Depuis la fin du mois de juillet, le département de la Vienne est en état d'alerte sécheresse, en raison du manque d'eau. Face à ce phénomène, syndicats et associations souhaitent trouver des solutions pérennes et appellent à la mobilisation.

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C'est un secret de Polichinelle : l'eau se raréfie, les terres s'assèchent rapidement. Le département de la Vienne n'est pas épargné. L'an dernier, le syndicat des Eaux de Vienne a constaté qu'avec la modification de la répartition des pluies et l'augmentation des températures, les périodes de sécheresse s'intensifiaient, générant des tensions fortes entre les différents usagers de l'eau.

Onze communes de la Vienne en "crise sécheresse"

Cet été, la Vienne a été placée en "alerte renforcée". Onze communes de l'ouest du département sont même placées au seuil maximal de l'échelle, défini comme "crise sécheresse" et le sont toujours en cette mi-septembre. Les habitants de ces communes vivent avec des interdictions et des restrictions imposées par la préfecture depuis le 15 mai dernier. Ainsi, "interdiction d'arros(er) les pelouses, massifs fleuris, jardins et espaces verts", ou "de remplir et de vidanger les piscines privées".

Ayron fait partie des onze communes concernées par ces restrictions. Son premier adjoint, Joël Métivier, dit s'adapter, comme la plupart des habitants. "Même si les cultures ont été correctes dans l’ensemble, beaucoup, comme moi, se sont équipés de réserves pour utiliser les eaux de gouttière pour arroser le potager".

La rivière qui passe dans notre commune est gravement asséchée depuis la fin du mois de juillet.

Joël Métivier

Premier adjoint de la commune d'Ayron, dans la Vienne

"On a été durement touché cet été par la sécheresse. La rivière la Vendelogne, qui passe dans notre commune et qui alimente notre plan d’eau, a été gravement asséchée depuis la fin du mois de juillet", rappelle Joël Métivier.

L'eau, une ressource devenue or bleu 

Dans la Vienne, cet été, il est tombé 40% de pluie en moins que l'an dernier par rapport à la normale, selon le syndicat Eaux de Vienne, distributeur d'eau dans 200 communes du département. Le peu de pluies n'a pas le temps de s'écouler vers les nappes phréatiques. Il est tout de suite absorbé par la végétation assoiffée. Les niveaux de ces nappes deviennent un enjeu crucial pour la distribution d'eau potable au robinet.

"Le département de la Vienne est un territoire structurellement fragile quantitativement, et où les nappes sont essentiellement superficielles et (où) nos volumes sont très contraints", précise Eaux de Vienne, qui puise 80% de sa ressource dans le sous-sol.

S'ajoute au manque d'eau, la présence récemment détectée de chlorothalonil, substance active ayant un effet fongicide. Dans près de 2/3 du territoire, les taux de ce produit phytosanitaire se situent au-dessus du seuil de qualité, mais néanmoins dans la limite autorisée pour consommer l'eau du robinet, selon le syndicat des Eaux de Vienne.

Le Seuil de Poitou possède des réserves limitées. Le syndicat Eaux de Vienne définit ce site comme une "montagne hydrogéologique". Fabrice Moreau, hydrogéologue basé à Nouaillé-Maupertuis, près de Poitiers, précise : "Le Seuil du Poitou est un lieu de séparation, en ce qui concerne les nappes phréatiques. Au niveau géologique, cette région est un carrefour entre quatre domaines : le Massif armoricain, le Massif central et les deux grands bassins sédimentaires, qui sont le Bassin parisien et le Bassin aquitain". La structure géologique rend le terrain plus sensible à la sécheresse, l'eau tombée du ciel s'écoulant le long de chacun de ces bassins.

Les grandes cultures céréalières, ainsi que le chlorothalonil, nous mettent au fond du trou.

Francis Bailly

Président de la fédération de pêche de la Vienne

"Tous ensemble, trouver une solution"

Récemment, la fédération de pêche de la Vienne a, elle aussi, tapé du poing sur la table quant à la situation préoccupante de la gestion de l'eau. "En tant que pêcheurs, sentinelles de l’environnement, on estime que l’on est dans le mur en payant l’eau potable de plus en plus cher, rétorque Francis Bailly, président de ladite fédération. Les grandes cultures céréalières, de maïs notamment, ainsi que le chlorothalonil, nous mettent au fond du trou".

"Si la quantité d’eau n’est pas là — même si l’on effectue des travaux de restauration des milieux —, ça ne fonctionnera pas ! Il faut, tous ensemble, c’est-à-dire le préfet, le conseil départemental, la chambre d’agriculture, la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricole), les industriels et distributeurs d’eaux, trouver une solution", clame-t-il.

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