Le défilé pictave est parti du stade Rébeilleau à 14h en direction de la porte de Paris, via le faubourg du Pont-Neuf. Dans le cortège, des étudiants, des salariés mais aussi beaucoup de retraités.
Un défilé, sous un large soleil d'automne : vers 14h, ce mardi, plusieurs milliers de personnes attendent devant le stade Rébeilleau de Poitiers le début de la marche. Echarpes et manteaux sont de rigueur. Très vite, les premières banderolles des syndicats envahissent le pavé, sous le regard des forces de l'ordre en nombre.
Sur le bord l'avenue, un groupe de retraités s'engage dans le rassemblement.
"On vient renforcer les rangs, en soutien", lance Martine, retraitée de l'Education nationale.
La casquette légèrement relevée, son mari approuve d'un signe de la tête. "On est là pour nos enfants et petits-enfants", explique Daniel, ancien salarié de France Télécom. "On ne veut pas d'une retraite à points!"
Juste derrière eux, des étudiants, loin de penser à leur retraite. Et, pourtant. Paul, étudiant de 23 ans en master Administration publique à l'Université de Poitiers, explique qu'il est venu manifester pour défendre des "valeurs".On reste attentif à ce qui sera annoncé demain, si ce sont des choix politiques qui vont dans le sens des plus riches ou pas
- Un manifestant
"On demande toujours aux mêmes de se sacrifier !", exlique-t-il. "Je souhaite que les richesses soient mieux réparties."
Etudiants et lycéens, aussi, dans le cortège
Elodie Maillard est venue de Loudun où elle enseigne les Arts appliqués au lycée professionnel Marc Godrie. Si elle manifeste aujourd'hui contre la réforme des retraites, c'est "parce que c'est un système inégalitaire"."Depuis la rentrée", explique-t-elle, "on se prend la réforme du baccalauréat et, maintenant, celle des retraites. On nous tire dessus de tous les côtés !"
Dans le défilé, les banderolles d'établissements scolaires sont très visibles. Celle du lycée Mandela de Poitiers, par exemple. Les lycéens sont présents en nombre.
"On manifeste autant contre la réforme des retraites que contre celle du baccalauréat", raconte une élève de Terminale qui souhaite conserver l'anonymat. "Avec ces réformes, on ne sait pas où l'on va!", s'exclame-t-elle. "Avec ce bac, quelle formation pourra-t-on faire après, ça va nous mener vers quoi ? Quel travail ? On va mettre combien de temps avant d'être diplômé ? Et ensuite trouver un travail, à quel âge ? C'est tellement flou. Autant de temps que l'on ne côtisera pas, alors la retraite...!"
"On est en grève depuis jeudi", explique Kevin Saunders, professeur de Français au lycée Mandela. "La réforme des retraites, d'une manière générale, nous paraît injuste, surtout pour les plus précaires." Pour lui également, elle s'ajoute "à celle du baccalauréat". "On nous l'a imposée en début d'année, maintenant, celle-là, on cumule !"
L'un de ses collègues fait part de son ras-le-bol général et complète : "On nous force à mal travailler et ça se ressent! On n'en peut plus, je vous l'assure, on n'en peut plus! Des collègues ont accepté aujourd'hui de remplacer des grévistes!! Si l'Education nationale, c'est ce que c'est en train de devenir, je vais préférer quitter le navire. Ma femme me dit que je me rends malade. Et si je me rends effectivement malade, ma retraite, je ne l'aurai même pas."
La retraite n'est pas à vendre, car elle n'est pas une valeur marchande (slogan)
"Valoriser la place syndicale"
Nicolas Hay, lui, défile avec le syndicat français des artistes, affilié à la CGT (CGT-SFA). S'il reconnaît ne pas être "au taquet" sur la question des retraites, il est venu à l'appel de son syndicat. Pour lui, il importe aujourd'hui "de valoriser la place syndicale". Comédien de profession, il milite depuis ses 18 ans."On reste attentif à ce qui sera annoncé demain, si ce sont des choix politiques qui vont dans le sens des plus riches ou pas", explique-t-il.
Pour lui, sa présence dans le défilé va au-delà de la simple question des retraites.
"Il y a aussi toute la politique migratoire française, et européenne où nos élus ont leur mot à dire", note-t-il. "Je trouve que les conditions d'accueil des personnes migrantes sont parfois non-respectueuses des droits humains."
Alors que le défilé descend le Faubourg du Pont-Neuf, les camionnettes des syndicats chantent leurs slogans.
Le plus repris, jeudi après-midi, celui-ci : "La retraite n'est pas à vendre, car elle n'est pas une valeur marchande".
Première manifestation à 6h30 à Civaux
Si la manifestation pictave a rassemblé plus de 5.000 personnes, le premier rassemblement contre la réforme des retraites a commencé beaucoup plus tôt ce jeudi matin, dès 06h30, à la centrale de Civaux avec, selon la CGT, "un filtrage du site"."Des rassemblements ont été organisés sur tous les sites nucléaires français", indique la CGT."Le mouvement va s'amplifier", poursuit le syndicat. "Ce sera en fonction des annonces gouvernementales."
Gros moyen de pression sur le gouvernement : la "baisse de charge".
"Ca veut dire qu' l'on peut produire moins d'électricité et donc, EDF doit importer de l'électricité et pour le gouvernement, ça, ça a un coût."
Le syndicat CGT de la centrale nucléaire de production d'électicité (CNPE) de Civaux indique qu'une assemblée générale est prévue mercredi à 11h pour envisager la suite à donner au mouvement, "avec les salariés".
Reportage de Florent Loiseau et Alexandra Lassiaille :