Poitiers : une jeune femme victime d'une agression transphobe

Mendy, 22 ans, une jeune femme transgenre, a été victime d'une agression dans la nuit de mercredi à jeudi. Elle n'a pas subi de violence physique, mais a été la cible de plusieurs insultes LGBT-phobes. Deux de ses trois agresseurs ont été interpellés.

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Pas de violence physique, mais des blessures morales encore ouvertes. Dans la nuit de mercredi 29 à jeudi 30 juillet, Mendy a été agressée par trois adolescents sur le viaduc Léon-Blum à Poitiers.

"Trois jeunes sont venus m'interpeller, raconte la jeune femme de 22 ans. Ils m'ont demandé 150 euros. Je suis parti en traçant ma route. Ils sont revenus vers moi, ils m'ont encerclé et m'ont pris mon sac et ma carte bancaire." Heureusement, Mendy ne reçoit aucun coup. "Un groupe de filles est arrivé et est intervenu", précise-t-elle. Un acte qui a peut-être dissuadé les agresseurs d'être physiquement violents.

Cette agression pourrait n'être qu'une histoire de déliquance de plus. Mais voilà : Mendy est une femme transgenre. Et pour elle, aucun doute, "c'était un acte transphobe".

Ils ont dit des grossièretés transphobes et homophobes, comme "sale pédé", "sale trans" ou "tu es un travesti".

Mendy

"J'ai vraiment peur qu'il m'arrive quelque chose"

Mendy a décidé de porter plainte, aidée psychologiquement et dans ses démarches par l'antenne locale de l'association Le Refuge. Deux des trois agresseurs ont pu être arrêtés. Après un passage devant un juge des enfants ce vendredi 31 juillet, ils ont été mis en examen pour tentative d'extorsion en raison de l'orientation sexuelle.

Mais pour Mendy, un long chemin reste à faire. Désormais, elle dit avoir "peur de sortir, parce que le troisième est encore dehors. J'ai vraiment peur qu'il m'arrive quelque chose."

Une peur justifiée, pour le responsable local du Refuge Yohann Allemand :

On a recensé douze actes LGBT-phobes à Poitiers, on ne peut plus accepter ça, il faut que ça cesse. 

Yohann Allemand

Dans son dernier rapport, SOS Homophobie dénombrait ainsi une augmentation de 26% des témoignages d'actes LGBT-phobes en 2019 par rapport à 2018 en France. Un chiffre annuel en constante augmentation depuis 2015.

"Je ne veux pas que ça arrive à quelqu'un d'autre"

Pour Yohann Allemand, cette augmentation signifie à la fois que les cas sont mieux partagés parce que "les personnes LGBT s'assument plus facilement", mais aussi simplement car les faits sont plus nombreux. "La parole homophobe se libère sur les réseaux sociaux notamment", note-t-il.

Alors pour ses agresseurs, Mendy veut une sanction exemplaire, "que ce soit puni qu'ils aillent en prison". Avec comme objectif final de faire évoluer les consciences : 

Je ne veux pas que ça arrive à quelqu'un d'autre. [...] On est différents, mais on est comme tout le monde. Je ne comprends pas que, dans le monde actuel, ce soit compliqué à accepter. C'est pas parce qu'on est trans, lesbienne ou gay que c'est la fin du monde.

Mendy

Le Refuge a lancé un appel sur sa page Facebook, afin de retrouver les trois jeunes filles d'une vingtaine d'années qui se sont interposées lors de l'agression. Objectif : "qu'elles puissent témoigner", précise le post.En juin, une agression homophobe avait déjà été perpétrée par plusieurs mineurs. Pour Yohann Allemand, l'une des priorités est de "faire un gros travail avec les associations LGBT de Poitiers sur la sensibilisation des jeunes". Le Refuge fait de son côté des interventions en milieu scolaire, mais dit vouloir également "sensibiliser les adultes". Pour que Mendy puisse à nouveau sortir de chez elle sans avoir la peur au ventre.
 
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