Du vélo à Poitiers, beaucoup ne retiennent que la partie la plus visible : le succès des deux-roues à assistance électrique. Pourtant, au quotidien, des difficultés émergent pour les cyclistes. Sur Twitter, des usagers relatent les dangers auxquels ils sont parfois confrontés. 

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Dans les villes de France, comme en Poitou-Charentes, le vélo est loué comme un mode de déplacement doux. Pourtant, sur les boulevards, il n'est pas toujours question de douceur mais d'un danger parfois bien réel : le partage parfois difficile des voies de circulation sur les routes. Si les cyclistes sont souvent décriés, les automobilistes ne sont pas exempts de critiques, pas toujours suffisamment attentifs ou respectueux du code de la route. 

Sur Twitter, @VTP86 (vélo86), le compte d'un père de famille qui indique circuler "tous les jours à vélo à Poitiers pour aller travailler", recense toute une série de situations dangereuses, filmées en ville à l'aide d'une caméra GoPro embarquée. 

Premier exemple, un conducteur inattentif coupe la route au cycliste à un feu.

...ou encore, à la sortie de pont Léon Blum, un camion cède, in extremis, la priorité au cycliste, pourtant sur sa voie. Mais les dangers auxquels les cyclistes sont confrontés à Poitiers peuvent se révéler beaucoup plus graves. En témoigne cette collision avec un véhicule. L'automobiliste réglait son GPS sur son téléphone portable et n'a pas vu le deux-roues. 

Réseau adapté ?

La question se pose donc : le réseau cyclable en ville et sur les routes est-il adapté ? Suffisamment sécurisé ?

Nous avons posé la question à plusieurs acteurs du vélo à Poitiers.

Faubourg du Pont-neuf, il n'y a pas de piste cyclable. C'est étroit et rajouter un vélo à l'opération peut vite être compliqué.
- A. de Rocquigny, livreur

Arthur de Rocquigny, livreur à La Poit'à vélo, utilise son vélo au quotidien pour ses livraisons de repas à domicile. 

"Les voitures ont leur espace à elle, c'est la route", constate-t-il. "Nous, on empiète sur leur territoire, on n'a pas notre zone à nous."

Exemple avec la première course de sa journée. Son parcours l'emmène d'un restaurant de la Grand Rue où il réceptionne une commande à la rue de Pierre Levée où elle doit être livrée. Le parcours n'est pas particularièrement dangereux. En revanche, une difficulté émerge.

"Il faut remonter le faubourg du Pont-Neuf", constate Arthur. "Il n'y a pas de piste cyclable. C'est étroit et rajouter un vélo à l'opération peut vite être compliqué."

Dans cette rue, l'espace est en effet partagé entre voitures, deux-roues et autobus, pour le confort parfois d'aucun des usagers. La topographie de la ville, construite sur deux collines, avec de nombreuses rues étroites, limite les possibilités d'aménagement spécifiques au vélo.

Aménagements routiers incomplets

Ce constat, d'autres usagers le partagent. Militant du vélo de longue date à Poitiers, Stéphane Culot, président de l'association Vélocité, constate qu'un certain nombre d'aménagements routiers reste incomplet. Ce jour-là, nous quittons le faubourg du Pont-Neuf en direction de l'avenue de recteur Pineau. Nous le retrouvons au carrefour avec l'avenue du 11 Novembre. Cette artère mène au campus universitaire et reste très empruntée par les étudiants.

"Quand on arrive à cet endroit, il y a un couloir bus et vélo à droite. Si on veut continuer tout droit, les voitures qui se trouvent à notre gauche peuvent tourner et couper notre voie de circulation", constate-t-il. Un danger réel pour les cyclistes qui eux n'ont que cette voie pour se positionner et aller tout droit.

On ne peut pas dire que la mairie ne fait rien. Mais, quand on installe des bandes cyclables, il faut penser à les entretenir.
- S. Culot, Vélocité

De l'autre côté du carrefour, un sas est dessiné au niveau des feux de circulation. Il permet aux cyclistes d'être visibles et de se positionner sur la bonne file, devant les automobilistes. Stéphane Culot estime que ce type d'aménagement devrait être généralisé. Cet ancien chauffeur de bus est un interlocuteur de longue date de la mairie. Il est souvent critique même s'il a vu la cause du vélo évoluer positivement dans la ville.

"J'ai appris à être patient", explique-t-il. "On ne peut pas dire que la mairie ne fait rien. Mais, par exemple, quand on installe des bandes cyclables, il faut penser à les entretenir."

Le risque, sinon, est de les voir disparaître progressivement, laissant cyclistes et automobilistes dans l'incertitude quant à l'attitude à adopter.

Voies ou pistes cyclables ?

Pour d'autres acteurs du vélo à Poitiers, les aménagements pour les cyclistes n'en seraient en fait qu'à leurs balbutiements. Selon des données fournies par la ville, 70 km de voies cyclables existent à Poitiers dont près de 9 km sont partagées avec les bus.
 
"Les personnes qui viennent vers nous se plaignent que les bandes cyclables ne sont pas assez larges et du manque d'entretien de la signalisation", explique Jean-Pierre Favreau, président de la Prévention routière de la Vienne.

Nous le retrouvons avenue du Président Kennedy dans le quartier des Couronneries. Il pointe du doigt un aménagement cyclable partagé. Par endroits, la voie est effacée et, plus loin, supprimée par de récents travaux de voirie. Elle n'a pas été repeinte lorsque le nouveau bitume a été posé.

"La voie est interrompue", poursuit-il, "et, les gens se sentent en insécurité, en fait."

Du plan vélo à Poitiers, beaucoup retiennent souvent le plus visible : le succès des vélos à assistance électrique.   
  
Anne Gérard, vice-présidente aux Transports de la communauté urbaine de Grand Poitiers, est l'une des actrices de cette réussite.

"Notre idée était de favoriser la voirie partagée", explique-t-elle. "Des cyclistes nous disent que plus ils sont nombreux sur la route, plus ils vont être respectés. Mais évidemment, vous avez raison, ils ont besoin de plus de sécurité."

Pour elle, il est temps d'"aller plus loin."

Mais pour beaucoup, la bande cyclable qui invite à partager la route avec voitures et bus ne va pas assez loin en matière de sécurité routière. Le réel aménagement attendu serait celui de la piste cyclable, très clairement séparée des voies automobiles. 

Reportage de Clément Massé, Stéphane Bourin et Carine Grivet :
 
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