Poitiers. "On ne lâche rien" à la manifestation contre la réforme des retraites

Au moins 2.000 personnes ont marché cet après-midi à Poitiers contre la réforme des retraites. Le défilé a été marqué par la mobilisation des avocats devant le palais de Justice, d'abord interdits d'entrée aux audiences où ils devaient se déclarer grévistes et assister aux renvois des affaires.

Au neuvième jour de mobilisation interprofessionnelle contre la réforme des retraites, la mobilisation est restée forte à Poitiers, bien que moins importante que lors des précédents rassemblements. 

Selon les syndicats, au moins 2.000 personnes ont défilé ce jeudi dans les rues de Poitiers, au départ de la Porte de Paris, en direction notamment du palais de Justice.

Enseignants, grands perdants de la réforme

Dans le cortège, les motivations n'ont pas changé. Interrogée sur les raisons de sa participation, Sandrine, professeure des écoles lance : "Il me semble qu'ils n'ont toujours pas retiré ce projet de réforme des retraites, non ?"

Pour elle, les enseignants, et notamment les professeurs des écoles, restent "les grands perdants de la réforme". "Nos syndicats évaluent à 500 euros net mensuel nos pertes de revenus à la retraite."

Avec sa collègue Laëtitia, elle reconnait qu'à ce projet de réforme, s'ajoute "un gros ras-le-bol de la profession enseignante".

"On nous parle de revalorisation salariale", poursuit Laëtitia. "Mais pour l'instant, on ne voit rien venir. C'est très flou."

"Une retraite pour mes enfants"

Dans le cortège, plusieurs générations se cotoient. A la fois, de jeunes manifestants âgés d'une vingtaine d'années et de plus âgés, dont certains déjà retraités.

"J'ai deux enfants, mais vous voyez, je sais qu'une fois qu'on aura basculé dans cette réforme des retraites, on ne reviendra pas en arrière", explique Sébastien, salarié EDF, déjà à son douzième jour de grève. "Et moi, je pense à eux. Je suis là pour mes gamins. Pour qu'ils aient une retraite, eux aussi."

Dans le défilé, plusieurs slogans reviennent : "On ne lâche rien" ou encore "Cette réforme, on n'en veut pas".

La branche retraite est une branche de la protection sociale. C'est la première branche que l'on est en train de nous couper. Après, ce sera tout l'arbre qui tombera.
(Sofia, agent de la Sécurité sociale)

"Notre retraite, un modèle social!"

Un autre slogan suggère, non sans humour, que "leurs yachts échoueront sur nos grèves".

Pancarte à la main, Alban, enseignant en Sciences économiques, explique qu'à travers ce slogan, il entend diffuser "un imaginaire plus positif".

"Comme cela, je pourrai expliquer à mes enfants ce que c'était quand il y en avait, des yachts!", poursuit-il.

Un peu plus loin, Sofia, agent de la Sécurité sociale défile, seule. "Oui, je regrette que l'on ne soit pas plus nombreux (de mon corps de métier)", indique-t-elle un brin fataliste. 

Puis, elle explique : "La branche retraite est une branche de la protection sociale. C'est la première branche que l'on est en train de nous couper. Après, ce sera tout l'arbre qui tombera."

Pour elle, "c'est un modèle social que l'on met à mal. Pour moi, c'est le meilleur d'Europe. Est-ce parce qu'il est si bon qu'on le met à terre aujourd'hui ?"

A 46 ans, elle remarque qu'aujourd'hui, "on préfère cibler les régimes spéciaux alors qu'il faudrait s'attaquer toujours plus au chômage pour faire rentrer des côtisations sociales."

Avocats interdits d'accès au palais de Justice

A l'approche du palais de Justice, le défilé retrouve la manifestation des avocats du barreau de Poitiers, brandissant des pancartes avec des slogans tels que "Pour un droit à la retraite, pas un retrait du droit".

Leur mouvement a été marqué en début d'après-midi par l'interdiction qui leur a d'abord été faite d'accéder au tribunal.

"A 13h30, on nous a interdits l'accès au palais de Justice", exlique notamment Me Sylvie Martin. "On était un danger, apparemment. Les gens convoqués et les magistrats pouvaient entrer mais pas nous. C'est incroyable!"

Un témoignage confirmé par plusieurs autres avocats présents jeudi après-midi, notamment Me Stéphane Pilon qui a pu filmer la scène. "On a ensuite obtenu le renvoi des audiences, sur opposition du Parquet", poursuit Me Adeline Sabouret-Menan. "Ce lieu de justice est sensé être notre maison!"

Plusieurs témoignages d'avocats confirment que les affaires "ont ensuite été renvoyées en toute sérénité".
Tandis que le cortège poursuivait sa route en direction du Pont-Neuf, un homme s'arrête sur le bas côté pour échanger avec un ami.

"Pour faire rentrer des côtisations, c'est simple : égalité de salaire entre les femmes et les hommes! Ca fera rentrer des millions dans les caisses!"

L'homme s'indigne : "Ce qui est proposé, c'est une retraite pour les riches, pas pour les pauvres!", avant de désigner son panneau du doigt sur lequel on pouvait lire : "Macron spolie nos retraites pour les offrir à Black Rock". 

 
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