Partie intégrante du plan "égalité hommes-femmes 2024-2026" de Grand Poitiers, l'instauration de congés menstruels pour les agentes du territoire est une mesure quasi inédite dans l'Hexagone. Elles pourront bénéficier de un à deux jours d'arrêt de travail par mois.

Après la région Nouvelle-Aquitaine, place aux collectivités poitevines. La ville de Poitiers, Grand Poitiers et le CCAS vont mettre en place un congé menstruel, d'au maximum deux jours par mois, à partir de janvier 2025. Au total, cette mesure concerne 3 500 agentes. Alexandra Duval, conseillère municipale déléguée à l'Action sociale et à l'égalité des droits de Grand Poitiers, apporte plus de précisions quant à l'application de ce congé menstruel.

En quoi consiste ce congé menstruel et à qui va-t-il s’adresser ?

Il va profiter aux femmes, aux agentes de la collectivité et également aux personnes menstruées. Elles vont pouvoir demander une ou deux journées de congés par mois en ayant un certificat médical annuel, qu’il faudra renouveler chaque année. Cela passera par la médecine du travail et la raison ne sera pas connu par les supérieurs et les collègues, garantissant la confidentialité.

Cela permet aux personnes menstruées, qui se retrouvent dans des situations compliquées, où parfois en période de règles ou celles qui souffrent d’endométriose, d'en bénéficier. Si l’on veut garantir la qualité de travail, ça permet de bénéficier de ce temps-là sachant qu’en plus, il n’y a pas de jours de carence.

Il n’y aura pas de jours de congés à prendre puisqu’il s’agit d’un arrêt de travail donné par le médecin sur certificat médical. Il pourra être d'une à deux journées par mois, selon les besoins de la personne.

Quand a eu lieu l'idée d'un congé menstruel ?

Ce congé garantit aussi le bien-être au travail. C’est un sujet de santé : les règles ne sont pas quelque chose qui doivent être de l’ordre du tabou aujourd’hui. Cela permet aux femmes, qui, pendant cette période des menstruations, se retrouvent à être mal, à avoir des vertiges, à avoir mal au ventre... Cela permet de pouvoir se poser et de se dire : "Les jours où quand je suis dans cet état-là, je ne vais pas travailler, car je ne vais pas pouvoir le faire correctement".

Ce congé menstruel, on y a réfléchi quand on a démarré la réflexion autour du nouveau plan égalité. On a également travaillé avec l’ensemble des services des ressources humaines et des syndicats, avec qui nous avons eu un travail très fructueux, aboutissant à un accord unanime. On s’est dit que le congé menstruel était un nouveau droit à mettre en place. C’est un sujet de santé publique et d’égalité. Cela permet de désamorcer les tabous : cela doit permettre aux femmes de mieux le vivre.

Cela pourrait entraîner une certaine discrimination. On parle malgré tout de 12 à 24 jours d’absence par an potentiellement...

Je pense qu’il n’y a pas besoin du congé menstruel pour que les femmes soient discriminées à l’embauche malheureusement. C’est le cas des grossesses qui font que les femmes peuvent subir des discriminations. Rajouter un droit ne peut pas desservir les personnes. L’objectif est de contribuer à cette prévention et cette sensibilisation autour de ces sujets-là. Une femme peut accéder à ça, mais n’y est pas obligé. D’autres collectivités ont mis en place ce congé, et c’est environ 10 % des femmes qui vont faire appel à ce droit. On n'est pas sur quelque chose de démesuré, ce n’est qu’en fonction des besoins. Elles vont juste acquérir un droit supplémentaire en cas de besoins.

Quelles sont les autres “nouveautés” de ce plan égalité ?

Il donne des mesures concrètes : dans un premier temps, on va réduire l’écart salarial. L’objectif est de résorber les inégalités de salaires entre les femmes et les hommes. Ça, c’est quelque chose qui est obligatoire et sur lequel on doit tous et toutes tendre.

Le deuxième point gravite autour des questions de santé, de la qualité de vie au travail. Avec le congé menstruel, mais pas seulement. On souhaite également adapter le bâti pour les femmes, par rapport aux vestiaires, pour que les femmes bénéficient d’espace pour se changer. Ce n’était pas le cas jusqu’ici, certaines femmes se changeaient dans leur voiture ou dans des cages d’escalier.

Et puis, il y a des mesures autour de prévention et de la mobilisation des violences sexistes et sexuelles : on souhaite continuer les formations que l’on mène, comme Agir contre le sexisme, afin de prévenir tous ses comportements en interne.

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