En 40 ans, le Poitiers Film Festival a vu défiler des dizaines de jeunes cinéastes encore étudiants. Depuis, certains comptent parmi les grands du cinéma mondial. Franco Lolli a été primé en 2007 à Poitiers. Son premier long métrage, "Gente de Bien", a été sélectionné au festival de Cannes en 2014.
Ethan Coen, Noémie Lvovsky, Arnaud Desplechin, Emmanuelle Bercot, Nadav Lapid, Pascale Ferran ou encore Lucrecia Martel, sept cinéastes bien connus des critiques et des cinéphiles. Et, de plus en plus, du grand public. Toutes et tous ont cette particularité d'avoir un jour été sélectionnés au Poitiers Film Festival ou, à l'époque, les Rencontres Internationales Henri Langlois.L'an dernier, Emmanuelle Bercot, diplômée de la Femis, est revenue présenter "La Fille de Brest", en ouverture du festival. Elle a également animé un atelier professionnel à destination des cinéastes sélectionnés.
Dix-neuf ans auparavant, en 1997, elle présentait un court métrage d'école "Les Vacances". Depuis, sa carrière l'a menée jusqu'aux marches du Festival des Cannes et de la soirée des Césars où son actrice, Sidse Babett Knudsen, a reçu le César de la meilleure actrice.
La même année, le Prix de la Mise en scène était remis à un jeune cinéaste britannique, Asif Kapadia. Il présentait "The Sheep Thief" (Film en entier) pour lequel il sera ensuite remarqué au festival de Cannes. Il a depuis mené une belle carrière couronnée d'un oscar à Hollywood en 2016.
Il revient cette année à Poitiers. Le Poitiers Film Festival en a fait son invité d'honneur de la soirée anniversaire des 40 ans, dimanche 3 décembre, à partir de 18h.
Il présentera notamment son documentaire "Amy" sur la chanteuse Amy Winehouse (oscar du meilleur documentaire en 2016).
Asif Kapadia prépare actuellement un documentaire sur... Maradona.
Poitiers, une étape importante
Pour lui, comme pour d'autres jeunes réalisateurs, le Poitiers Film Festival s'est révélé une étape importante dans sa jeune carrière.
En 2007, Franco Lolli présentait un film d'école, "Como todo el mundo" (La Femis), lauréat du Grand prix du jury cette année-là. Lui aussi, depuis, a vu sa carrière le mener jusqu'au festival de Cannes.
Son premier long métrage, "Gente de Bien", tourné en Colombie, a été présenté en 2014 à la Semaine de la critique.Je sortais de la Femis. C'était le premier film que je tournais en Colombie (...), le premier des prix qu'il a reçus, c'était à Poitiers (F. Lolli)
Poitiers reste pour lui une étape marquante dans sa carrière de cinéaste.
"Je sortais de la Femis, j'avais 24 ans. C'était le premier film que je tournais en Colombie, le premier à aller en festival aussi, et surtout, le premier des prix qu'il a reçus, c'était à Poitiers."
Avant son triomphe au festival de Clermont-Ferrand et un autre Grand prix.
"J'ai fait beaucoup de rencontres à Poitiers. Se lier d'amitié avec un cinéaste islandais, ça ne pouvait se faire qu'ici. A la différence d'un festival comme Clermont-Ferrand où l'on rencontre des gens de toutes les générations, à Poitiers, on était tous étudiants."
Franco Lolli se souvient à quel point "c'était impressionnant de recevoir le Grand Prix (des RIHL) alors qu'il y avait autant de films en compétition!"A Poitiers, j'ai vraiment senti que quelque chose était en train de se passer (F. Lolli)
Il confie : "A Poitiers, j'ai vraiment senti que quelque chose était en train de se passer."
Des projets et des difficultés de financement
Au même moment, en décembre 2007, son film obtient en Colombie les prix du meilleur court-métrage de l'année, du meilleur acteur et de la meilleure actrice dans un court-métrage.
A la suite de cela, il se souvient que "beaucoup de producteurs se sont intéressés à son film". Et surtout, à ses projets futurs.
"J'ai eu beaucoup de propositions, j'ai écrit des courts. Certains ne se sont pas faits, un autre, oui, a été présenté au festival de Cannes."
Parallèlement, il continuait de travailler sur le scénario de son premier long métrage "Gente de Bien", sorti en 2015 en France.
"Le financement de ce film a été plus difficile, pourtant. On n'a pas eu le CNC français, ni Arte. Mais on a obtenu plein de petits financements et des producteurs français ont mis un peu d'argent. Ca tient finalement à peu de choses."
Membre du jury
Son histoire avec Poitiers ne s'arrête pas à son Grand prix en 2007. L'année suivante, le festival le sollicite pour rejoindre le jury.
Il se souvient d'avoir pris conscience à ce moment-là de la difficulté pour un film d'émerger parmi tous les autres, souvent aussi de très bon films.
"On a débattu cinq heures! et on n'est pas parvenus à se mettre d'accord sur un Grand prix. On a fini par remettre deux prix ex-aequo."
Les deux films Grand prix du festival 2008, "Nagle na zawsze" du Polonais Zbigniew Bzymek, et "Stand Up" du Britannique Joseph Pierce, ont marqué le jeune cinéaste.
"Ce film polonais, il me hante toujours, depuis."
Alors, revenir pour les 40 ans du festival et le focus sur le cinéma colombien ? "J'ai dit oui tout de suite", assure Franco Lolli. "Ca me plait de revenir ici. Ca me renvoie aussi à tout ce que j'ai fait depuis! Et en plus, je viens avec d'autres amis colombiens."
Depuis, Franco Lolli vit principalement en Colombie. Il s'apprête à tourner son prochain long métrage là-bas, en août et septembre 2018. Il garde des attaches fortes avec la France. La productrice Sylvie Pialat coproduit son film. Tous les deux se sont engagés dans une collaboration de cinéma lorsqu'elle avait produit un autre court-métrage, présenté à Cannes.
Rendez-vous:
Dimanche 3 décembre à 18h au TAP Théâtre, soirée anniversaire avec Asif Kapadia et projection de plusieurs de ses films, dont "Amy".
Mercredi 6 décembre au TAP Castille, à 21h, rencontre avec Franco Lolli et projection de "Gente de Bien".