Vienne. Des restrictions d’utilisation de l’eau s’appliquent aux agriculteurs et citoyens, mais les golfs eux, en sont exemptés

Pour affronter une situation de sécheresse historique dans le département de la Vienne, des restrictions d’utilisation de l’eau s’appliquent pour les agriculteurs et les citoyens, mais les golfs eux, en sont exemptés.

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Pour répondre à la sécheresse, le département de la Vienne est placé en alerte renforcée. Mi-mai, la préfecture a pris des mesures pour réduire la consommation d’eau. Désormais, l’arrosage des pelouses, espaces verts, jardins potagers et cultures agricoles est interdit entre 11h et 18h. Mais l’arrêté préfectoral ne mentionne pas les golfs, exemptés de ces restrictions, pourtant grands consommateurs d’eau.

En France, plus de 70% des golfs prélèvent l’eau pour l’arrosage dans les milieux naturels. 10% utilisent l’eau du réseau public faute d’autre solution disponible. En moyenne, 26.000 m3 sont consommés en moyenne par an pour une tranche de neuf trous.

Ne pas arroser tout le parcours de golfe

Le golf de Mignaloux Beauvoir n’a pas attendu les restrictions sur la consommation d’eau pour économiser le précieux liquide, en raison de factures très élevées. « Nous, on est un golf privé, pas public, tient à expliquer Steeve Nicolay, directeur du golfe de Mignaloux. Quand on a des factures, un déficit en consommation, c’est pour nous !». Il n’utilise pas le réseau d’eau potable mais les eaux de ruissellement récupérées dans un étang au centre du terrain de golf. « L’étang a baissé, et quand il n’y aura plus d’eau dans les étangs on n’arrosera plus. »

Claude Chevallier, président du golfe de Poitiers-Châlon assure arroser au minimum, et ce déjà avant la mise en place des restrictions, lui aussi pour éviter des factures pouvant s’élever jusqu’à 10.000 euros : « Notre politique, c’est de préserver le green. Si on le laisse cramer, c’est beaucoup argent, donc on arrose un tout petit peu les départs pour rester dans l’arrêté préfectoral ».

Pour le président du golf privé, si les greens ne sont pas arrosés pendant un mois ou deux, « il faut entièrement refaire le terrain, et ça coûte une fortune ». Une question qui n’est pas qu’esthétique : « On ne peut pas jouer au golf si les greens sont cramés, il faut que la balle puisse rouler correctement dessus », explique Claude Chevallier.

Adaptation à la sécheresse

Les greens du golf de Mignaloux sont devenus marrons à cause de la sécheresse. « On ne peut pas faire grand-chose contre ça, à part arroser un peu les green la nuit pour rafraichir les sols », explique Steeve Nicolay, le directeur golf du Mignaloux. Pour s’adapter à la sécheresse, l’entreprise a investi dans des machines pour perforer les sols, les aérer et favoriser la pénétration de l’eau de pluie. Elle s’est également tournée vers des graminées plus résistantes à la sécheresse, qui demandent moins d’eau, aux racines plus profondes.

« Notre politique est de faire comprendre aux golfeurs que ce qu’ils voient à la télévision, les golfs américains verts, ce n’est pas possible chez nous. Ça coute trop d’argent, et avec la sécheresse, on ne peut plus golfer comme on le faisait à une certaine époque », Steeve Nicolay, directeur du golf de Mignaloux.

Les golfs, obligés de réduire leur consommation d’eau

La fédération française de golf a signé en 2006 une Charte sur l’eau avec les Ministères de l’Écologie et des Sports, pour limiter son usage de l’eau en cas d’arrêté de restriction d’usage de l’eau. En cas de seuil d’alerte renforcée, selon la charte, l’arrosage des départs est interdit, mais l’arrosage des greens (2% de la surface moyenne d’un golf) reste autorisé pour garantir le maintien de l’activité économique des golfs. Par la suite un accord-cadre « golf et environnement » 2019-2024 est signé pour promouvoir des golfs respectueux de l’environnement.

Selon ce document, en cas de seuil de crise renforcé, il est interdit d’arroser les golfs, sauf les greens : « Les greens pourront toutefois être préservés, sauf en cas de pénurie d’eau potable, par un arrosage « réduit au strict nécessaire » entre 20h00 et 8h00, et qui ne pourra représenter plus de 30 % des volumes habituels ».

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