du déconfinement, il est quasiment acquis que les élèves ne retourneront pas en classe le 4 mai prochain comme prévu.

Reportage de Patricia Périn, Éric Pinault et Alain Bortot :