Natif de Poitiers (Vienne), Pierre Thévenoux est en train de se faire un nom dans le milieu du stand-up. Passé par le Jamel Comedy Club, il fait un tabac au Point Virgule où il se produit jusqu'à fin mars.
Pierre Thévenoux a 32 ans. Il est né à Poitiers et a grandi dans le quartier des Trois Cités. Après un baccalauréat décroché au lycée Camille Guérin, il se lance dans un BTS transport à Angoulême et voyage à travers le monde. Mexique, Cambodge, Espagne, il enchaîne les petits boulots et fait même le Père Noel pour le cirque Octave Singulier. Titulaire d'un master en management de "mec qui sait pas ce qu'il veut faire dans la vie", il se lance finalement dans le stand-up. Son spectacle "Pierre Thévenoux est marrant, normalement" fait salle comble chaque fin de semaine au Point Virgule à Paris.
France 3 : Vous avez un drôle de parcours pour quelqu'un qui fait le clown...
Pierre Thévenoux : Au début, je me suis mis au stand-up pour rigoler, comme on va s'inscrire au badminton ou au théâtre. J'ai toujours été un peu "le con" du groupe, celui qui fait des blagues. Des potes m'avaient suggéré de me lancer, mais moi je n'avais envisagé ce milieu, le show biz... Et puis, ça a commencé à marcher un peu bien, et là je me suis dit : donc en fait, on peut faire un métier qu'on kiffe, ce qui ne me paraissait pas forcément acquis. Depuis, je fais ça à temps plein et je suis bien content. J'ai toujours eu ce plaisir de faire rire. Même quand je ne suis pas sur scène, je vanne beaucoup les gens et j'aime bien aussi me faire vanner. La vanne c'est mon arme de défense.
France 3 : Le Covid, c'est une bonne source d'inspiration pour vanner ? Votre vidéo intitulée "La 3eme dose" a été vue près de 700.000 fois.
Pierre Thévenoux : J'évite de faire trop de blagues là-dessus. Dans mon spectacle, je l'aborde finalement assez peu parce qu'on entend déjà que ça aux infos toute la journée. Donc, j'essaie de parler d'autre chose aux gens, pour leur changer les idées. Mais là, je venais juste de me faire vacciner donc je voulais en parler. Ça fait partie de l'exercice de rebondir sur l'actu et d'écrire un truc, c'est intéressant à faire. Et presque 700.000 vues, c'est cool.
France 3 : Idem pour les complotistes ?
Pierre Thévenoux : J'en ai rencontré pas mal depuis le covid. Ou plutôt, ils se sont mis en avant. Pendant longtemps, je n'ai rien eu à dire sur le sujet alors que parler de l'actu, c'est normalement ce qui marche le mieux quand on est humoriste. Et puis, j'ai eu envie d'écrire dessus. Il y a différents niveaux dans le complotisme, mais il y en a qui me font rire, d'autres qui me font peur, certains m'intéressent. Il y a de tout.
Dieu, les pigeons et plein d'autres trucs
France 3 : Dans le résumé de votre spectacle, il est écrit : "Il vous parlera tout aussi bien de lui, du monde, de Dieu, des pigeons et de plein d’autres trucs qui ont l’air chiants mais qui sont bien en vrai". Vous avez des thèmes de prédilection ou tout vous inspire ?
Pierre Thévenoux : On me pose souvent la question. Je fais de l'humour qui me fait marrer. Ça peut être des sujets à la con genre les relations homme-femme, les couples... Mais je peux aussi parler de la mort. Dans le spectacle, j'aborde tout ça. Je traite aussi de l'écologie, des migrants, de l'argent. Donc, non, je n'ai pas de thèmes de prédilection. Si demain, je sens que je peux écrire un truc drôle sur les kiwis, peut-être que personne n'en aura rien à foutre, mais je le ferai. Je vous rassure, c'est pas prévu.
France 3 : Vous taclez pas mal les réseaux sociaux. TikTok, Instagram et consorts. Vous dites qu'ils rendent fous, y compris les politiques.
Pierre Thévenoux : J'ai besoin des réseaux sociaux pour mon travail (NDLR : sa chaine Youtube compte 46.000 abonnés, sa page Facebook 51.000, son compte Instagram 26.000) donc il m'arrive d'y aller, de scroller et d'ouvrir des trucs que les gens postent. Je vois tout et n'importe quoi. Et quand un jour j'ai vu le ministre des transports Jean-Baptiste Djebbari avec une tête d'animal en train de faire une vidéo, je me suis dit : " Ok. Sois je suis déjà devenu un vieux con, soit il y a un truc qui va pas et il faut que j'en parle". Donc, j'en ai parlé.
