Les jeunes de la Gibauderie à Poitiers ont réalisé, entre lundi et vendredi, une peinture géante sur un mur de leur quartier. Un projet monté par les Beaux-Arts et le Miroir, de A à Z avec les habitants.
La chaleur n'a pas étouffé les jeunes de la Gibauderie ce vendredi 31 juillet. Après cinq jours de travail, une peinture géante toute neuve a fait son apparition sur un mur du parc de ce quartier du sud-est de Poitiers. Cette initiative artistique a été pilotée par les Beaux-Arts, le Miroir (un projet culturel créé pour brasser les genres à Poitiers) et la maison de quartier de la Gibauderie.
En tout, neuf projets artistiques -huit à Poitiers, et un à Chauvigy, également dans la Vienne- ont été mis en place par les ateliers des Beaux-Arts cet été. Avec, au programme, de nombreuses disciplines différentes : graff, sérigraphie, collage, peinture sur plexiglas...
Le tout avec un point commun, selon le directeur du Miroir Jean-Luc Dorchies :
Tous les projets évoquent la problématique du confinement. Le premier but était de réfléchir à ce qui était arriver en permettant aux habitants de s'exprimer, [...] et peut-être aussi penser à l'après.
Une bande-dessinée grandeur nature
Alors depuis lundi 27 juillet, les habitants de la Gibauderie ont pu voir apparaître sur ce mur gris un fond bleu ciel, puis des encadrures de fenêtres à travers lesquelles se dessinent des silhouettes, puis leurs expressions, leurs yeux et leurs bouches, d'où ont fini par sortir des mots dans des bulles de bande-dessinée.Un concept imaginé par Khassatu Ba, une jeune peintre et illustratrice de BD, ancienne élève de l'Ecole européenne supérieure de l'Image de Poitiers. "Avec les enfants, on a sélectionnés les mots qui les ont le plus marqués" à travers une série de propositions faites par des habitants à la maison de quartier, raconte l'artiste.Ainsi, des bouches de ces personnages enfermés dans leurs fenêtres en deux dimensions, sortent des mots, des idées : liberté, entraide, famille, découverte ou encore bisous (une peinture a bien le droit d'enfreindre les gestes barrières). Autre mot : distance. La "distance avec les proches", ressentie par une jeune artiste en herbe habitante du quartier. "C'est de l'expression, ça permet de dire ce que j'ai vécu", raconte-t-elle, enthousisaste.
Deux espaces vides pour laisser la place au futur
S'exprimer, tous avaient le droit de le faire, sans distinction de connaissances et de capacités artistiques, explique Khassatu Ba :Ce vendredi 31 juillet à 17h, la fresque a été inaugurée sous une chaleur de plomb, en présence notamment de la maire de Poitiers Léonore Moncond'huy. De part et d'autre, deux emplacements ont été laissés vierges. "C'est un projet mené sur trois ans", précise Jean-Luc Dorchies. Les deux autres côtés seront ainsi complétés par des peintures en 2021 et 2022, pour donner "l'évolution de la façon dont les gens se représentent la pandémie, en espérant qu'elle soit positive".Une fois l'idée acceptée, chacun faisait ce qu'il voulait. Ceux qui voulaient faire de la couleur faisaient de la couleur par exemple. Je savais que j'allais travailler avec des amateurs. Et c'est un vrai challenge. Parce que c'est une très grande surface et que c'est travailler avec des jeunes.
Pour voir le deuxième volet de la peinture murale collaborative de la Gibauderie, rendez-vous donc l'été prochain. En espérant que les personnages de l'édition 2021 ne soient pas àeux-aussi confinés.