À Poitiers (Vienne), un septuagénaire réclamait 700.000 euros de dommages et intérêts après une chute sur des pavés glissants en 2018; il estimait que la collectivité est responsable de son accident. Le tribunal administratif qui examinait l’affaire le 23 mars dernier a débouté le plaignant.
Une nouvelle affaire de pavés glissants était présentée le mardi 23 mars devant le tribunal administratif de Poitiers. Un ancien commerçant de la ville attaquait en justice l’agglomération de Grand Poitiers après une chute remontant à trois ans en arrière.
700.000 euros de dommages et intérêts
Nous sommes le 28 février 2018 au soir. Jean-Louis Poirier, 75 ans, ferme son magasin de chaussures, une adresse très connue de la rue Gambetta à Poitiers. Sous la pluie, presque de la neige, le commerçant fait une chute très grave dans une rue pavée à hauteur du magasin Grassin. Il se fracture le crâne, reste trois semaines dans le coma et trois mois à l’hôpital.
Il perd également son travail : son commerce a été placé en liquidation durant son absence, et ses quatre magasins vendus. La raison : pendant son coma, il ne payait plus ses arriérés suite à un redressement judiciaire en 2016.
C’est essentiellement pour couvrir le "préjudice professionnel", selon son avocat Maître Lachaume, que l'ancien commerçant avait entrepris de réclamer 700.000 euros de dommages et intérêts à l’agglomération de Grand Poitiers.
Le rapporteur exclue la responsabilité de l’agglomération
Le tribunal administratif de Poitiers a statué le 8 avril et il a débouté le commerçant de ses demandes, conformément à l’avis du rapporteur public qui avait totalement exclu la responsabilité de Grand Poitiers dans cette affaire. Motif invoqué ? Le plaignant n’apportait pas la preuve du "lien de causalité direct et certain entre l’état des pavés et l’accident" selon son avocat, l’accident s’étant déroulé sans témoin direct. Contactée, la collectivité n'a pas souhaité faire de déclaration sur cette affaire.
Des pavés dangereux
À Poitiers, les pavés du centre-ville ont mauvaise réputation et de nombreuses personnes ont déjà été victimes de chutes. Si les plaintes déposées sont rares, la mairie a déjà été condamnée en 2019 à verser près de 13.500 euros de préjudices à une cycliste dont le vélo avait dérapé sur les pavés de la rue Magenta en 2004. La ville de Poitiers ayant fait appel de sa condamnation, l'affaire est toujours en cours.
L’agglomération assure en revanche que les travaux qui ont commencé en février 2021 dans les rues Carnot et Magenta “ne sont pas directement liés à la chute des piétons ou des cyclistes mais avant tout pour sécuriser le trajet des bus.”