Depuis le 1er janvier, Poitiers n'est plus accessible au dispositif Pinel. Il permettait aux investisseurs de se constituer un patrimoine immobilier tout en bénéficiant d'avantages fiscaux. Le président de Grand Poitiers et les professionnels du secteur s'en inquiètent.
Depuis le début de l'année, à Poitiers comme dans 900 autres villes moyennes dont Niort, placer son argent dans l'immobilier locatif ne permet plus de réduire ses impôts. Les professionnels du BTP, par la voix de Jérôme Beaujaneau, président de la Fédération du BTP dans la Vienne, sont inquiets pour leur activité. "Nous ce qu’on craint, c’est qu’il n’y ait pas assez de programme neuf qui sortent de terre, pour continuer à rendre attractif le secteur du bâtiment dans la Vienne, et faire venir des gens pour travailler dans la Vienne."
Cette inquiétude, la communauté urbaine la partage. Son président vient ainsi d'alerter Jacques Mézard, le ministre de la Cohésion des territoires dans un courrier en date du 5 mars 2018 : "ce territoire est toujours en croissance démographique et cette dynamique va se poursuivre dans les années à venir. Cela entraîne des besoins pour lesquels le maintien de dispositifs de défiscalisation est essentiel pour répondre aux demandes. Les deux segments de marché concernés par les articles 68 et 83 sont tendus, en particulier pour les logements collectifs qui représentent environ 40% des logements construits sur Grand Poitiers. (…) C’est pourquoi, au vu des tensions existantes sur le marché immobilier local, je vous demande que Grand Poitiers communauté urbaine soit considéré comme un territoire tendu et, qu’en conséquence, l’arrêté définissant le classement des communes pour le dispositif d’aide à l’investissement locatif intermédiaire pour les particuliers soit modifié pour intégrer notre territoire dans la zone B1."
Le reportage de F. Bombard et T. Chapuzot
Pour l'État, il s'agit de limiter ce dispositif d'encouragement aux grandes villes où la situation de l'immobilier serait tendue. Si les professionnels reconnaissent que Poitiers n'est pas dans ce cas, son marché nécessiterait toutefois une attention particulière. C’est en tout cas l’avis de Maxime Pineau, conseiller immobilier en vente de neuf. "Poitiers peut aussi être une zone tendue dans le sens où on a plus d’étudiants tous les ans qui arrivent sur le secteur. On est maintenant plus proche de Paris avec la LGV (…) Et on est à proximité directe de La Rochelle et de Bordeaux."
S'il est encore possible d'investir sur des programmes neufs dont les permis ont été établis avant le 31 décembre 2017, une autre difficulté touche déjà le secteur, la limitation du prêt à taux zéro.