Éducation. Effectifs insuffisants, salaires sous le seuil de pauvreté : l’inquiétude des AESH, accompagnants d’élèves en situation de handicap

Les accompagnants d’élèves en situation de handicap font leur rentrée. Cette année encore, ils jugent leurs salaires insuffisants et s’inquiètent des effectifs en baisse. Ces situations peuvent menacer la scolarité d’enfants en situation de handicap.

Plus que quelques jours avant la rentrée des classes. Les quelque 297.000 élèves inscrits dans un établissement scolaire rattaché à l’académie de Poitiers s’apprêtent à retrouver les salles de cours. 

Parmi eux, 11.906 sont en situation de handicap, selon les chiffres du rectorat datés du mois d’août 2022. 86% d’entre eux sont scolarisés dans une école ou un établissement scolaire rattaché à l’académie. Et pour être scolarisé, certains ont besoin d’un AESH, un accompagnant d’élèves en situation de handicap.

Pour l’année scolaire 2022-2023, l’académie de Poitiers en compte 2.932. "C'est peu, c'est trop peu”, commente Isabelle Delaplace, AESH dans la Vienne depuis neuf ans. “Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas d’embauche supplémentaire”, déplore celle qui est aussi syndicaliste au SNES-FSU. 

Chaque année, il y a des AESH qui choisissent de ne pas renouveler leur contrat. Parce qu’on ne peut pas vivre correctement avec un salaire en dessous du seuil de pauvreté.

Isabelle Delaplace, AESH et syndicaliste SNES-FSU

Des contrats précaires

En plus de l’absence de nouvelle embauche, cette accompagnante observe une succession de départs volontaires. “On a eu une réunion de travail au mois de juillet. On a noté onze départs à la retraite et une quarantaine de refus de renouvellement de contrat. Des agents ne veulent pas continuer”, révèle Isabelle Delaplace. 

Rattachée à une unité localisée d’inclusion scolaire (ULIS), Isabelle Delaplace dénonce la faible rémunération salariale de sa profession. “Chaque année, il y a des AESH qui choisissent de ne pas renouveler leur contrat. Et c’est souvent parce qu'ils ne gagnent pas leur vie. Parce qu’on ne peut pas vivre correctement avec un salaire en dessous du seuil de pauvreté.”

En France, le salaire d’un AESH en temps plein est équivalent au SMIC. Lorsque l’on débute, des contrats de travail de 24h sont signés. “Le salaire est de 770 euros net par mois dans ces cas-là", précise Isabelle Delaplace. “Ce n’est pas suffisant pour vivre tout seul. Si on n’a pas de conjoint qui a aussi un salaire, c’est très compliqué. Je suis dans le cas de figure où mon conjoint a un salaire qui fait vivre notre famille. Mais si j’étais toute seule avec mes enfants j’aurais arrêté ce métier, c’est sûr”.

Mieux valoriser le temps de travail effectif

Pour Isabelle Delaplace, une revalorisation salariale devrait passer par une augmentation du temps de travail. “On se bat notamment pour que l’augmentation du temps de travail soit effective. Mais le salaire est toujours précaire.” Dans son viseur : le travail effectué par un AESH sur le temps périscolaire, comme la cantine. “À ce moment-là, l’AESH n’est plus employé par le rectorat”, explique Isabelle Delaplace. Les rémunérations sont alors versées par les collectivités locales.

Pour éviter ce genre de situation, les AESH devraient être employés à temps plein par le rectorat. Mais le nombre d’heures du contrat signé ne garantit pas un salaire suffisant, comme le souligne Isabelle Delaplace. “Le rectorat nous fait signer des CDI mais en dessous du seuil de pauvreté. C’est toujours à l’AESH de devoir se battre pour joindre les deux bouts”, dénonce Isabelle Delaplace. 

Un risque élevé de déscolarisation

Dans un récent rapport, la Défenseure des Droits dresse un état des lieux complet de la situation des AESH en France. Et passe en revue plus largement les conditions de scolarisation des élèves en situation de handicap. 

Faute d’un accueil approprié dans des établissements scolaires et du fait de la précarité des AESH, “la Défenseure des droits souligne un décalage persistant entre l'augmentation des moyens humains et financiers et le nombre grandissant d'enfants dont les besoins sont très largement non ou mal couverts". Toujours selon le rapport, les conséquences sur l’enfant peuvent être très graves, à savoir : “non scolarisation, déscolarisation, ou très peu d'heures de cours".

On s’occupe de tout, on les accompagne pour tout. Si on n’est pas là, si on n’a pas le temps d’être présent ou qu’on n’est pas remplacé, ça ne marche pas.

Isabelle Delaplace, AESH et syndicaliste SNES-FSU

On s’occupe de tout, on les accompagne pour tout. Si on n’est pas là, si on n’a pas le temps d’être présent ou qu’on n’est pas remplacé, ça ne marche pas”, souligne Isabelle Delaplace.

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