Depuis la promulgation de la loi immigration en début d'année, la maîtrise d'un bon niveau de français est exigée pour obtenir la nationalité française ou simplement un titre de séjour. Les étrangers en attente de régularisation se rapprochent des associations pour apprendre notre langue, mais celles-ci ont des difficultés de financement.
L’accès à la nationalité française ou l’obtention d’un titre de séjour pour les étrangers requiert désormais la maîtrise d'un bon niveau de français. De nombreuses associations leur viennent en aide pour apprendre notre langue, mais elles sont submergées et manquent de moyens.
Nana Grigolia était journaliste en Géorgie, son pays d’origine. Voilà six ans qu’elle vit en France et attend d’être régularisée. C’est pour cela qu’elle doit absolument prendre des cours de français : « J’en ai besoin pour l’adaptation, pour m’intégrer, et aussi pour aider mon fils à faire ses devoirs, et après ça, trouver un travail et le titre de séjour. »
J’ai besoin d’apprendre le français pour m’intégrer, pour aider mon fils à faire ses devoirs et pour le titre de séjour.
Nana Grigolia
Et ces cours de français, Nana les prend à Poitiers, à l’Association poitevine d'aide à l'apprentissage du français (APAPTIF). Marie-Thérèse Vergnaud-Bouteraon y est bénévole et elle la prépare à l’examen de français qu’elle doit passer pour obtenir sa régularisation : « Il faut qu’elle reprenne toutes ses bases qu’elle a déjà. Mais, comme elle ne pratique pas la grammaire, c’est difficile d’acquérir le niveau A2. Avec le niveau A2, elle pourra avoir ses papiers. »
L’APAPTIF accueille 110 apprenants à Poitiers, mais elle croule sous les demandes et n’a pas les financements nécessaires pour faire davantage.
Beaucoup de financements de l’État pour l’apprentissage du français pour les étrangers ont baissé.
Xavier ThiolletDirecteur de CORAPLIS
>> À LIRE AUSSI : En Dordogne, le combat d'un boulanger pour le retour de son apprenti, privé de carte de séjour
Même situation chez CORAPLIS, une structure qui coordonne 47 associations luttant contre l’illettrisme en Poitou-Charentes. Xavier Thiollet en est le directeur et il est très inquiet : « Depuis quasiment six mois, on est sans solution pérenne de cours de formation. Beaucoup de financements ont baissé, les financements de l’État pour l’apprentissage du français pour les étrangers ont baissé. En conséquence, on a perdu plusieurs associations à Poitiers et ailleurs, ce qui fait qu’on a de moins en moins de solutions pour trouver des cours de français à des personnes qui en ont besoin. »
Reportage d’Hélène Drouet et de Mathieu Maillet
Et Xavier Thiollet pourrait être contraint de licencier un salarié l’an prochain en raison de ces difficultés financières. Toutes ces associations d’aide à l’apprentissage du français sont aujourd’hui surchargées et en difficultés financières. Elles sont pourtant vitales à la réussite de l’intégration en France des étrangers en attente de régularisation.