Poitiers : deux étudiantes décident d'héberger des mineurs sans papiers

Trois mineurs sans papiers se retrouvent dans une faille juridique : ils ne sont plus reconnus comme mineurs. Balottés d'hôtel en hôtel depuis quelques mois, ils ne sont plus pris en charge par les institutions d'aide à l'enfance. Deux Poitievines ont décidé de les héberger.

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Il leur est impossible de prouver qu'ils sont mineurs, pourtant ces trois jeunes guinéens ne sont pas non plus considérés comme majeurs. Une impasse juridique qui les condamne à vivre dans une grande précarité depuis plusieurs mois à Poitiers.

Âgés de 16 et 17 ans, deux d'entre eux sont arrivés en France en août 2015 et un autre à la fin octobre. Pendant plusieurs mois, ils sont logés dans des hôtels situés face à la gare. Puis la décision de l'Aide sociale à l'enfance tombe : leurs documents d’identité sont jugés "insuffisants" pour prouver leur minorité. L'institution arrête de les prendre en charge.

"Plutôt mourir en France que retourner en Guinée"

Les jeunes ont fait appel de cette décision et doivent maintenant attendre au minimum trois mois leur audience. Deux Poitevines, Marine Bertrand et sa collocataire, ont ont pris la décision d'héberger ces jeunes en errance. 

Aujourd'hui, le collectif "D'ailleurs nous sommes d'ici" appelle à venir en aide à ces deux étudiantes de l'Université de Poitiers qui ne peuvent assumer seules cette charge. L'association voudrait trouver une hébergement pour ces mineurs isolés pour trois mois minimum et récolter des fonds pour subvenir à leurs besoins.

L'objectif du collectif est à terme de trouver un moyen de scolariser ces mineurs pour qu'ils puissent s'insérer sur le marché du travail français. Car pour eux, pas question de quitter la France : "Je préfère mourir en France que retourner dans mon pays", explique l'un d'eux. 

Isabel Hirsch, Thomas Chapuzot, Florent Cavan, Marine Sitaud sont allés à la rencontre de ces mineurs isolés :
Les mineurs isolés
Un mineur isolé étranger (MIE) est un jeune de moins de 18 ans qui n’a pas la nationalité française et se trouve séparé de ses représentants légaux sur le sol français. Il n'existe pas de définition juridique à leur statut.

L'association "France Terre d'Asile" estime à 8 000 le nombre de mineurs isolés étrangers se trouvent en France métropolitaine. 8000 autres seraient en Outre-Mer. 75 à 95 % sont des garçons, précise l'association.

Jusqu'à mai 2013, les autorités soumettaient le mineur isolé à des tests osseux pour déterminer son âge. Le test consistait en une radiographie du poignet destinée à évaluer la maturité osseuse. Mais une circulaire du ministère de la Justice a mis au second plan cette méthode, jugée imprécise : la marge d'erreur était de 6 mois.

Aujourd'hui, des entretiens sont menés avec le mineur isolé pour déterminer si son âge est plausible au regard du récit de son parcours et de son histoire familiale. Au cas où un doute subsisterait, un test osseux est effectué.
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