Du 28 février au 4 mars, un bus aménagé sillonne la Vienne et la Gironde pour proposer un escape game aux demandeurs d’emploi. Dans ce jeu de rôle inversé, les participants endossent le rôle de recruteurs. Objectif pour les entreprises : trouver des candidats dans des secteurs d’activité peinant à recruter comme le transport ou l’aide à la personne.
Trente minutes top chrono pour résoudre l’énigme. À bord d’un bus aménagé, l’équipe de la matinée à Poitiers (Vienne) se lance dans un escape game, ou jeu de fuite, pas comme les autres. L’enjeu n’est pas de s’en sortir au premier degré, mais de se mettre dans la peau d’un recruteur.
Une première pour Saida, demandeuse d’emploi. “On va voir ce que ça donne !”, lance-t-elle, le sourire derrière son masque. Capacité à collaborer, à prendre des décisions ou à être autonome : l’escape game permet de faire le point sur ses compétences.
Difficultés de recrutement
Le bus, c’est l’idée du groupe de transport Transdev pour tenter d’attirer les candidats dans un secteur en forte tension. L’entreprise recrute dans l’immédiat 15 chauffeurs de bus scolaires en CDI et en temps partiel. Didier Jacquemin, directeur Transdev Poitou-Charentes précise : “40 % de notre effectif a plus de 60 ans. Il faut que l’on anticipe et que l’on prévoit le remplacement éventuel de ces personnes.”
Depuis plusieurs années, le secteur des transports en commun peine à recruter des conducteurs. Le métier implique de se lever tôt, de ne travailler que le matin et à l'heure de la sortie des cours, d'où la faible attractivité de cette profession.
On s’aperçoit que les créneaux de recrutement classiques ne fonctionnent plus correctement. Il faut un créneau plus original et ludique. Faire jouer les gens et les recevoir dans le cadre d’un entretien, c’est intéressant.
Didier Jacquemin, directeur Transdev Poitou-Charentes
"Nous avons des besoins énormes"
Sur place, d’autres entreprises dans des secteurs en manque de main d'œuvre sont présentes : Médiapost pour de la distribution de prospectus, Schneider Electric pour du montage et câblage, ou encore l’ADMR pour du service à la personne.
Ce dernier secteur peine à recruter dans le département : une centaine de postes d’employé à domicile ou d’auxiliaire de vie sont à pourvoir. “Comme de plus en plus de personnes veulent faire leur fin de vie à domicile, nous avons des besoins énormes”, précise Betty Renoux, chargée RH de la Fédération ADMR de la Vienne.
Mais ces métiers n’attirent plus, car peu considérés et mal rémunérés. “Beaucoup sont aussi réfractaires à l’idée de faire la toilette des personnes âgées par exemple, mais certaines d’entre elles sont encore autonomes”, veut rassurer Betty Renoux. “L’escape game, c’est le type d’opération qui nous permet de casser les fausses idées.”
L'escape game, la solution miracle ?
La démarche de séduction ne semble pas trouver d’écho sur place. Comme la veille à Châtellerault, peu de participants se sont déplacés à Poitiers ce matin. Ce qui n’étonne pas Julie Vandome, directrice du groupements d’employeurs Horizon Métiers. “Cela fait 2-3 ans que les forums d’emploi et autres événements n’attirent plus”, regrette-t-elle.
Avant de compléter : “L’escape game n’est pas la solution miracle aux difficultés de recrutement mais il a l’avantage de faire ressortir le savoir-être des gens. On est sur de l’humain”. Saida, elle, a pu déposer un CV à Schneider Electric. “On croise les doigts !”, espère-t-elle. Prochaines étapes du bus : le 2 mars à Lormont, le 3 mars à Mérignac et le 4 mars à Biganos.
Escape game : une nouvelle façon de recruter à Châtellerault. Un reportage de Romain Burot, Cyril Paquier et Carine Grivet.