Ces derniers jours, les élèves du CP au CM2 ont reçu un kit pédagogique sur le thème des Jeux Olympiques de Paris 2024, comprenant un livret et une pièce de deux euros collector. Le dispositif est loin de faire l'unanimité auprès des syndicats enseignants qui dénoncent leurs conditions de travail et les restrictions budgétaires.
Un projet de 16 millions d'euros qui ne passe pas. Les syndicats enseignants de la Vienne s'indignent contre la distribution d'un kit pédagogique, sur les Jeux Olympiques 2024, aux élèves des écoles élémentaires. Selon eux, cette démarche est un coup de communication du gouvernement, rien de plus. "C'est une opération lamentable", confie Fabien Vasselin, secrétaire départemental du syndicat SNUDI-FO 86. "On préférerait une communication sur des créations de postes".
"Il n'y a rien de pédagogique"
Ce kit, qui contient un livret pédagogique et une pièce de deux euros, a été distribué ces derniers jours aux élèves du CP au CM2. "Déjà, il n'y a rien de pédagogique, ce sont seulement des mots du Président, du Premier ministre, de l'ancienne ministre de l'Éducation nationale, des mots croisés et des charades. Ce n'est même pas adapté à tous les publics. C'est écrit très petit, c'est compliqué pour les élèves de CP". Sandrine Guibert de l'UNSA Education trouve que la partie sur les Jeux Olympiques est "fort intéressante" mais que "les premières pages à la gloire du gouvernement, sont problématiques". Pour le rectorat de l'Académie de Poitiers, cette opération nationale permet de "transmettre les valeurs et les symboles des Jeux Olympiques aux élèves".
Les cartons comprenant ces kits sont arrivés la semaine dernière dans les écoles de la Vienne. La question du stockage s'est alors posée. "Rien que sur le plan pratico-pratique et sécuritaire, c'était compliqué. Il fallait mettre tous ces cartons dans un local sécurisé. Mais dans les écoles, on n'a pas de coffre-fort pour entreposer une aussi grosse somme d'argent", explique Apolline Letowski du SNUipp - FSU 86. "Dans les règlements d'écoles, on n'a même pas le droit de faire circuler de l'argent, on entre vraiment en contradiction", s'indigne Fabien Vasselin. De son côté, Sandrine Guibert comprend le côté symbolique de la pièce, mais la syndicaliste trouve "dérangeant de distribuer de l’argent au sein de l'école".
"Il y a d'autres urgences"
Cette distribution se fait surtout dans un contexte de tensions. Depuis plusieurs mois, les syndicats enseignants se mobilisent pour dénoncer les coupes budgétaires, les conditions de travail et les dernières réformes annoncées par le ministère de l'Éducation nationale comme le "choc des savoirs" ou encore les groupes de niveaux. "Il y a d'autres urgences que ces kits. Ça fait des mois qu'on alerte le gouvernement sur un certain nombre de choses. Ce dispositif a fait bondir beaucoup de mes collègues, c'est très mal perçu. On nous demande de faire des économies drastiques, mais on dépense 16 millions pour des pièces de monnaie", raconte Apolline Letowski.
16 millions d'euros, ça n’aurait pas suffi à répondre à tous les problèmes, mais ils auraient pu être mieux utilisés.
Fabien VasselinSécrétaire départemental de SNUDI-FO 86
Certaines écoles souhaitaient même ne pas distribuer ces kits, mais cela serait vu comme un "service non fait". "Et maintenant que la communication a été faite, on peut comprendre que certaines familles veulent obtenir ce petit objet". Les syndicats restent mécontents de cette démarche et aimeraient de vraies politiques publiques concernant le sport à l'école, plus utiles pour les élèves, d'après eux. "De nombreuses écoles ne peuvent pas s'acheter du matériel pour l'EPS. Il n'y a pas d'argent pour acheter un lot de ballons de basket par exemple, mais pour une pièce de deux euros, il y en a. C'est incompréhensible", se désole Apolline Letowski, enseignante en école élémentaire. Quatre millions d'élèves sont concernés par cette distribution au niveau national.