La réalisatrice de "la Séquestrée de Poitiers", Christel Chabert, sera l'invitée du 12/13 présenté par Sandrine Leclère. Elle revient sur l'histoire de Blanche Monnier, enfermée pendant 25 ans par sa famille, un film qui sera diffusé samedi 28 novembre à 15h20 sur notre antenne.
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Le 23 mai 1901, le Procureur général de Poitiers, prévenu par une lettre anonyme, ordonne une perquisition chez Louise Monnier, la veuve d'un ancien doyen de la Faculté de Lettre. A l'étage de son hôtel particulier gît entièrement nue sur une paillasse pourrie sa fille, Blanche. Elle était séquestrée par sa famille pendant 25 ans. Christel Chabert a réalisé un documentaire sur ce fait-divers macabre, que France 3 Poitou-Charentes vous propose en exclusivité samedi 26 novembre à 15h20. Le film sera présenté en avant-première à la médiathèque François Mitterrand, mercredi 25 novembre à 18h30. Interview de la réalisatrice.
Pourquoi vous être intéressée à ce fait-divers ?
- Je connaissais pas l'affaire, car je ne viens pas de la région. C'est ma productrice, Martine Vidalenc, qui m'a appelée car j'avais déjà travaillé sur cette période : le début du XXe. Elle m'a envoyé le livre qu'a écrit André Gide sur l'affaire et j'ai tout de suite été touchée par le personnage de Blanche. Elle a subi un calvaire inimaginable. Si affreux que l'on ne peut que se demander pourquoi son frère a été acquitté. Gide, lui-même, n'apporte pas de réponse à cette question. J'ai donc tenté d'enquêter. Trois hypothèses, parmi toutes celles que développent
Jean-Marie Augustin, sont explorées dans le documentaire : la tentative de capter l'héritage qui est laissé à Blanche par son père ; son histoire d'amour avec un avocat républicain, à laquelle ne consent pas la famille Monnier qui est profondément royaliste ; et enfin l'hypothèse avancée à l'époque selon laquelle on l'aurait enfermée "pour son bien". A chacun de se faire son avis.
A travers votre documentaire se lit une société bourgeoise et conservatrice, encore instable politiquement fin du XIXe-début XXe...
- On ne peut appréhender cette histoire sortie de son contexte, car elle est révélatrice de la société du XIXe et de l'état du droit à cette époque. C'est là qu'il fallait que les historiens viennent nous éclairer. Sans quoi, il nous serait impossible de comprendre la pression exercée par les parents dans les familles de la bourgeoisie ou encore la façon dont la presse s'est emparée de cette affaire. La séquestration de Blanche Monnier a donné l'occasion de mettre sur le tapis les controverses de l'époque. D'un côté, les républicains y voyaient la dépravation des moeurs de la haute bourgeoisie royaliste. De l'autre, les royalistes défendaient mordicus les Monnier, qui auraient tenté de protéger Blanche de sa folie.
Cela dû être bien difficile de mettre en image un fait-divers pour lequel on ne dispose que de quelques clichés. Comment avez-vous contourné cet obstacle ?
- J'ai utilisé des cartes postales et des photographies de l'époque, comme je l'avais fait dans un précédent documentaire. J'ai cherché à mettre en mouvement ces photos. L'idée était de replonger le téléspectateur dans l'époque à travers le regard d'un journaliste, un personnage fictif. J'ai procédé ainsi avec quelques figures nécessaires au récit, mais je me suis gardé de le faire pour les protagonistes de l'affaire. Ni Blanche, ni son frère, ni sa mère ne sont incarnés dans mon documentaire. Ils ne sont pas animés. C'est une forme de respect pour les protagonistes.