C’est un évènement dans le monde sportif à Poitiers, et une nouvelle extension du domaine du "naming". L'un des sponsors du club de volley donne désormais son nom à l’équipe.
Alterna SPVB. Le sigle historique du volley à Poitiers demeure, il est donc précédé de la marque de ce fournisseur d’électricité verte et locale dont le siège se trouve dans cette même ville.
La motivation financière
Alterna énergie était déjà engagé en tant que sponsor depuis 15 ans auprès du Stade Poitevin Volley, mais cette fois l’entreprise franchit une marche et pas des moindres. Il s'agit d'un « partenariat de naming à impact » Un nom compliqué pour parler d’un gros investissement financier.
Impossible pourtant d’avoir le montant de ce sponsoring, mais il est de taille à redonner de grandes ambitions au club.
Le stade avait une place dans le top quatre du volley français dans les années 2010. Aujourd’hui, avec cet apport, et tout ce qui va derrière, ça va nous permettre de retrouver cette ambition à moyen terme.
François GarreauPrésident du Stade Poitevin VB
Pour l'entreprise, c'est une visiblité garantie et une question d'image de marque.
Pour nous, le sujet, ce ne sont pas les retombées financières, il y en aura pas. Le sujet, c’est que ce club incarne le projet d'Alterna Energie : rendre accessible pour tous la transition écologique énergétique et porter des valeurs d’engagement, d’excellence et de citoyenneté.
Frédéric BouvierDirecteur d'Alterna Energie
Récemment, le club voisin de Tours a renoncé à un projet de naming avec McDonald's. Les discussions étaient assez avancées, mais la mairie de la ville, aux mains des écologistes, ne souhaitait pas que son nom soit associé au géant américain de la restauration rapide.
Longue tradition dans le vélo
L’autre équipe sponsorisée de la région est l’équipe de cyclisme féminin de la Vienne, baptisée FDJ Suez.
Jusqu’à l’année dernière, le nom du Futuroscope apparaissait aussi dans le nom. En échange, le parc versait 100 000 euros par an à l’équipe, auxquels s'ajoutait l’équivalent de 200 000 euros en nature, comme par exemple la présentation de l’équipe chaque année en début de saison, au parc.
Pour ce sponsor, les retombées médiatiques sont très importantes. Ce naming a permis au Futuroscope de se faire connaître dans le monde entier, surtout quand l’équipe gagne comme elle le fait depuis ces dernières années.
Un marché en grand développement
Les exemples se multiplient, les stades de football en sont une autre illustration. À La Rochelle, c'est le centre d'entraînement du rugby qui a succombé aux sirènes d'Apivia.
Le sponsoring et la voile, c'est une histoire au long cours. Les marques s'affichent sur les bateaux, de la coque au pont, en passant par les voiles, et sur toutes les mers du monde. Le naming existe aussi de longue date pour les courses (mais on ne l'appelait pas ainsi) Transat Jacques Vabre, Solitaire du Figaro... Plus près de nous, le Vendée Globe profite d'un jeu de mots favorable.
De célèbres entreprises niortaises ont d'ailleurs investi ce secteur sportif porteur : la Macif par exemple, mais aussi les Cheminées Poujoulat.
La plupart de ces dépenses s'apparentent à du parrainage et sont déductibles fiscalement des résultats de l'entreprise, il y a un intérêt financier à miser sur le sport.
Un rapport du ministère des Sports nous rappelle que les pionniers sont à chercher en Hollande en 1913 alors que le premier exemple français de naming à proprement parler ne remonte lui qu'à 2007 !
Publicité "déguisée"
L'objectif de ces accords est de créer un rapport gagnant / gagnant. Le club en récupère de l'argent, le sponsor y gagne de la visibilité, de la notoriété.
Cela repose néanmoins par la reprise par les médias de ce naming. Or la liberté de la presse n'encourage pas et les règles de l'Arcom interdisent a priori de citer des marques à l'antenne. Un flou entoure toujours cette question.
Les retombées de cette publicité indirecte sont surveillées de près par les marques. Ainsi Macif décompte précisément les "retombées médias", le nombre de citations.
En six ans dans la voile, l'assureur évoque 40 000 mentions du groupe liées au sponsoring, notamment porté à l'époque par les succès du skipper charentais François Gabart. Et cela pèse plusieurs millions d'euros, de quoi rentabiliser l'investissement.