Le 22 octobre, la secrétaire d'Etat à la jeunesse s'est confrontée à un débat houleux avec 130 jeunes, lors d'une rencontre organisée par la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France, à Poitiers. Une semaine plus tard, elle a annoncé une inspection au sein de la fédération.
D'une rencontre à l'inspection. Les organisateurs du rassemblement d'une centaine de jeunes de centres sociaux ne s'attendaient pas à ce que cette rencontre annuelle provoque de telles répercussions.
Dialogue difficile
Chaque année, la fédération organise avec son Réseau Jeunes, qui comprend 45 centres sociaux, des discussions autour d'un thème, défini par les participants. Cette année, le thème des religions et de la laïcité avaient été choisi. La rencontre avec Sarah El Haïry clôturait quatre jours de discussions sur cette thématique.Mais le programme ne s'est pas déroulé comme prévu. Si d'un côté, certains jeunes ont appelé à plus de religion au sein de l'école, la secrétaire d'Etat n'a pas semblé être entendue, notamment lorsque cette dernière défendait la laïcité au sein des établissements scolaires.
Point culminant du malaise de cette rencontre : la décision de Sarah El Haïry d'entonner la Marseillaise. "Je suis particulièrement seule. Je cherche l'unité autour de l'hymne, mais personne ne se lève, au début, personne ne chante, ce qui n'est plus le cas à la fin", raconte la secrétaire d'état.Il y a des silences, je vois les visages de chacun et je sens le monde adulte absent, comme abasourdi.
Le 29 octobre, après avoir témoigné de son inquiétude auprès du Premier ministre, Sarah El-Haïry, secrétaire d'état à la jeunesse, a demandé une inspection de la Fédération des centres sociaux de France (FCSF), pour comprendre l'origine du discours portés par les jeunes. "Le dialogue a été très difficile. Il y a eu une réelle incompréhension entre la ministre, les jeunes et nous", reconnaît la Fédération des centres sociaux. Pourtant, selon la fédération, les échanges préparatoires entre jeunes étaient constructifs. "Ils ont bâti des propositions et surtout, ils ont pu s’exprimer, progresser politiquement, apprendre à prendre la parole en groupe, développer leur esprit critique", explique la FCSF dans un communiqué, paru le 12 novembre.
Une remise en question ?
Cette enquête, pour laquelle a été mandatée l’Inspection Générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche devrait clarifier le travail préparatoire à cette rencontre, et le rôle des encadrants dans les discours prononcés par les jeunes."J'ai besoin de comprendre, puisqu'ils étaient encadrés par des adultes. Comment ont-ils été accompagnés ? Comment le travail pédagogique a-t-il été mené ? Comment, en plusieurs jours de travaux, en sont-ils arrivés à de tels propos sans que cela n'alerte personne ? ", explique Sarah El Haïry, dans les colonnes de nos confrères Le Point.
Elle a également pour but de faire la lumière sur l'encadrement, l'organisation et les conditions d'encadrement des jeunes, au sein de la Fédération. La secrétaire tente tout de même d'apaiser les tensions : elle "ne craint rien" des résultats de cette enquête. "On ne cherche pas à accuser, mais on veut comprendre comment ces débats et ces propositions se sont construits.
De son côté, la Fédération des centres sociaux se dit "sereine" face à cette inspection. Mais regrette une remise en question de son action.Réseau Jeunes - La FCSF a rédigé un communiqué en réaction aux informations et messages relayés par la presse et sur les réseaux sociaux concernant le Réseau Jeunes et l'inspection diligentée à sa suite. https://t.co/1fTqYlmGgx
— centres sociaux (@centresociaux) November 12, 2020
"Nos méthodes d’éducation populaire, nos postures, le cadre et le contenu de cette rencontre sont clairement interrogés. Nous le regrettons profondément. Les 1.300 centres sociaux de notre réseau, véritables terreaux de fraternité, d’égalité et de liberté, contribuent au quotidien à répondre aux besoins de leur territoire et de la période chargée de tensions en partant, toujours et tout le temps, du terrain, de ce que les habitant.e.s vivent et pensent, et ceci sans aucune concession sur la laïcité", explique-t-elle, dans son communiqué.