Mais que font vos enfants pendant leurs sorties scolaires ? Écoutez ce documentaire qui a épié leurs joies et bonheurs au milieu des libellules et des ragondins

Un preneur de son a suivi pendant une année scolaire les élèves d'une école maternelle de Poitiers lors de leurs sorties dans la nature. Il en a fait un documentaire. Une immersion au sein de l'univers plein d'émerveillement et de joie de ces enfants de trois ans, déjà très éveillés.

« Mais vous savez tout ! » Ce jour-là, l’animateur de la LPO est resté scotché. Ces petits-là, des élèves de maternelle de l’école de Montmidi à Poitiers, eh bien, ils en savaient déjà des choses sur la nature ! Comment évoluent les arbres, qu’ils font des fleurs, puis des fruits, qu’ils ont besoin des abeilles. Et tout et tout. « Ils m’ont dit spontanément qu’un arbre, il est vivant. Franchement, à partir de cet âge-là, c’est la première fois que cela ressortait rapidement. » Et l’animateur sait de quoi il parle, cela fait 25 ans qu’il fait des animations.

C’est l’une des tranches de vie que Géry Courty a captée avec son micro. Ce preneur de son a passé une année scolaire complète avec les trois classes de cette petite école. Il en a fait un documentaire sonore de 55 minutes à écouter sur Soundcloud (le player audio est au bas de cet article).

Suivre ses intuitions

« J’avais été sollicité pour faire une intervention en classe », raconte-t-il. « Quand je suis arrivé, je n’avais pas d’idée préconçue. Mais j’avais une petite intuition. » Et l’homme du son, dès l’entrée dans l’école, a déclenché l’enregistrement de son micro. « Je me suis très vite rendu compte que l’équipe était formidable, que le projet était formidable. Et je verrai bien ce que je ferai des enregistrements. »

« La dernière fois, quand on est arrivés, qu’est-ce qu’on a vu ? Des ragondins ! » Sans hésiter, ces petits minots savent nommer les libellules, reconnaître le chant de la mésange charbonnière ou même citer les physalis.

Trente-cinq heures d’enregistrements qui ont abouti au documentaire « L’école à ciel ouvert ». Un témoignage du bonheur d’un enfant de trois ans face aux découvertes que lui réserve la nature. De petites remarques innocentes, de la curiosité à toute épreuve et un sens de l’observation particulièrement aiguisé.

Depuis trois ans, une fois tous les 15 jours, les élèves pratiquent ce que les maîtresses ont appelé « L’école dehors ». Dans le parc d’un institut de formation où cohabitent friches, espaces entretenus et rivière, à proximité d’une voie ferrée, cette école a trouvé son « paradis ».

Ver de terre, fougère et libellule

Ils partent à la découverte des sons, des animaux, des plantes. Et le micro de Géry Courty n’en a rien loupé. Du babillage incompréhensible de ceux qui n’étaient encore que des bébés, il n’y a pas si longtemps, aux rires et explosions de joie à la vue d’un ver de terre ou d’une fougère ou d’une libellule.

Timothé, Ernest, Esteban, Lily, Chloé, on suit ces enfants sur les chemins de la vie en se guidant à leurs voix et leurs paroles. Avec des maîtresses qui ont appris à mieux les connaître. « Il y a des enfants qui sont réservés, mais qui ne le sont pas dehors et vice-versa. Ceux qui sont expansifs en classe peuvent être plus craintifs à l’école dehors », témoigne une maîtresse.

Cerfeuil des bois et carotte sauvage

Des enfants qui ont le droit d’oublier les règles de la classe pour jouer avec des bâtons, oser se salir. Sous l’œil bienveillant de leurs proches qui ne sont pas là que pour surveiller. Un grand-père ornithologue, un papa botaniste en formation, viennent transmettre leurs savoirs, comme distinguer le cerfeuil des bois de la carotte sauvage. « Même dans le monde urbain, il y a quand même de la nature, il y a quand même un peu du sauvage », confie le papa amoureux des plantes.

Même la maîtresse, plus ville que campagne, qui n’y connaissait rien à la nature, y a pris goût : « J’apprends avec les enfants et c’est très intéressant pour moi aussi et je vois qu’ils s’éclatent ! »

Simple comme une paire de bottes

Géry Courty, après avoir longtemps travaillé pour la télé, pour l’« actu » courte et rapide, signe son premier long doc à écouter. « On peut rencontrer les gens et aller dans ce qui les anime au fond d’eux. Il n’y a plus le vernis de l’interview rapide. » Un homme de 50 ans, père de deux enfants qui s’est enrichi lui-même de cette aventure. « Il y a quelque chose qui fonctionne dans ce projet. C’est quelque chose de très simple : une paire de bottes, un K-Way et un espace vert et on fait de l’éducation. »

Une œuvre de création et qu’il ne faut pas du tout prendre comme un outil pédagogique. « C’est un hommage au corps enseignant. C’est la rencontre avec de gens qui avouent ne pas tout savoir, mais qui sont très confiants dans leur propre capacité d’apprentissage ; une posture très belle et assez rare. »

Une petite heure d’écoute où l’on aurait presque soi-même envie de retrouver la fraîcheur et l’insouciance de ses trois ans… Soupir…

Écoutez ici le documentaire sonore de Géry Courty