L'autrice de bande dessinée Núria Tamarit publie "Toubab", un ouvrage dans lequel l'héroïne participe malgré elle à une mission humanitaire au Sénégal. Le récit s'inspire en partie de sa vie. Primé une première fois à Valence (Espagne), il vient de recevoir le prix des Lycéens au festival Viñetas.
À 27 ans, l'autrice de bande dessinée, Núria Tamarit, décroche à Poitiers le prix des Lycéens du festival Viñetas, dédié à la bande dessinée espagnole et hispano-américaine, pour son livre Toubab (Les Aventuriers de l'Étrange).
Dans cet ouvrage, Núria Tamarit fait le récit d'une expérience humanitaire qu'elle a vécue il y a quelques années, au Sénégal. Si l'histoire se nourrit de son vécu, la fiction y occupe aussi une place importante. Son personnage principal, une adolescente européenne, participe malgré elle à cette mission où elle accompagne sa mère. Elle se confronte à un nouveau monde, à de nouvelles coutumes et à un nouveau rythme de vie. L'expérience interculturelle est totale.
Ce livre est la troisième collaboration entre Núria Tamarit et son éditeur français, Marc-Antoine Fleuret des Aventuriers de l'Étrange, une maison d'éditions basée en Charente-Maritime.
"J'ai découvert le travail de Núria par hasard, dans un salon, avec l'album Avery's Blues (scénario Angux) en novembre 2017", raconte-il. "C'est là que j'ai publié Et le village s'endort... en mai 2018 qui avait été publié en Espagne en 2016 sous le titre Duerme Pueblo."
Une seconde collaboration en août 2020 suit avec Le Conte du genévrier. "Cet album est une création pour moi et a depuis été publié en Espagne sous le titre El Enebro", raconte l'éditeur, heureux de suivre la jeune autrice.
Rencontre avec Núria Tamarit:
Vous venez de recevoir le prix des Lycéens au festival Viñetas, le festival de la bande dessinée espagnole et hispano-américaine de Poitiers, pour votre livre Toubab, l'histoire d'une jeune femme qui participe à une mission humanitaire au Sénégal : quel sentiment est-ce que ça vous laisse ?
Núria Tamarit : C’est génial ! Quand j’ai écrit ce livre, je voulais qu’il s’adresse aux jeunes adultes, genre autour des 18 ans. Je voulais qu’il soit lu par un public jeune, parce que je trouve qu’il est nécessaire de casser certains préjugés à cet âge-là, avant de devenir adulte. En Espagne aussi, dans les lycées il est très lu, et c’est pour ça qu’il a été écrit.
Comment est née l'idée de cette bande dessinée, de raconter cette expérience humanitaire, contrainte, sur le continent africain ?
Núria Tamarit : Je venais de participer à ce projet humanitaire de reconstruire une bibliothèque. Le livre fait partie d'un genre qui relève de l'autofiction. Le récit s'appuie sur moi-même, sur des éléments de bigraphie et sur des personnes que j'ai connues. Beaucoup d'éléments sont aussi de la fiction, inventés, là pour faire l'histoire. Au départ, je n'avais pas l'intention de faire ce livre. Quand j'ai vécu cette expérience africaine, au lieu de prendre des photos comme font beaucoup de gens, je réalisais des croquis, des dessins. À mon retour en Espagne, il y avait ce prix important de la bande dessinée à Valence et on m'a suggéré d'y présenter mon travail. J'ai rassemblé mes dessins et j'ai fait cet ouvrage qui a obtenu le prix.
Vous avez fait des croquis : est-ce qu'on les retrouve dans le livre ?
Núria Tamarit : On retrouve mes croquis dans le livre, oui. Ce sont les dessins qui n'apparaissent pas dans des cases. Pour certains, j'ai rassemblé plusieurs dessins et j'ai fait des collages pour en obtenir un. Je les ai peints également.
Ce sont donc les croquis que vous avez dessinés alors qui ont donné la forme visuelle du livre ?
Núria Tamarit : C'est un processus postérieur. J'ai recréé les ambiances et les couleurs a posteriori, après avoir réalisé les croquis sur place, au Sénégal.
Qu'est-ce qui était important de retranscrire de votre expérience au Sénégal dans cette bande dessinée ? Comment avez-vous fait les choix de ce qui était important à mettre dans la BD ?
Núria Tamarit : J’ai fait une liste des choses qui me paraissaient importantes à retranscrire et à souligner, mais la liste était vraiment trop longue. J’ai donc décidé de regrouper certaines expériences en blocs pour ensuite faire une sorte de sélection thématique, avec des thèmes comme la religion ou la propriété. Ça me permet de passer du général au particulier. En vérité, c’est surgi un peu tout seul, j’avais envie de résumer tout ce que j’avais appris et désappris là-bas.