Une mission de réflexion est lancée en vue de la transformation de l’aéroport de Poitiers Biard. Les vols sanitaires devraient se poursuivre. Mais la question de l'avenir des vols commerciaux se pose.
« Il y aura toujours des avions qui se poseront et décolleront de Biard », lance Gilles Morisseau, maire de Biard et vice-président de Grand Poitiers. Si la remarque se veut rassurante, la réflexion sur l'avenir de l'aéroport n'en est pas moins bel et bien engagée. Le développement économique du site et sa transition écologique sont le centre des préoccupations des élus de Grand Poitiers. Lors d’une réunion lundi 8 novembre (quelques jours avant de se rendre en train à Glasgow pour la COP26), Léonore Moncond'huy, Florence Jardin, présidente de Grand Poitiers, et le vice-président Gilles Morisseau ont lancé une mission visant à réfléchir à l'évolution du site aéroportuaire.
« Nous devons réfléchir à sa transformation, poursuit Gilles Morisseau. Il nous coûte trop d’argent ».
Un aéroport pas rentable
Cette année, les collectivités, le département de la Vienne et Grand Poitiers, ont subventionné l’aéroport à hauteur de 2 millions d’euros. Or, même si le Covid est passé par là, le site accueille chaque année, de moins en moins de passagers. 116.633 en 2019, 38.834 en 2020 et seulement 19.452 en 2021.
« Les objectifs de développement du trafic passagers n’ont jamais été atteints quel que soit le délégataire. Nous voulons questionner le modèle économique actuel car aujourd’hui, il n’est pas rentable », souligne Florence Jardin.
Quid des vols commerciaux
Les élus ne veulent pas supprimer la structure aéroportuaire mais l’adapter en fonction des besoins de leur territoire. La réflexion devrait inclure les acteurs locaux mais aussi avec les habitants de l'agglomération pour connaître leurs besoins et comment ils utilisent l’aéroport.
Les vols sanitaires vont se poursuivre comme l’aviation d’affaires ou les avions taxis. En revanche, en ce qui concerne les vols commerciaux, les élus entretiennent le flou. « Quel est le prix ? Combien ça coute ? Qui les utilise ? Pourquoi nous finançons les compagnies aériennes ? Les questions sont sur la table », admet Gilles Morisseau.
Darwin en exemple de métamorphose urbaine réussie
Pour porter la mission de réflexion sur la transformation de l’aéroport, les élus ont fait appel à deux acteurs bordelais : Koncilio, une société de conseil et formation et Philippe Barre, le fondateur de Darwin. Ce dernier a permis la transformation d’une ancienne friche commerciale en éco-lieu tourné vers la transition économique, écologique et culturelle. Le lieu accueille près d’un million de visiteurs par an. On y retrouve des espaces de coworking, des entreprises, un skatepark, un restaurant… Ces deux acteurs sont des spécialistes de la transition et de la métamorphose urbaine.
« Pour l’aéroport, nous ne voulons pas reproduire ce que nous avons fait à Bordeaux. C’est un espace propre. Nous devons étudier le lieu avec les acteurs du territoire pour savoir ce que nous pourrions proposer comme modèle », déclare Philippe Barre.
Cette mission doit durer jusqu’en février 2022. A l’issue des trois mois, les élus auront des idées de transformation possible du site. Cette réflexion se fera en collaboration avec de nombreux acteurs du territoire comme le Futuroscope, l’Université, le CHU de Poitiers, l’ENSMA, la direction générale de l’aviation civile, la CCI ou encore l’exploitant de l’aéroport.
L'aéroport de Tempelhof à Berlin comme exemple
Durant la mission, une visite d’un aéroport ayant réussi sa transformation va être proposée. La maire de Poitiers, durant le lancement de la réflexion, propose celui de l’aéroport Tempelhof à Berlin (Allemagne). Situé en plein cœur de la ville, il est le symbole de la guerre froide. Aujourd’hui, il est devenu un immense espace de verdure de 386 hectares. Les pistes et l’aérogare sont classées aux Monuments historiques.
« C’est un aéroport qui a réussi sa transformation, verte en l’occurrence. Ça donnera une idée à nos élus et à nos acteurs. Même si ce n’est pas forcément vers ça que nous voulons tendre », reconnaît Léonore Moncond'huy.