A partir du 2 mars, certaines zones de Poitiers vont être privées d’éclairage public. Guidée par des motivations environnementales et économiques de la nouvelle municipalité écologiste, cette expérimentation de trois mois ne fait pas l’unanimité.
Dès 22 heures, certaines zones de Poitiers vont plonger dans le noir presque total. Aucun éclairage public jusqu’à 5 heures du matin. Une expérimentation qui démarre ce mardi 2 mars. Sont concernés les quartiers du Pâtis, de la cité des sept villes à Bellejouanne, les Couronneries, Beaulieu, la voie Malraux ou encore le périphérique de la porte de Paris jusqu'au triple giratoire de Poitiers Nord.
Lutte contre le gaspillage
Si la nouvelle municipalité écologiste de Poitiers l’a décidé, c’est pour "lutter contre le gaspillage d’argent public et d’énergie", affirme Aloïs Gaborit, vice-président chargé de la transition énergétique à Grand Poitiers.
L’expérimentation de trois mois permettrait 63% d’économie. A la fin du mandat, cela pourrait représenter jusqu’à 800 000 euros économisés.
La municipalité affirme mettre l'accent sur l'aspect sécuritaire et travailler avec les forces de police nationale et municipale. Par exemple, les zones commerciales, mais aussi les rues équipées de caméras de vidéosurveillance resteront allumées.
"J'ai peur que les résultats soient biaisés"
Mais certaines voix s’élèvent et craignent que l’absence d’éclairage renforce l’insécurité. Comme Annick Bouchot, présidente du centre d’information sur les droits des femmes et des familles de la Vienne. "J’ai tout de suite pensé aux femmes qui préfèrent être dans une zone éclairée quand elles rentrent seules." Pour elle, l’expérimentation pendant le couvre-feu de 18 heures n’est pas une bonne idée. "J’ai peur que les résultats soient biaisés. Comme tout le monde est à la maison, et pas dans les rues, la conclusion pourrait être "il n’y a pas d’insécurité", alors que si, il y en a !"
L'opposition, elle, reproche le manque de concertation, mais aussi le choix des quartiers. "Il faut réfléchir à des solutions face à la pollution visuelle mais cela doit se faire dans la concertation", précise Anthony Brottier, conseiller municipal de Poitiers (LREM). "Pas seulement dans des quartiers populaires avec des populations en situation de précarité, mais dans des quartiers résidentiels du centre ville".
À l’issue des trois mois, un bilan et des réunions publiques auront lieu sur la pérennisation de la mesure. L’extension à d’autres secteurs de la ville sera alors envisagée.
> Le plan des secteurs concernés par l'expérimentation est disponible sur le site de la Ville de Poitiers.