Covid-19. Face aux protocoles sanitaires trop lourds, les directeurs d’écoles tirent la sonnette d’alarme

Confrontés au Covid chaque jour dans leurs écoles, les directeurs dénoncent un manque de concertation et de moyens. Pire, ils se sentent victimes de « mépris » et veulent être entendus. Ils interpellent le Rectorat.

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« Chaque matin, quand j’ouvre ma boîte mail, je redoute d’avoir à gérer l’absence d’un enseignant. Ou d’apprendre que des élèves sont positifs. C’est du stress ». Dans son école élémentaire de campagne, à Aslonnes (86), Philippe Le Merrer se dit soulagé : il compte seulement cinq cas positifs parmi les enfants accueillis. Et tous les enseignants répondent à l’appel.

Cela n’a pas empêché ce directeur, comme 344 autres collègues de la Vienne, de signer cette lettre ouverte. Un courrier remis entre les mains de la Rectrice d’académie, Bénédicte Robert, jeudi 20 janvier. Et relayé sur le site du syndicat enseignant Unsa 86 pour décrire « l’école aujourd’hui, […] une école en discontinu, privant les élèves d’un nécessaire bien-être et de continuité pédagogique, épuisant les enseignants et les directeurs ».

Une charge mentale supplémentaire

Les directeurs d’écoles et leurs adjoints sont en effet fatigués. Après bientôt deux années de crise sanitaire, jamais ils ne se sont sentis autant « abandonnés ». Littéralement largués par la succession des protocoles sanitaires à faire appliquer. Dépassés par la surcharge de travail liée au signalement et à la gestion des cas de Covid-19 dans leurs écoles…

« Cela nous prend tout notre temps », explique Cécile Capy-Gilardot, du syndicat des enseignants Unsa 86. Professeur des écoles en maternelle, elle pointe du doigt des outils administratifs mal conçus, chronophages. A chaque nouveau cas positif, elle doit remplir des tableaux et se charger du contact-tracing. Elle appelle les familles tôt le matin, tard le soir ou les week-ends. La cellule dédiée étant « débordée, elle nous répond parfois quatre jours après ».

Le matin, à la grille, il faut contrôler à la chaîne les résultats de tests, les attestations sur l’honneur remises par les parents. « Cela prend du temps et à quoi bon ? On n’a aucun moyen de vérifier ce qu’ils nous disent ».

On veut faire la classe, pas la garderie.

Philippe Le Merrer - Directeur de l'école élémentaire d'Aslonnes (86)

« Nos missions sont déjà lourdes et c’est une charge mentale supplémentaire qui n’est pas reconnue », lâche Philippe Le Merrer. Depuis des mois, chaque nouveau protocole sanitaire est annoncé au dernier moment et les directeurs informés par voie de presse. Aucune concertation avec les acteurs de terrain, aucune anticipation : rien que du « mépris » pour les signataires de la lettre ouverte.

C’est, en substance, le message qu’une poignée d’entre eux espère faire passer au nouveau DASEN (Directeur académique des services de l’Education nationale), Fabrice Barthélémy, arrivé dans la Vienne en décembre. Une audience se tient lundi 24 janvier dans la soirée, l’occasion de demander davantage de soutien et une simplification du protocole en vigueur.

Cécile Capy-Gilardot assistera à cette réunion. « Nous comprenons ce choix, économique, de laisser les écoles ouvertes pour que les parents puissent aller travailler mais il devient urgent de fixer des limites. » Par exemple, fixer un seuil en-dessous duquel la classe serait fermée. Cela pour éviter à beaucoup d’enseignants de se retrouver en classe face à une poignée d’élèves. Une situation fréquente ces dernières semaines.

Du côté du Rectorat, des nouveautés sont apparues depuis la rentrée des vacances de Noël. Une cellule d’appui aux directeurs d’écoles est en service depuis le 11 janvier. Des enseignants contractuels et des vacataires administratifs sont actuellement recrutés. Et les contrats des médiateurs de lutte anti-Covid prolongés. Ces derniers aident les chefs d’établissement à assurer le suivi des cas-contacts et les démarches administratives liées à l’apparition de nouveaux cas. Pas assez, visiblement.

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