A 17 ans, Cassandre Chaignault a fait son stage de Première Sciences et techniques de l'hôtellerie restauration dans les cuisines du palais de l'Elysée. Elle revient dans son lycée de Poitiers éblouie et enrichie d'une expérience unique.
Expérimenter des pratiques d'exception, c'est ce que tout jeune étudiant espère découvrir lorsqu'il décroche un stage. Au lycée Kyoto de Poitiers, Cassandre Chaignault a eu cette chance là. Scolarisée en Première Sciences et techniques de l'hôtellerie restauration (STHR), elle vient d'effectuer cinq semaines de stage dans les cuisines du palais de l'Elysée.
Impossible de la rencontrer sur son lieu de stage, tout y est de son propre aveu "hyper sécurisé", à tel point qu'elle a même dû "signer une clause de confidentialité". Aucune photo des lieux ne sera diffusée et aucun secret ne sortira donc de la bouche de Cassandre mais ses yeux pétillent encore de l'émerveillement de toutes les découvertes faites lors de ce stage d'exception.
"L'Elysée, un musée vivant"
"L'Elysée ?", s'interroge-t-elle, "c'est un musée vivant !" et en particulier ses cuisines où l'on "utilise des casseroles en cuivre qui datent d'il y a des années". Si dans la manière de travailler, "certaines choses (lui) étaient familières, d'autres non".
Entourée du chef Fabrice Desvignes et de ses équipes, Cassandre raconte avoir "appris à travailler de nouveaux produits", du "haut de gamme", précise-t-elle. "Il est très pédagogue, très minutieux, très jovial, c'est vraiment ce que j'ai le plus aimé et ce qui m'a aussi le plus impressionnée".
Dans son récit, son enthousiasme perce lorsqu'elle évoque "ses nouvelles techniques" qu'elle a pu pratiquer en stage, son intérêt pour la nouvelle cuisine également, toute "l'inventivité" dont elle a été témoin en cuisine, "toutes ces choses que l'on n'a pas l'habitude de voir".
J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai envoyé un mail à l'intendant de l'Elysée.
Durant les cinq semaines de son stage à Paris, tous les soirs, Cassandre appelle sa famille restée dans la Vienne et notamment son oncle, cuisinier, également passé par les cuisines de l'Elysée lors d'un stage dans sa jeunesse. "Il fallait que je lui raconte, tout!", s'enthousiasme-t-elle, portée par le soutien familial, visiblement indéfectible.
Si elle devait partager l'une de ses découvertes avec sa classe, ce serait, dit-elle, la confection "d'une eau de tomate". Un petit miracle de délicatesse à l'écouter décrire les étapes de la fabrication. Nul doute qu'un jour on retrouvera un tel met à la future table de Cassandre.
Si de toute sa classe de Première du lycée Kyoto à Poitiers, c'est elle qui a décroché le stage le plus prestigieux, elle s'est aussi donnée les moyens de l'obtenir. "J'ai pris mon courage à deux mains", raconte-elle et "j'ai envoyé un mail à l'intendant de l'Elysée."
Quand elle nous a dit, les cuisines de l'Elysée, on savait qu'elle avait les compétences, on a tout de suite validé sa demande de stage.
De loin, l'équipe éducative de son lycée observe la détermination de la jeune fille. "Un stage à l'Elysée pour l'un de nos élèves, c'est une première", confirme le proviseur du lycée Kyoto, Christian Barrault. A l'heure où les restaurants qui accueillent habituellement les stagiaires sont fermés pour cause de pandémie de coronavirus, ce stage se révèle donc une aubaine. "On laisse les élèves faire leurs démarches seuls. Quand elle nous a dit, les cuisines de l'Elysée, on savait qu'elle avait les compétences et on a bien sûr tout de suite validé sa demande de stage."
"La classe a été très solidaire", raconte Fabienne Stival, sa professeure de cuisine. "Tu peux y aller ? Vas-y, lui ont-ils dit." Faute de restaurants ouverts, les vingt élèves de sa promotion ont sollicité des cantines d'Ehpad, celle du CHU de Poitiers ou encore la cuisine centrale de la ville de Poitiers. D'autres se sont tournés vers des artisans fromagers, traiteurs ou vendeurs de vin. Car cette année, tous les stages ont été maintenus.
Des projets plein la tête
Dans les salons du restaurant d'application de son lycée, Cassandre répond aux questions de la presse avec gourmandise. Cette native de Sanxay, près de Poitiers, férue d'opéra depuis sa petite enfance (grâce aux Soirées lyriques où toute sa famille est bénévole) se souvient avoir toujours aimé cuisiner. Sa mère et sa grand-mère, présentes à ses côtés, confirment.
"Dès l'âge de 7 ans, lorsqu'on faisait le repas de Noël, elle nous préparait des petits fours", se remémore sa grand-mère.
Très clairement, un tel stage lui "a donné envie d'aller vers d'autres horizons, vers d'autres cuisines" et peut-être même un jour d'ouvrir son propre établissement.
Pour l'instant, elle réfléchit à la mise en place de son prochain projet : proposer une sélection de mets, de la "finger food", aux prochains festivaliers des Soirées lyriques de Sanxay, une gamme au-dessus du traditionnel sandwich de buvette. Certains de ses camarades de classe sont déjà prêts à se lancer à ses côtés.