Poitiers : depuis le premier confinement, des parents choisissent d'assurer eux-mêmes la classe à la maison

Près de Poitiers, Aline Nouger assure l'enseignement à domicile de sa fille la plus jeune depuis la rentrée de septembre. Un choix opéré après le confinement du printemps. Son aînée poursuit sa scolarité au collège. Avec la nouvelle fermeture des écoles, elle se retrouve à son tour à la maison.

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C'est une salle de classe sans tableau noir, mais avec un beau pupitre en bois sombre, juste à la taille de Céleste. A 9 ans, elle est élève en CM1 mais ne va plus à l'école. Depuis le mois de septembre 2020, elle suit ses cours dans le salon familial de Jazeneuil, près de Poitiers. Le choix de lui faire l'instruction en famille (IEF) a été pris de manière collégiale, à l'issue du premier confinement du printemps dernier.

"Nous avons vraiment pris la décision en juillet, au moment des réinscriptions", raconte Aline Nouger, la mère de Céleste. "Céleste allait jusque-là à l'école de Jazeneuil mais on savait qu'elle allait devoir quitter la commune en raison d'un rapprochement avec Sanxay, ce qui impliquait 50 minutes de car le matin et 50 minutes le soir."

D'emblée, les trajets quotidiens en transport en commun n'enchantent ni les parents, ni la petite Céleste. Le confinement a alors servi de déclencheur.

Le premier confinement m'a donné confiance. Si je pouvais le faire avec ma fille au collège, je pouvais le faire aussi avec ma fille en élémentaire. 

Aline Nouger, mère de famille

Pendant tout le printemps, Aline Nouger se retrouve elle aussi bloquée à la maison. Guide conférencière de profession, son activité est réduite à néant dès le mois de mars. Comme de nombreux autres parents au même moment, elle surveille les cours à distance de ses enfants. Ceux de Céleste et ceux d'Angèle, l'aînée, alors scolarisée en classe de 6ème au collège de Lusignan.

"Un jour, Angèle a eu quelques difficultés avec des exercices de Maths", se souvient-elle. "Je me suis retrouvée à devoir essayer d'expliquer et j'avais vraiment des doutes sur mes capacités à le faire en Maths ! Finalement, on y est très bien arrivés et progressivement, j'ai pris confiance. C'est vraiment ça, le premier confinement m'a donné confiance, m'a appris que si je pouvais le faire avec ma fille au collège, je parviendrai à le faire aussi pour ma fille en élémentaire qui, on le savait, allait avoir de plus longs trajets à la rentrée."

L'instruction à la maison, un processus familial

L'IEF revient alors dans les discussions à la maison. L'idée trottait dans la tête de cette mère de famille depuis plusieurs années sans qu'elle ne franchisse le pas. 

"Le papa était d'abord contre", raconte Aline. "Mais, ça a été un processus familial."

Frédéric, le père, médecin généraliste, se souvient volontiers de sa réticence, mais aussi que sa femme "voulait tenter l'expérience". Il poursuit : "Ce qui m'a convaincu, c'est que Céleste soit d'accord et, pour l'instant, je n'ai pas de regrets."

Elle a de la chance. A la maison, pas besoin de porter le masque toute la journée. 

Angèle, la grande soeur de Céleste

La famille a subi une première inspection de l'Education nationale il y a quelques mois et a été autorisée à poursuivre l'instruction en famille de Céleste. 

"On avait quelques lacunes à combler en anglais", raconte la maman. Désormais, un papa d'élèves, Irlandais, amène l'anglais dans la salle de classe à la maison. Pour le reste, Aline poursuit avec les manuels que lui a donnés une amie professeure des écoles. 

La première période de confinement a permis à certaines familles d'appréhender les choses différemment. Elles ont eu plus de proximité avec leurs enfants. 

Arnaud Leclerc, DASEN des Deux-Sèvres

L'Education nationale n'est pas surprise de voir que certains parents aient pu opter pour l'IEF cette année. "On était convaincus d'assister à une explosion des chiffres de familles qui voudraient faire l'instruction en famille après le confinement, mais non", observe Arnaud Leclerc, DASEN (directeur académique des services de l'Éducation nationale) pour les Deux-Sèvres. A peine quelques dizaines de familles de plus cette année. "On avait 1.460 familles en IEF l'an dernier, elles sont 1.500 cette année dans nos quatre départements de l'ancien Poitou-Charentes", poursuit-il, mais il concède que "la première période de confinement a permis à certaines familles d'appréhender les choses différemment. Elles ont eu plus de proximité avec leurs enfants."

Mission Mammouth

Si Céleste semble se débrouiller haut la main en Mathématiques, elle reconnaît plus de difficultés en Français. "On passe beaucoup de temps à lire", poursuit la maman. En ce moment, Céleste est plongée dans Mission Mammouth de Xavier-Laurent Petit (Ecole des Loisirs) et se passionne pour l'histoire de cette grand-mère, doyenne de l'humanité, qui lorsqu'elle était enfant à découvert des os de mammouth. 

C'est bien l'école à la maison. J'ai l'impression d'apprendre un peu plus qu'à l'école et que mes journées sont moins fatigantes. 

Céleste, 9 ans, en instruction en famille

Le papa est aussi associé à l'enseignement. A lui la charge de faire réciter les nouveaux mots, "ceux que l'on va ensuite retrouver dans la dictée", poursuit la maman. Quant aux exposés qu'elle ne peut pas présenter en classe, elle les fait par Skype devant une amie de la famille. Elle s'est intéressée aux arbres, aux chats, aux vitamines et au corps humain également.

Sa grande soeur, elle, trouve que Céleste a décidément beaucoup de chance. "Pas besoin de porter le masque toute la journée", dit-elle.

"C'est bien l'école à la maison", concède Céleste dans un sourire timide. "J'ai l'impression d'apprendre un peu plus qu'à l'école et que mes journées sont moins fatigantes. C'est plus difficile pour ma soeur parce que moi, je reste à la maison."

Ecoles fermées, cours en visio!

Actuellement en classe de 5ème au collège de Lusignan, Angèle est elle aussi désormais à la maison. Avec les nouvelles règles sanitaires, elle suit ses cours en visioconférence, depuis sa chambre. Son père, qui ne travaille pas ce jour-là, surveille la connexion vidéo au prochain cours via Pronote. 

"Il faut que tu cliques sur ce lien, là", lui indique-t-il en voyant l'heure tourner. L'instant d'après, le site Internet indique que "la connexion a échoué". L'afflux de connexion a, partout en France, conduit à de forts ralentissements, ce mardi. Interrogé dans la matinée, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a également évoqué "une opération malveillante (…) apparemment venue de l’étranger", de possibles attaques informatiques donc, dont l'impact semble avoir été ensuite résorbé. 

Angèle ne suivra pas le cours de Français prévu en début d'après-midi. En revanche, la connexion pour le cours d'Anglais a parfaitement fonctionné. Comme pour sa soeur, sa journée a finalement été bien occupée, entre exercices de Géographie et devoir maison d'Histoire à renvoyer scanné. 

Si Angèle espère que ses cours à la maison n'iront pas au-delà des quatre nouvelles semaines de confinement, sa soeur Céleste s'est donnée jusqu'à la fin du CM2 avant de retourner physiquement en classe. Elle devrait faire sa rentrée en 6ème au collège de Lusignan qui lui, n'est qu'à dix minutes de car de la maison. 

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