Coronavirus. Le trafic de drogue en recul en raison du confinement

Ventes et importations de drogue sont en baisse depuis la fermeture des frontières en raison du confinement. La présence policière perturbe aussi le trafic. Exemple à Poitiers dans la Vienne. 

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"J'ai pas trop de difficultés à en avoir, je connais des gens, c'est plus facile." Dans le quartier Saint-Éloi à Poitiers, Pablo* fait "un peu de dépanne" de cannabis pour les copains, le reste il dit le garder pour sa consommation personnelle. Depuis la mise en place du confinement, il le reconnait toutefois : "y a un peu moins de marchandises en ce moment mais y en a tout le temps qui rentre. Y a du stock !"

Tous les secteurs d'activité économique subissent les effets des mesures mises en place pour freiner la propagation du coronavirus à l'échelle mondiale, même les plus illégales comme le trafic de drogue. Dans une note datée du 27 mars consultée par France Télévisions, l'office anti-stupéfiants (Ofast) établissait que les contrôles aux frontières et sur les routes avaient donné un sérieux coup d'arrêt aux importations de cocaïne et de cannabis. Selon, le ministère de l'intérieur, elles auraient baissé de 30 à 40 % ces dernières semaines. 

"Pour nos services, c'est plutôt une bonne nouvelle" se réjouit Nicolas Joseph. Le chef des antennes de police judicaire de Poitiers et La Rochelle a lui aussi constaté une accalmie dans les quartiers connus pour abriter du trafic. La présence policière renforcée depuis la mi-mars gêne les dealers de rue et donc le "business" des trafiquants. 

Moins de cannabis et de cocaïne

Même si la production mondiale reste élevée, le volume de résine de cannabis qui parvient à entrer sur le sol français est en recul. "Il y a beaucoup moins de produits en provenance du Maroc via l'Espagne" assure Nicolas Joseph ; idem pour le trafic de cocaïne qui pâtit directement de la fermeture de l'aéroport d'Orly. "On a beaucoup moins voire plus du tout d'affaires de mule (...) en provenance de Guyane."

C'est un frein massif pour l'importation de cocaïne
- Nicolas Joseph, police judicaire Poitiers / La Rochelle

Malgré cette offre en recul, la demande des consommateurs demeure forte. "Ce qui a changé, c'est qu'il y a un peu moins de monde" analyse Pablo "les gens se cachent un peu plus mais ils viennent quand même". Conséquence logique : une hausse des tarifs pratiqués ; et cela constitue une inquiétude supplémentaire pour les forces de l'ordre qui craignent d'éventuelles tensions. 

Rien de tel n'a pour l'heure été constaté à Poitiers. Selon la police judiciaire, les coups de feu tirés la semaine dernière dans un quartier de la ville ne seraient pas liés au trafic de stupéfiants. L'accalmie est donc réelle mais sans doute temporaire. Selon Nicolas Joseph, "dès que les frontières et les canaux de distribution et d'approvisionnement seront rouverts, le trafic repartira de plus belle."
*le prénom a été modifié 

 
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