Plusieurs dizaines de personnes attendaient ce mardi matin leur tour devant les entrées de supermarchés, de boulangeries, de boucheries, pour entrer faire leurs courses. Par endroit, la tension était palpable. L'image, inédite, est appelée à marquer les mémoires des Poitevins.
Devant la boulangerie Le Fournil d'Elina à Saint-Benoit (86), vers 10h30 ce mardi matin, une dizaine de personnes fait encore la queue à l'extérieur de la boutique. Chacun prend sa place, à un bon mètre de distance de son voisin de devant.
"C'est qu'ils font rentrer une seule personnes à la fois ?", s'interroge un homme observant la queue s'allonger.
A l'intérieur, la vendeuse sert un client tandis qu'un second patiente à un bon mètre derrière. Il ne reste déjà plus qu'une trentaine de pains dans les paniers.
"Je n'en aurai pas suffisamment jusqu'à midi", constate la vendeuse. "Pourtant, on a cuit 50% de pains en plus, en prévision !"
Seuls restaient en quantité, les viennoiseries et les desserts.
Mais vous n'avez donc rien compris aux mesures que l'on vous demande de respecter depuis 15 jours ? Vous êtes inconscients ! Mettez-vous en ligne, les uns derrière les autres !
(Un policier devant un hypermarché)
Situation tendue devant les hypermarchés
Si tout se déroule dans le calme dans cette boulangerie, sur le parking de certains supermarchés la tension était palpable.Soudainement, trois officiers de police approchent et s'exclament : "Il faut faire la queue et respecter un mètre entre chaque caddie !"
Mais personne ou presque ne bouge.
"Mais vous n'avez donc rien compris aux mesures que l'on vous demande de respecter depuis 15 jours ?", poursuit l'un des trois agents qui monte sérieusement le ton. "Vous êtes inconscients ! Mettez-vous en ligne, les uns derrière les autres !"
Dans la foule, certains s'agacent. Une dame refuse de bouger.
"J'étais là, moi !", s'exclame-t-elle, avant d'obtempérer face à l'intervention policière.
"Il y en aura pour tout le monde! Les supermarchés ne vont pas manquer, vous faites la queue, c'est tout", poursuit l'agent de police.
Aux portes, les entrées sont filtrées. Les clients entrent par groupes d'environ une trentaine de personnes, à chaque sortie de clients, pour limiter le nombre de personnes à l'intérieur. Dans les allées, aucune cohue. Chacun peut faire ses courses dans le calme.
Pourtant, dès la galerie marchande, des clients à peine entrés avancent à toute vitesse, courant même, devant le regard médusé d'autres clients plus sereins.
Les rayons de pâtes, de riz, de papiers hygiéniques, d'articles pour le petit-déjeuner et de manière plus surprenante, de sacs poubelles sont presque tous vides. Ils ont été pris d'assaut.
Certains clients portent des masques et même, pour certains, des gants de ménage en latex...
En caisse, les caissières doivent, elles aussi, "faire la police".
"Respecter les marquages au sol !"
"Il faut respecter les marquages au sol !", peut-on entendre. Certains clients n'avaient semble-t-il pas intégrer le sens de la signalétique, invitant à respecter le minimum d'un mètre entre chaque caddie.Pour sécuriser les caissières dans leur travail et ainsi éviter toute contamination possible, seule une caisse sur deux est ouverte. Les clients déposent leurs courses sur le tapis roulant et doivent emprunter la file parallèle, celle de la caisse fermée, pour passer son caddie et ensuite revenir à sa ligne de caisse récupérer ses achats et régler.
En prévision du confinement de la population à partir de la mi-journée, les Poitevins ont pu faire leurs courses... et surtout, découvrir ce que sera leur quotidien pendant encore au moins quinze jours.
Quelles dérogations possibles ?
Lundi 16 mars 2020, le président de la République a décidé de prendre des mesures pour réduire les contacts et les déplacements au strict minimum sur l’ensemble du territoire, à compter de ce mardi, 17 mars, à 12h00, pour quinze jours minimum.Des dérogations sur attestation seront possibles, sous certaines conditions, à découvrir sur ce lien Internet du ministère de l'Intérieur. Les Français devront se munir d'un document à télécharger, disponible sur ce même lien, pour justifier toutes sorties dérogatoires.