La fusion des deux listes écologistes proposées hier par Osons Poitiers marque le retour des tractations politiques de l’entre-deux-tours dans la capitale poitevine.
C’est l’histoire d’une addition. Celle de deux scores. Celui de Poitiers Collectif, liste menée par l’élue régionale EELV Léonore Moncond’huy, et celui de Osons Poitiers 2020, liste également écologiste avec à sa tête Christiane Fraysse, l’une des opposantes les plus farouches au maire de Poitiers, Alain Claeys.
Sur le papier, une addition assez simple
Au premier tour, Poitiers Collectif a rassemblé 23,89% des suffrages, à moins de cinq points du maire sortant. De son côté, Christiane Fraysse et ses colistiers ont fait 9,96% des voix, manquant de très peu la qualification au second tour. Or, si on additionne 23,89 à 9,96, cela donne 33,85. Soit 5,64 points de mieux qu’Alain Claeys au premier tour (28,21%). C’est la raison pour laquelle Osons Poitiers 2020 a annoncé hier sa décision de fusionner avec Poitiers Collectif. (voir ci-dessus la vidéo postée hier par Christiane Fraysse)Vu comme ça, tout parait simple. Mais on le sait, la politique - et la logique électorale en particulier - ne répondent que rarement aux lois mathématiques primaires. Sauf que cette fois, Alain Claeys, candidat à un troisième mandat d’affilé, est réellement en danger. Et il ne lui reste pas beaucoup d’options pour surmonter ce problème mathématique. Seules deux se présentent à lui.
La première option, c’est de grignoter l’espace politique de l’adversaire afin de le neutraliser. Mais ça, Alain Claeys l’a déjà fait au cours de la campagne avant le premier tour, en « verdissant » fortement son programme. Ce qui n’a pas empêché les deux listes écologistes de récolter plus d’un tiers des bulletins exprimés.
La seconde option, c’est un rapprochement avec le troisième candidat qualifié pour le second tour, le macroniste Anthony Brottier. Avec 18,37% des voix récoltées, il serait celui qui permettrait à Alain Claeys de gagner à coup sûr. Idéologiquement, les différences sont assez minces entre les deux hommes pour être surmontées. On se rappelle d’ailleurs que le maire de Poitiers fut - un temps - tout proche de recevoir le soutien de LREM. Une stratégie défendue alors par Jean-Yves Le Drian et pour laquelle Emmanuel Macron n’aurait pas été hostile. Mais le conflit personnel entre Alain Claeys et (entre autre) l’ancien jeune socialiste poitevin Stéphane Séjourné - devenu entre-temps un des piliers de la garde rapprochée du président de la République - aurait fait capoter ce rapprochement.
Reste à savoir si les deux têtes de liste tomberaient d’accord pour fusionner. Cette hypothèse, avouons-le, serait quand même une énorme surprise.
Reste aussi à savoir si Anthony Brottier ne préfère pas tout simplement fusionner avec la droite pictavienne dont la liste, menée par Thierry Alquier, a réuni au premier tour 9,82% des voix. Ce qui, additionné au score de la liste LREM fait… 28,19%. Soit, à trois bulletins de vote près, le même score qu’Alain Claeys.
Maudites mathématiques.