La détresse d'une agricultrice : la ferme des 4 P à Usson-du-Poitou est en sursis. Voici le récit poignant d'une situation dramatique

Carla Pouzet est agricultrice dans la Vienne depuis septembre 2023 à Usson-du-Poitou. Les pluies incessantes de l'automne et du printemps derniers ont mis en péril son activité.

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Carla Pouzet, une femme Indépendante

Depuis 2017, Carla Pouzet était collaboratrice de son mari, lui-même agriculteur. Auparavant, elle a exercé plusieurs métiers dont celui de chauffeur routier pour des céréales. Carla Pouzet n'a pas froid aux yeux ! Elle aime aller de l'avant et relever les défis. En 2022, une loi demande aux femmes d'agriculteurs, leurs collaboratrices, de changer de statut. Elles peuvent devenir associées, salariés, etc. Carla Pouzet choisit de mener son propre projet agricole. Elle candidate à une annonce de la SAFER, et sur les 14 candidats, c'est elle qui est retenue.

Dans la famille Pouzet, chacun a donc son exploitation.

Le rêve de monter un élevage de vache

L'installation se fait sur une ancienne exploitation de 207 hectares. Une soixantaine d'hectares de prairie dévolue à l'élevage et le reste pour cultiver des céréales. Clara Pouzet souhaite acheter une cinquantaine de vaches, des limousines et des Highland et construire un atelier de vente directe. C'est son projet pour une agriculture locale et durable.

En septembre 2023, elle ouvre un compte bancaire et fait un prêt. Pour acheter le matériel, une moissonneuse, une charrue… : 135 000 euros. Pour les bâtiments, 92 000 euros. Les terres, elles, sont en location, 35 000 euros par an. Soit un total de 350 000 euros empruntés.

Tout est calculé et tout se met en place. C'est à partir d'octobre 2023, au moment de semer que tout se dérègle. Trois mois de pluie sans discontinuer empêchent Carla de planter ses semis.

Elle espère que le printemps sera enfin propice. De nouveau, la malédiction s'acharne et le printemps s'avère aussi trop pluvieux. "En juin, j'ai semé seulement 70 hectares alors que j'en avais prévu 130". Et ce n'est pas fini ! Les cultures subissent aussi de gros dégâts pour des excès d'eau et le passage d'une tempête. La culture de tournesol est pratiquement anéantie.

Constatant que son démarrage va être compliqué, en mars 2024, Carla Pouzet prend les devants. Elle s'inscrit auprès de la Direction Départemental des Territoires (DDT) pour suivre le parcours "des agriculteurs en péril" et auprès de la chambre d'agriculture dans la cellule Réagir. Elle demande aussi à sa banque de reporter les annuités. Tous lui indiquent qu'elle n'est pas encore en difficulté !

En septembre, la banque lui accorde le report des prélèvements, mais en octobre 2024, la première annuité est débitée. Le compte bancaire à zéro tombe dans le rouge. Le 12 novembre, elle reçoit un coup de téléphone du service de recouvrement de sa banque, lui demandant comment elle envisage de rembourser ses dettes. C'est le couperet.

Pour des raisons de santé, j'ai connu beaucoup d'opérations dans ma vie et rapidement, je me remets au travail. Je suis toujours restée combative, mais là, c'est compliqué, j'entraine dans cette histoire toute ma famille, si je ne trouve pas de solutions, je serai obligée de vendre ma maison.

Carla Pouzet

agricultrice à Usson-du-Poitou

Selon Carla Pouzet, son conseiller de gestion, la DDT et la chambre d'agriculture sont étonnés de cette situation. Bien qu'elle ne soit pas la seule à subir le dérèglement climatique, la calamité agricole n'a pas été reconnue sur la commune d'Usson-du-Poitou. Les experts en assurances ont confirmé les excès d'eau et la tempête. 11 000 euros des assurances devraient tomber, mais à ce jour Carla n'a toujours pas été indemnisée.

Dans cette affaire, Carla considère qu'elle n'a pas eu d'accompagnement dans son installation. Et se confie : "L'accompagnement, comme pour beaucoup d'autres agriculteurs, ce n'est pas une réalité, ce n'est pas ma réalité ! Je vois mes collègues, ils ne disent rien, beaucoup sont en dépression, je crains pour certains un passage à l'acte, ce sont des moments difficiles à vivre".

N'ayant plus rien à perdre, Carla Pouzet lance il y a une semaine une cagnotte en ligne.

Toutes les solutions doivent être prises pour garder notre ferme, il est important de ne rien lâcher.

Carla Pouzet

agricultrice

Carla Pouzet a pris un avocat pour tenter de renégocier avec la banque. Elle souhaite obtenir un décalage d'annuités et envisage une restructuration de l'exploitation. Elle est actuellement en attente de réponses. "L'attente est difficile, je me réveille la nuit, je pleure, mais il faut se lever pour récolter le maïs et faire rentrer de l'argent. Sur la machine, je me dis que c'est peut-être ma dernière moisson… Mais si on se laisse emporter, on a vite fait partir en dépression. Il faut sans cesse garder à l'esprit que son exploitation reste viable".

Ces dernières semaines, Carla a fait partie des manifestations des agriculteurs. C'était important pour elle d'échanger avec ses collègues pour évacuer la pression qu'elle vit. Important aussi pour se soutenir les uns les autres et se faire entendre de la classe politique et de la société toute entière. "On a besoin d'humanité" finit-elle par lacher.

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