Marie Chagnon, une habitante de Tercé dans la Vienne, reconnue Juste parmi les nations

Une habitante de Tercé dans la Vienne vient d'être reconnue Juste parmi les nations, par l'État d'Israël. Marie Chagnon, morte en 1988 à l'âge vénérable de 105 ans, avait hébergé une famille juive pendant la guerre. Au péril de sa vie.

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Le nom de Marie Chagnon, une habitante de Tercé décédée en 1988, va bientôt figurer au Mémorial Yad Vashem de Jérusalem. Elle sera officiellement désignée Juste parmi les nations, la plus haute distinction honorifique accordée par l'État d'Israël à des civils. Il s'agit de les remercier pour avoir, au péril de leur liberté et de leur vie, sauvé des Juifs pendant la guerre. Marie Chagnon a en effet sauvé une famille juive des rafles allemandes en 1944.

Marie Chagnon aidait à passer la ligne de démarcation

Tout a commencé à la fin des années 90. Maire de la commune, Christian Richard reçoit un appel d'un ancien combattant qui assure des permanences au musée de Tercé. Une dame lui a laissé un message écrit adressé au maire. Elle demande pourquoi dans ce musée consacré à la guerre et à la ligne de démarcation qui coupait la commune en deux, "on n'évoque pas le nom de ma mère, Marie Chagnon, avec tout ce qu'elle a fait ?"

Un peu surpris, le maire prend contact avec cette dame qui lui raconte l'histoire de Marie. Veuve et mère d'une famille nombreuse, elle a aidé de très nombreuses personnes à passer en zone libre. Christian Richard, qui est aussi historien, prépare à l'époque un ouvrage sur la ligne de démarcation et prend note de cette histoire. À la fin de l'entretien, incidemment, la fille de Marie Chagnon explique que sa mère a aussi hébergé et sauvé une famille juive, Jules et Edwige Marx et leur fils âgé d'une vingtaine d'années, Marcel.

Un couple juif originaire de Moselle qui vit sous un nom d'emprunt

Assez stupéfait, Christian Richard demande à connaître également cette histoire. La famille Marx est originaire de Moselle, d'un village très près de la frontière allemande et ne souhaite pas y retourner pour d'évidentes raisons de sécurité. Le fils Marcel s'est fait embaucher dans une usine non loin de Tercé où il a rencontré Madeleine Chagnon, une des filles de Marie qui deviendra d'ailleurs sa femme quelques années plus tard.

Un jour de la fin 1943 - début 1944, des rumeurs annoncent une importante rafle de juifs dans les environs. Marcel demande à Madeleine si elle connait un endroit où ses parents pourraient se cacher. Madeleine en parle à sa mère Marie qui lui déclare qu'elle va les héberger dans une petite dépendance. Un employé de la mairie leur fabrique des faux papiers au nom de Chabot. Le couple va ainsi échapper à la rafle et à la déportation et vivre aux côté de Marie Chagnon, du 15 janvier 1944 jusqu'à la libération de Poitiers en septembre de la même année.

La famille demande une distinction pour Marie Chagnon

Christian Richard note les détails de l'histoire et souhaite qu'elle soit connue de tous.

J'ai proposé aux enfants de déposer un dossier pour que Marie devienne Juste parmi les nations. Au début, tous n'étaient pas d'accord, mais j'ai réussi à les convaincre et il y a une dizaine d'années on a constitué le dossier. Et là, ça devient compliqué !

Christian Richard maire de Tercé

La procédure est longue et compliquée en effet. Il faut envoyer un dossier détaillé au Mémorial à Jérusalem et à l'État d'Israël qui procèdent ensuite à de longues vérifications. Mais le 8 août 2021, une lettre de Yad Vashem arrive aux enfants de Marie Chagnon et au maire : "nous avons le plaisir de vous informer que Marie Chagnon sera faite Juste parmi les nations pour avoir aidé des Juifs à ses risques et périls". Christian Richard ne cache pas sa joie et sa fierté et attend désormais avec impatience la date de la cérémonie. Elle aura lieu dans la commune en présence de la famille et de représentants du mémorial Yad Vashem et de l'État d'Israël.

Son nom sera gravé à tout jamais sur le mur des noms au mémorial Yad Vashem !

Christian Richard, maire de Tercé

« Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier. »  (Mishna, Sanhédrin 4,5)

La place de Tercé où se trouve le musée sera également baptisée Marie Chagnon, Juste parmi les nations, comme près de 28.000 autres personnes à travers le monde qui ont permis à des milliers de Juifs d'échapper à la mort.

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