Soupçonné d'être le gourou d'une secte, Christian Ruhaut comparaît libre devant le tribunal correctionnel de Poitiers. Il est accusé, ainsi que son épouse, d'avoir abusé d'une personne en état de sujétion psychologique ou physique.
"Je n'ai jamais maltraité aucune des parties civiles." C'est avec ces quelques mots que Christian Ruhaut, professeur de yoga de 73 ans s'est exprimé à la barre du tribunal correctionnel de Poitiers. Il est soupçonné, ainsi que son épouse, d'avoir abusé de la faiblesse d'une femme en état de sujétion physique et psychologique. Les faits ont duré une dizaine d'années, et se sont terminés en 2016 par une dénonciation pour des violences physiques, psychologiques et sexuelles. Christian Ruhaut animait à l'époque un groupe d'élèves sur lesquels il aurait exercé une emprise au point d'être considéré comme un gourou.
Il est également soupçonné d'avoir monté une société civile immobilière avec un groupe de personnes pour acquérir une maison à Aumagne en Charente-Maritime et une autre à Lizant au sud de la Vienne. Dans cette dernière, il aurait dû dispenser des cours de yoga, mais il n'y en a eu aucun.
Le prévenu a pu bénéficier d'un logement gratuit dans une SCI sans avoir versé le moindre centime.
L'avocat de Christian Ruhaut n'a pas vraiment la même analyse et considère que tout a été mélangé dans cette histoire qui donne un procès tentaculaire.
C'est un différend à la fois financier et affectif, on a mélangé tout ça, on l'a saupoudré d'expertises miracles qui viennent nous expliquer que tel ou tel est dans un état de sujétion psychologique au mépris de toute responsabilisation de l'individu adulte.
Lors de l'audience ce matin, une deuxième plaignante est venue témoigner. Elle a évoqué le processus d'emprise sur le groupe. Les membres passaient par différents stades selon elle. Ils étaient valorisés, puis dévalorisés et même humiliés parfois. Dans la salle des anciens membres du groupe ont pris place, eux n'ont pas les mêmes souvenirs, ils lèvent les yeux au ciel en entendant la description faite. Les avocats de la plaignante lisent des lettres envoyées par d'autres membres du groupe absents du procès, eux en revanche confirment et parlent de "destruction morale", de "destruction de l'égo", de "machine à broyer.". Des témoignages qui poussent l'accusé à prendre la parole :" je ne sais peut-être pas gérer mes émotions mais ça ne mérite pas pour autant une condamnation.".
L'audience se poursuit, le jugement sera rendu ce soir.