Le projet de centrale photovoltaïque de l'aéroport de Poitiers-Biard avance malgré les réticences

Malgré l'avis négatif des élus locaux et des défenseurs de l'environnement, la centrale solaire a recueilli un avis favorable après enquête publique. Les permis de construire ont été délivrés pour les deux parcelles situées à proximité de l'aéroport. Les modalités de distribution de l'énergie restent à établir.

Remporté par EDF Renouvelables, l'appel à projet lancé en juin 2018 par le syndicat mixte de l'aéroport de Poitiers-Biard, dont les deux actionnaires sont le département de la Vienne et la Communauté urbaine du Grand Poitiers, est en bonne voie de réalisation. Deux centrales photovoltaïques, de part et d'autre de l'aéroport, devraient voir le jour malgré les réticences.

Les plus belles prairies de la région

Naturaliste amateur, Olivier Pouvreau arpente la Vienne depuis l'enfance, à l’affût de fleurs, d'insectes ou de papillons. La pelouse xérophile et la prairie maigre de l'aéroport de Biard sont les plus belles qu'il lui a été donné d'observer. "Avec l'association Vienne Nature, nous avons réalisé un inventaire de la faune et de la flore à cet endroit. C'est vraiment un site remarquable, tant en variété qu'en quantité d'insectes et de variétés de plantes" précise-t-il.


Des milieux menacés par l'urbanisation galopante

Un cortège floristique très particulier habite ces milieux, communs il y a 50 ans, qui se sont réduits avec la pression de l'urbanisme. Le projet d'installation d'une centrale photovoltaïque sur ces deux parcelles situées de part et d'autre de l'aéroport, 18 hectares au total, est une nouvelle menace. "On a recensé la présence de deux espèces de papillons et une variété de fleur protégée au niveau national, et d'autres espèces dites déterminantes" détaille Olivier Pouvreau. "Laissons le peu de milieux naturels qu'il nous reste en l'état !" implore-t-il.

Laissons-le peu de milieux naturels qu'il nous reste en l'état !

Olivier Pouvreau

Naturaliste

CARTE - Plan des deux zones concernées par les projets photovoltaïques

Un classement en zone naturelle non contraignant

Une première étude d'impact avait retoqué les deux projets en raison de points environnementaux litigieux. Mais la deuxième a minoré ces litiges, et estimé qu'ils n'auraient "pas d'impact significatif sur le milieu". "L'Azuré du serpolet a besoin de toute la parcelle pour vivre. L'étude d'impact prévoit de ne protéger que sa zone de ponte. Les ombres portées, l'écoulement de l'eau, le manque d'ensoleillement, tous ces effets conjugués vont perturber le milieu et modifier les cortèges botaniques et floristiques. On va obtenir une banalisation de la flore notamment, avec beaucoup plus de graminées que de fleurs", déplore le naturaliste.

Les deux parcelles sont classées en zone naturelle d'intérêt écologique, floristique et faunistique de type 1 (ZNIEFF) depuis fin 2021. Un classement qui ne contraint pas à geler les projets. 

Olivier Pouvreau n'est pas opposé au développement des centrales photovoltaïques, mais regrette qu'elles ne soient pas implantées sur des espaces déjà urbanisés ou artificialisés : "Avec tous les problèmes de biodiversité que l'on connaît, implanter une centrale sur une Znieff c'est quand même très limite."

La municipalité de Biard contre les projets

Premier vice-président du syndicat énergies Vienne, le maire de Biard Gilles Morisseau n'est pas non plus un opposant farouche au développement des énergies renouvelables en général, et solaire en particulier, toutefois sa majorité municipale a voté contre ces projets de l'aéroport de Biard. "Nous avons débattu des intérêts et des inconvénients au moment de l'enquête publique. Des considérations environnementales nous ont conduits à émettre un avis négatif pour la parcelle située entre l'aéroport et l'autoroute. Pour l'autre parcelle, à proximité de la ville et de la rocade, nous avons également voté contre, car nous regrettons que soit immobilisée pendant 40 ans une zone où l'on pourrait potentiellement développer l'habitat ou l'activité économique.", explique Gilles Morisseau.

Enquête d'utilité publique favorable

Le 5 mai 2023, malgré les réticences des associations environnementales et des élus locaux, le commissaire enquêteur a rendu un avis favorable aux deux projets. Dans la foulée, la préfecture de la Vienne a délivré les permis de construire. "Je prends acte de la décision, déclare le maire de Biard. Maintenant, je vais tenter d'œuvrer pour que ça se fasse au mieux."

L'idée d'une boucle locale d'auto-consommation collective

Modèle encore expérimental, lié au développement des sites de production d'énergie renouvelable, la boucle d'auto-consommation collective est un contrat local de fourniture et d'achat d'énergie. Un modèle vertueux que Gilles Morisseau a soumis à EDF Renouvelables. "L'idée, c'est que l'énergie produite soit consommée par les entreprises et les particuliers alentour. Les entreprises ont beaucoup souffert de la crise énergétique. Une telle contractualisation leur offrirait la certitude d'acheter l'énergie à prix fixe."

La proposition est sur le bureau d'EDF Renouvelables qui l'étudie. Une rencontre est prévue à la rentrée avec les entreprises du secteur pour affiner le projet.

Sur la commune de Biard, un autre projet de centrale photovoltaïque doit voir le jour prochainement aux Renardières, avec l'aval de la municipalité.

La production énergétique de ces trois projets excédera la consommation annuelle par habitants (hors chauffage) de la commune. L’opportunité pour EDF d'engranger des profits, même en s'engageant dans la boucle.

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