Témoignages. Être accompagnateur de séjours adaptés : une mission à temps plein et forte en émotions, qui demande une grande autonomie

Publié le Écrit par Juliette Pommier
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Depuis 2016, l'association LM Évasion organise des séjours adaptés pour les personnes en situation de handicap. En 2022, 74 accompagnateurs ont ainsi encadré des vacances en France ou à l'étranger. Patience, écoute et bienveillance sont les maîtres mots de leur mission.

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“Ce sont des vacances comme les autres : on se détend, on rit, on parle de tout.” Kenny, 24 ans, est étudiant en STAPS, option activité physique adaptée à Poitiers. Depuis plusieurs années, il est aussi accompagnateur séjour adapté. Sur son temps libre, il encadre des voyages pour personnes porteuses de handicap. “Avant ma première fois, j’avais beaucoup d’appréhension. Ça a été une révélation : j’adore passer du temps avec eux.” Charente-Maritime, Vienne, Alsace, Bretagne… Le jeune homme est déjà parti huit fois avec LM Évasion. Cette association, basée à Saint-Benoît (Vienne), est spécialisée dans ce type de séjours. En 2023, elle a emmené 240 personnes en situation de handicap en France et à l'étranger, et recruté 74 accompagnateurs.

Une fiche d'informations sur chaque vacancier

Étudiants ou actifs, venus des quatre coins de la France, les accompagnateurs spécialisés ne sont pas tous issus du milieu médical. Étudiante en génie civil, Flora, 21 ans, a “tout appris sur le terrain”. Détentrice du BAFA, elle a découvert l’association sur Internet. “Ça changeait des jobs étudiants habituels, lance Flora. J’ai déjà travaillé dans un supermarché sans voir la lumière du jour, et je préfère mille fois être dehors avec des personnes handicapées. C’est beaucoup plus épanouissant, on apprend énormément.”

“Avant le départ, nous recevons une fiche d’informations sur chaque vacancier”, explique Alice (le prénom a été modifié, NDLR), 39 ans, aide-soignante. Pathologie, degré d’autonomie, tempérament, médicaments à prendre, personnes à prévenir en cas d’urgence, activités préférées, peurs éventuelles… “Nous pouvons mieux anticiper les besoins de chacun et adapter le programme en fonction”, poursuit l'aide-soignante. Le nombre de vacanciers varie selon les séjours : en moyenne, deux à trois accompagnateurs encadrent des groupes de six personnes maximum.

Occupés du lever au coucher, les accompagnateurs n'ont pas une minute à eux. “Lorsque le réveil sonne, les animateurs se répartissent les vacanciers, on les lève et on prend le petit-déjeuner tous ensemble, détaille Flora. Ensuite, on les aide pour la douche." Choisir les vêtements du jour, ceux à mettre au sale, donner des indications dans la douche ou faire soi-même les gestes. “Puis nous partons faire une activité en extérieur, avant de revenir déjeuner. L’après-midi se découpe souvent en deux parties : temps calme puis une autre activité ou des jeux de société.”

Des moments parfois plus difficiles à gérer

Des journées intenses, rémunérées 60 € bruts.Ce n’est pas pour le salaire que l’on s’investit", concède Kenny. "Lors d’une sortie plage, sur l’île de Ré, l’une de nos vacancières a les pieds dans l’eau et elle se prend une vague de plein fouet. Sa première réaction a été ‘La mer, c’est salé’. Ça m’a fendu le cœur.” Enrichissement personnel et professionnel, sensibilisation au handicap, expérience nouvelle : les motivations des accompagnateurs sont nombreuses.

Mais tout séjour comprend aussi des moments parfois plus difficiles à gérer. À l'été 2022, alors que le groupe fait ses courses au supermarché, Léna est interrompue par un des pensionnaires sous sa charge. “Il a demandé à aller aux toilettes, mais ce n’était pas possible à ce moment”, raconte cette psychomotricienne. Impossible de détacher un accompagnateur. Le vacancier se met à crier en public. “Il faut gérer le regard des autres, la frustration de ne pas pouvoir répondre à une demande. Et comprendre que la violence n’est pas dirigée contre vous, c’est une maladie.”

Garder son sang-froid, être autonome et surtout communiquer avec les autres responsables. Autant de clefs qui permettent aux accompagnateurs de profiter au mieux du séjour. “Il faut être à l’écoute et observateur, poursuit Flora. Les personnes handicapées attendent ce moment toute l’année, ils changent d’air. Si les accompagnateurs ne sont pas en forme, ça va se répercuter sur les vacanciers.” "Le but de ces voyages, c'est d'apporter un peu de spontanéité dans leur quotidien très organisé, analyse Alice, aide-soignante. S'ils sont heureux, le pari est gagnant."

>> Pour plus d'informations sur l'association LM Évasion, les informations sont à retrouver ici

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