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Dans la Vienne, on n'a pas cette grosse fierté régionale que peuvent avoir les Bretons, les Corses ou les Basques.
Pierre Thévenoux
France 3 : Vos racines picto-charentaises, vous vous en moquez aussi. Le Futuroscope, la Vallée des singes, Mouton Village en prennent un peu pour leur grade. Qui aime bien châtie bien, c'est ça ?
Pierre Thévenoux : Je suis très content d'avoir grandi dans cette région, et notamment à Poitiers parce qu'on y vit bien. C'est une ville qui a pile la bonne taille, la campagne n'est pas loin, les gens sont plutôt cool, il n'y a pas de gros drames sociaux. Je m'y suis toujours senti en sécurité. C'est pas loin de Paris, je reviens souvent pour voir mes parents. Et je reviendrai peut-être y vivre dans quelques années, c'est pas un truc que j'exclus en tout cas. Quand j'étais jeune, j'avais accès à plein de trucs, j'espère que c'est encore le cas aujourd'hui. C'était vraiment vraiment bien. Le truc c'est que dans la Vienne, on n'a pas cette grosse fierté régionale que peuvent avoir les Bretons, les Corses ou les Basques. On n'a pas de T-shirt, ni l'autocollant collé sur la bagnole. Le Futuroscope et la Vallée des Singes, j'en parle sur scène, mais en vrai c'est cool. J'y emmène mes neveux, j'y vais pas tout seul. Mouton-Village en revanche... non. Mais bravo ! Un zoo où il n'y a que des moutons, bien joué.
Mollo sur l'info
France 3 : Vous suivez l'actualité du coin ?
Pierre Thévenoux : Quand je reviens, j'aime bien lire la Nouvelle République Centre Presse. Ils ont un truc marrant qui s'appelle "La chronique de Monsieur Écho" ou quelque chose comme ça. Le gars met des missiles à ce qui se passe dans la rue, je trouve ça marrant.
France 3 : Et la politique ? La nouvelle municipalité écologiste à Poitiers, vous en pensez quoi ?
Pierre Thévenoux : Je vois la situation depuis l'extérieur. Je me dis : "ouais, cool, Poitiers c'est écolo". Après, il semblerait qu'il y ait des trucs auxquels il faille s'habituer. Ils éteignent la lumière maintenant la nuit dans certains quartiers, c'est ça ? C'est bizarre. Mais j'y connais rien. Ce sera peut-être bien, à voir. J'ai aussi suivi l'épopée Coupe de France et j'ai cru que ça allait le faire pour le Stade Poitevin, et puis non. Même si j'en ai besoin, je fais gaffe à ne pas trop bouffer d'infos de manière globale. Si je regarde quinze fois par jour, à la fin, j'ai envie de me foutre une balle, donc j'y vais mollo. Mais je regarde de temps en temps, y compris ce qui se passe à Poitiers et dans la région.
France 3 : Revenons sur scène. Vous avez des modèles dans le stand-up ?
Pierre Thévenoux : Pas du tout. En revanche, il y a des gens qui me font rire, pas mal d'humoristes américains notamment. Des gens comme Bill Burr, Louis C.K ou Dave Chappelle. Je les trouve drôle. Pas parce que les Américains font tout mieux mais parce qu'ils font du stand-up depuis bien plus longtemps que nous. En France, Blanche Gardin est aussi très drôle.
France 3 : Vous étiez le mois dernier au festival de Montreux, vous jouez en ce moment à Paris, ce n'est pas trop difficile avec les restrictions sanitaires ?
Pierre Thévenoux : Les jauges c'est pour les salles de plus de 2.000 personnes donc ça va, moi je suis très tranquille au Point Virgule. En plus, tout va sauter dans trois semaines puisque le covid a complètement disparu dans trois semaines si j'ai bien compris. En attendant, c'est vrai que c'est compliqué pour remplir certaines salles. La période est pas ouf pour l'industrie du spectacle. Moi j'ai de la chance, depuis que j'ai commencé c'est blindé. Je vais même faire des dates exceptionnelles, et normalement aussi aller jouer à Bordeaux et Toulouse. Et puis après à Poitiers, qui sait ? Ce serait avec plaisir, en tout cas.
"Pierre Thévenoux est marrant, normalement" au théâtre du Point Virgule à Paris jusqu'au 26 mars.