Paroles de confinés : "Je travaille mais j'ai l'impression qu'une part de ma liberté m'échappe"

Stéphanie Mergault est infirmière à l'Ehpad Les Châtaigniers à Chauvigny, près de Poitiers. Si aucun des 134 résidents n'a été pour l'instant touché par le Covid-19, elle décrit une période souvent "anxiogène pour les résidents".

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Entretien réalisé par téléphone mercredi 8 avril.

"Les journées au travail sont difficiles, ces jours-ci."

"Ne plus avoir de visite, c'est anxiogène pour les résidents. Au début, ça allait mais maintenant, ça commence à être long pour eux. Surtout que nous avions déjà restreint les visites une bonne semaine avant les annonces du gouvernement." "Depuis, des enfants ont envoyé des dessins, les résidents peuvent les voir. Et on a mis en place les appels avec les familles par Skype. Ça aide !"

A la résidence où je travaille, il n'y a pas de cas de Covid, mais la surveillance est très rapprochée.
- Stéphanie Mergault, infirmière

Attentif au moindre signe

"Il n'y a pas de cas de Covid 19 dans la résidence où je travaille mais nous sommes quand même très à l'affût. Nous restons très attentifs au moindre signe qui pourrait nous mettre sur la piste du virus. Pour les signes du Covid, on parle souvent de toux, de maux de tête, mais nous avons des résidents qui ne sont pas forcément capables d'exprimer où ils ont mal. À nous d'être attentifs. Ca peut parfois se manifester différemment, par des vomissements. Un changement de comportement chez un résident doit aussi nous interpeller." 

"Chez nous, le personnel ne dort pas sur place. Nous portons tous un masque pour travailler et nous appliquons des règles d'hygiène très strictes. Dès l'entrée dans la résidence, lavage des mains, port du masque, prise de température. Nous avons un registre sur lequel tout est noté. Nous mettons ensuite notre tenue professionnelle et quand nous allons dans les chambres des résidents, en plus du masque, nous avons aussi une visière."

Dès qu'un résident rentre de l'hôpital, systématiquement, il va être isolé pendant 14 jours. On fait comme si. 
- Stéphanie Mergault, infirmière

Nos résidents comprennent

"Dès que nous avons un petit doute pour un résident, il faut aussi mettre une charlotte, une surblouse... Avant d'aller le voir et, au moment d'enlever tout ce matériel, nous le faisons avec beaucoup de précaution. Il ne faut pas faire d'erreur pour ne pas risquer de se contaminer ou de contaminer quelqu'un d'autre, c'est ça qui est angoissant pour nous au travail. On veut être sûr de tout faire bien. Par exemple, si un résident rentre de l'hôpital, systématiquement, il va être isolé pendant 14 jours. On fait comme si. On opère une surveillance accrue avec une prise de température deux fois par jour. La surveillance est vraiment rapprochée.""Nos résidents comprennent. Nous avons beaucoup communiqué avec eux. Ça les fait même rire de voir notre accoutrement. Ils sont habitués maintenant, ils n'y prêtent plus attention. Pour adoucir les choses, sur les visières, certains mettent des dessins, des émoticônes, des fleurs, on essaie de les décorer." 

Je continue de travailler comme avant mais j'ai toujours cette impression d'être confinée. 
- Stéphanie Mergault, infirmière

Une période particulière

"Je continue de travailler comme avant mais j'ai toujours cette impression d'être confinée, qu'une part de ma liberté m'échappe. On ne peut plus faire ce que l'on veut, quand on veut et surtout, c'est dur de ne plus voir la famille. Ne pas voir les enfants, ni même mes parents, c'est compliqué."

"Mon fils Jérémy est sans emploi actuellement. Il avait entamé une formation avec Pôle Emploi pour une reconversion professionnelle. Tout est à l'arrêt pour l'instant et on ne sait pas ce qui va se passer."

"Ma fille Coralie a encore le statut d'étudiante, elle vit avec son copain. Elle prépare sa thèse de biologie. Habituellement, elle fait des manipulations en laboratoire pour sa recherche. Comme elle ne peut plus y aller, pour ne pas perdre de temps, elle a commencé la rédaction de sa thèse ! Son objectif reste d'être chercheur."

"Mon mari, Jean-Luc, est dans le transport alimentaire, il continue aussi de travailler, comme d'habitude. Il livre les grandes surfaces et les restaurateurs. Mais il y a eu une baisse du nombre de tournées car les restaurateurs sont fermés." 

"C'est vraiment une période particulière."Les propos ont été relus, mis en forme et édités pour plus de clareté.

Cette série, "Paroles de confinés" s'inspire du travail de la journaliste Mary MacCarthy qui, depuis le début de la crise du Covid-19 aux États-Unis, recueille des témoignages qu'elle publie sur une page Facebook dédiée intitulée "Et vous, comment vous en sortez-vous ?", que nous vous invitons à suivre :
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