Paroles de confinés : « la lecture, c’est mon antidépresseur »

Fabienne Normand, la cinquantaine pimpante, habite Chauvigny et partage son temps entre un emploi d’hôtesse d’accueil dans une usine du Châtelleraudais, de l’aide à domicile pour personnes âgées et ses trois petits-enfants. Elle nous raconte son confinement.

"En ce moment, je suis seule au poste de garde de Valéo. C’est hyper calme. Il y a quelques personnes d’astreinte, c’est vraiment le strict minimum. Ils préparent quand même une réouverture partielle pour la semaine prochaine."

"Mais avec seulement deux camions par jour au lieu d’une trentaine, ça me laisse du temps pour lire, regarder des films."

Je me mets dehors, avec mes chats, un bouquin, ma couverture
- Fabienne Normand, hôtesse d'accueil en usine

"J’adore les polars… Je viens de finir « Vous plaisantez Monsieur Tanner ? » Une collègue m’a demandé des conseils."

« La lecture, c’est mon Prozac, je m’échappe avec… »

"Je me mets dehors, avec mes chats, un bouquin, ma couverture. On papote, de jardin à rue, avec les voisins qui passent. On a un bon petit groupe."

"Je garde mes petits-enfants, parfois. Je prends les précautions nécessaires."

Les enfants ne sont pas cloisonnés. Ils fabriquent des choses : une cabane pour les oiseaux 
- Fabienne Normand, hôtesse d'accueil en usine

"Ils ont 5, 7 et 12 ans. Bon, ils s’ennuient parfois. L’école commence à leur manquer, le plus grand est content d’utiliser Internet pour discuter avec ses copains. Et puis, on fait plein de jeux dehors, cache-cache, un deux trois soleil, ou des jeux de société. Et les devoirs le matin, bien sûr."

"Le coronavirus, ils en parlent, sont conscients de ce que c’est, mais il ne faut pas tomber dans la psychose. Ils ne sont pas cloisonnés dans un appartement, ils fabriquent des choses, on a fait une cabane pour les oiseaux."

"Les personnes âgées sont plus inquiètes. Il faut les aider à relativiser, prendre le temps de parler. Comme elles ne voient pas leurs enfants, ce besoin est encore plus grand."

"L’autre jour, une mamie en fauteuil roulant a fait une crise d’angoisse, j’ai pris un moment pour la promener, la masser, discuter. Certains ont vraiment trop peur, je les encourage à sortir marcher, au moins une demi-heure."

« Faut arriver avec la patate et essayer de passer un bon moment… »

Ne pas aller chez le coiffeur me manque. Ma petite-fille m'a coupé les cheveux, c'était nickel! 
- Fabienne Normand, hôtesse d'accueil en usine

"Sinon, parmi les choses qui m’ennuient le plus, c’est de ne plus pouvoir aller chez le coiffeur. Je suis adepte des coupes courtes, alors j’ai tenté le bonnet un moment. Mais là, au réveil, j’avais l’impression de ressembler à Bonaparte ou César. J’aurais pu demander à un cerf de brouter mais quel résultat!"

"La dernière fois que je suis allée chez ma fille, elle n’a pas voulu m’aider ! Mais sa petite Chloé, 7 ans, ça tombe bien, veut faire coiffeuse. Elle a pris les ciseaux. Au fur et à mesure, elle a coupé, mèche par mèche. Et puis, toute fière, elle est partie chercher son miroir « C’était nickel ! »"

Entretien réalisé le 9 avril. Les propos ont été mis en forme et édités pour plus de clarté.