Au CHU de Poitiers, le SAMU 86 est au cœur du dispositif régional de lutte contre le coronavirus. A l'heure actuelle, la situation est sous contrôle malgré l'augmentation du nombre des appels en lien avec l'épidémie de Covid 19. Les régulateurs doivent faire face à une hausse de 20% des appels
Pour l'instant, l'ex-région Poitou-Charentes est relativement protégée de la propagation du Coronavirus avec 13 cas recensés à ce jour (40 pour la Nouvelle-Aquitaine) mais l'épidémie prend de l'ampleur et chaque jour, le nombre de cas augmente et donc en parallèle le nombre des appels au SAMU. Au stade 2 de l'épidémie auquel la région Nouvelle-Aquitaine est maintenue, les personnes qui présentent des symptômes évoquant le coronavirus doivent appeler le 15. Un médecin régulateur est alors en mesure de décider si elles doivent être dépistées ou pas.
Dans les locaux du SAMU 86, le téléphone ne cesse de sonner mais aucun signe d'affolement ne se fait sentir. Le personnel a été renforcé pour faire face à un afflux d'appels plus important que d'habitude.
On constate une augmentation de 15 à 20% d'activité mais grâce au personnel arrivé en renfort on est à même de gérer cette augmentation.
Jérémy Guenezan, médecin régulateur-urgentiste
Des apels plus nombreux et plus longs
Parmi les appels reçus par le personnel du SAMU beaucoup sont en lien avec l'épidémie de coronavirus ce qui entraîne des entretiens plus longs avec les malades. Dix minutes au lieu de trois habituellement pour interroger sur les symptômes de la personne qui appelle mais aussi sur son parcours, ses voyages et les gens qu'elle a côtoyés.Après cet interrogatoire, ce sont les médecins régulateurs qui décident de demander ou non un prélèvement. Il n'est pas question en effet de prélever tout le monde. Seules les personnes revenant d'une zone fortement contaminée ou présentant une grande détresse respiratoire font l'objet d'un prélèvement.En moyenne, sur les 500 appels qu'on reçoit par jour, on a entre un tiers et un quart en fonction des jours qui correspondent à la crise sanitaire du coronavirus.
Jérémy Guenezan, médecin régulateur-urgentiste
C'est la recommandation donnée aujourd'hui par le ministère de la Santé mais ces consignes évoluent chaque jour et les médecins doivent adapter leur ligne de conduite en permanence.
Un centre dédié aux prélèvements
Pour effectuer ces prélèvements, les mesures de sécurité sont très importantes. Les patients, suivant des parcours fléchés et séparés, sont dirigés vers le Centre de Risque Epidémique et Biologique. Cette unité a été montée la semaine dernière au sein du CHU de Poitiers en respectant des mesures sanitaires strictes et elle restera en place tant que l'épidémie durera.A chaque fois, les personnes sont installées dans des boxs individualisés. Les infirmières font des prélèvements dans la gorge et le nez avant de les envoyer au laboratoire et les personnes testées peuvent rentrer chez elles en attendant les résultats.
Là aussi, l'activité du service est en hausse. Ce lundi matin, treize tests ont été réalisés en une heure contre seulement huit par jour la semaine dernière.
Il y a beaucoup de gens qui rentrent de vacances et il est assez logique dans la mesure où il y a une augmentation du nombre de cas qu'il y ait une augmentation du nombre de prélèvements de patients en contact.
Professeur France Cazenave-Roblot, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Poitiers
Les urgences du CHU sont désertées
Pendant que les centres d'appel et de prélèvement doivent faire face à une activité croissante, le service des urgences lui était paradoxalement désert ce lundi matin. En pleine crise du coronavirus, il n'y a aucun signe de la fébrilité qui règne habituellement à l'accueil ou dans les couloirs des urgences du CHU.Des urgences au CHU totalement vides... du jamais vu. Une forme de régulation « naturelle » face à la peur du covid 19 ! pic.twitter.com/YKB2lFo3b5
— Marie-Noëlle Missud (@F3mnmissud) March 9, 2020
Un effet conjugué peut-être de la peur du virus et du respect des consignes des autorités sanitaires demandant de pas se rendre aux urgences en cas de suspicion de coronavirus.
Reportage de Marie-Noëlle Missud, Camille Michelland et Carine Grivet :