Une jeune mère de famille âgée de 32 ans est décédée des suites de la rougeole le 10 février au CHU de Poitiers où elle était hospitalisée depuis le 1er février. Sa mère assure aujourd'hui que sa fille a contracté la maladie, fin janvier, au CHU alors qu'elle accompagnait son père aux urgences.
"L'état de santé de ma fille s'est dégradé en deux ou trois jours" témoigne aujourd'hui Yolande Riquelmé, la mère de la jeune Poitevine décédée samedi dernier au CHU.Au cours d'un entretien qu'elle nous a accordé, elle assure que sa fille a contracté la rougeole alors qu'elle s'était rendue fin janvier aux urgences pour accompagner son père.
"J'en suis certaine car Jessica ne sortait jamais de la maison donc elle n'a pas pu la contracter ailleurs car c'est le seul endroit endroit dans lequel elle s'est rendue" explique-t-elle. "D'ailleurs quand je l'ai dit personne ne l'a contesté" ajoute-t-elle.
Selon elle, les mesures de précaution prises par l'hôpital n'étaient pas très visibles. "Ce jour-là, à part quelques membres du personnel qui distribuaient des masques à l'occasion. C'était pas systématique et il n'y avait rien de prévu à l'entrée. Cela a été fait après. Le 1er février, lorsque j'ai emmené Jessica aux urgences, il y avait un portant avec masques et produits pour décontaminer." nous dit la mère de la jeune femme. Pour sa part, le CHU affirme dans un communiqué que "dès le début de l’épidémie, l’établissement a décidé d’imposer le port d’un masque pour toute personne se présentant aux services d’urgences adultes et pédiatriques."
"Allez vous faire vacciner"
Le 1er février, elle a conduit sa fille à l'hôpital.Jessica n'était pas vaccinée et aujourd'hui sa mère multiplie les messages pour appeler tous les gens qui l'ont côtoyé pour leur dire de sa faire vacciner."Ils m'ont dit que c'était très grave et qu'ils allaient être obligés de provoquer un coma pour intuber Jessica de façon qu'elle puisse respirer car son sang n'était plus oxygéné. C'est la dernière fois que je l'ai vue puis elle a été conduite en réanimation" raconte Yolande Riquelmé.
C'est le message qu'elle veut aujourd'hui mettre en avant : l'importance de se faire vacciner pour enrayer l'épidémie. "Vaccinez vous rapidement" lance-t-elle avant d'ajouter "Ce que je voudrais dire c'est que c'est lamentable d'entrer dans un endroit où on doit nous soigner et ressortir malade ou ne jamais ressortir comme ma fille. Il y a des mesures de prévention à prendre.""J'ai pris les devants. J'ai prévenu les écoles etc... je me suis fait vacciner tout de suite et tous les gens qui l'avaient côtoyé je les ai prévenu pour qu'ils aillent se faire vacciner" assure-t-elle.
Une maladie très contagieuse qui se propage vite en Nouvelle-Aquitaine
Ce message d'alerte et de prévention rejoint celui délivré aujourd'hui par l'ARS (Agence Régionale de Santé) qui appelle la population à se faire vacciner face à l'épidémie de rougeole qui se développe très rapidement en Nouvelle-Aquitaine. On y recense aujourd'hui 269 cas confirmés pour 387 au niveau national."Grâce à la vaccination, le virus de la rougeole a circulé à très bas bruit pendant des années. Aujourd'hui, à l'heure de cette recrudescence, on se retrouve avec des jeunes adultes dont le système immunitaire n'a jamais été confronté au virus", explique à Daniel Lévy-Brühl, responsable de l'unité chargée des infections respiratoires et de la vaccination au sein de l'agence sanitaire Santé publique France.
"C'est le reflet de l'histoire de la vaccination en France: il y a des gens de 20 à 40 ans qui ont grandi sans être vaccinés et se retrouvent aujourd'hui non-immunisés. Il reste un énorme réservoir de sujets non-immunisés, qui peuvent être demain les prochains cas de rougeole, voire de décès", dit-il.
Avec ce décès, 21 personnes sont mortes de la rougeole depuis 2008, essentiellement de jeunes adultes.