Depuis la crise du Covid-19, de nombreux secteurs déjà en tension ont du mal à recruter. Entre requalification des demandeurs d'emploi, défaut d'attractivité ou manque de communication, beaucoup n'arrivent pas à pourvoir leurs postes faute de candidats.
"C'est une catastrophe pour recruter, et le Covid n'a pas arrangé les choses", se désole Franck Chaumes, président de l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie en Gironde.
237 000 emplois perdus
Dans son secteur, le recrutement de nouveaux candidats est devenu un véritable parcours du combattant. Des fourneaux au service en salle, les besoins sont énormes :
En France, nous avons perdu 237 000 emplois pendant la crise Covid. Il manque entre 300 000 et 350 000 emplois, sauf qu'il y a moins de demandeurs d'emploi.
Secteurs en crise
Selon les chiffres de Pôle Emploi, c'est le seul secteur (avec l'agriculture) qui a vu ses recrutements baisser entre 2020 et 2021:
Mais l'hôtellerie-restauration n'est pas la seule à pâtir de ce manque de candidats : selon Nicolas Moreau, directeur territorial de Pôle Emploi Gironde, de nombreux secteurs ont des difficultés à trouver des candidats, notamment le bâtiment et la santé.
Et si l'on regarde les recherches des demandeurs d'emploi en Gironde, on remarque que ces trois secteurs n'apparaissent pas. Seul le poste de personnel de cuisine était présent en 2020, avant de disparaître à son tour.
Les raisons de la pénurie
Selon Nicolas Moreau, ces tensions déjà présentes avant la crise Covid se sont accentuées avec une reprise de l'activité plus forte qu'en 2019 (avec + 34,8% de nouvelles offres d'emploi de novembre 2020 à octobre 2021) mais moins de demandeurs d'emploi sur le marché en Nouvelle-Aquitaine :
Il existe aussi une raison spécifique au Covid qui pourrait expliquer l'accentuation du phénomène :
On a une partie des employés de ces secteurs (notamment l'hôtellerie-restauration) qui n'a pas pu travailler pendant le confinement. Ils se sont donc réorientés.
Enfin, le manque d'attractivité ou un défaut de communication sur certains métiers peut aussi expliquer la pénurie de candidats.
Quelles solutions ?
Pour Franck Chaumes, il faut avant tout casser la mauvaise image que peut avoir l'hôtellerie-restauration : "Il faut arrêter de véhiculer que c'est un boulot pénible. Il faut qu'on aille à la rencontre des jeunes dans les collèges, les lycées."
Nicolas Moreau, lui, demande aux entreprises d'accepter des profils de candidats plus variés :
En ce qui concerne le chômage longue durée, une partie de la population est toujours dans nos fichiers. Les entreprises doivent élargir leur critère de sélection, pour pouvoir orienter ce public vers des métiers en tension.
Il propose aussi aux branches professionnelles de travailler sur les conditions d'exercices de leurs métiers : en révisant les salaires ou l'organisation du temps de travail par exemple.
Quoiqu'il en soit, cette problématique conjoncturelle et structurelle demandera une remise en question et des transformations importantes dans ces corps de métiers.