Avec le confinement et l'interdiction des grands rassemblements, les reports des mariages et des baptêmes ont un impact sur l'activité des photographes. Ils consacrent leur temps à la prise de commandes pour l'année prochaine.
Dur d'être photographe en ces temps de confinement. Alors que la période des mariages débute avec les beaux jours d'avril et mai, impossible pour les futurs mariés de célébrer actuellement leur union en famille. Tous les rassemblements sont remis à plus tard. Et avec, les prestations commandées, notamment aux photographes.
"On reporte", explique Ludovic Plault, photographe à Poitiers depuis 2012. "On trouve des dates pour la fin d'année, en octobre et novembre par exemple."Sans événement, on ne peut pas travailler
- Ludovic Plault, photographe
Installé à Saint-Yrieix, en Charente, depuis 12 ans, Gilles Barthez confirme : "L'idéal est de repousser d'une année et c'est possible quasiment jour pour jour l'an prochain."L'idéal est de repousser jour pour jour à l'an prochain
- Gilles Barthez, photographe
"Je raccroche juste avec un futur marié et il souhaitait maintenir la fête à la même date l'an prochain, pour que ça coincide avec les vacances de la famille, c'est ce qu'on a fait", confirme-t-il.
La situation a beau être délicate - les mariages représentent 30% de son chiffre d'affaires annuel -, il se dit néanmoins chanceux : "Pour l'instant, aucun des reports n'est venu en conflit avec des mariages déjà calés en 2021. Tout se complète."
Compenser l'activité reportée
Mais tout le monde n'a pas cette chance-là. Alexia Jarry, photographe depuis sept ans, basée à Vouillé, près de Poitiers, s'inquiète de voir la liste des reports s'allonger."En mai par exemple, j'ai une annulation de baptême, deux reports de mariages dont l'un est maintenant fixé à une date qui ne me permet pas de l'honorer", raconte-elle. Même constat pour le mois de juin et le début juillet. Autant de contrats qui lui échappent avec souvent l'impossibilité de les remplacer par d'autres prestations. Les mariages se décident une année à l'avance.
Pour ces professionnels, se pose la question de comment compenser l'activité reportée ou annulée.
De son côté, Ludovic Plault explique consacrer pour l'instant une large partie de son temps à la "prise de commandes pour l'année prochaine".
"C'est une période compliquée, comme pour tous ceux qui travaillent dans l'événementiel. Sans événement, on ne peut pas travailler", constate-il.
Je n'ai pas encore évalué ma baisse de chiffre d'affaires. Je n'ai pas eu le courage
- Alexia Jarry, photographe
Baisse de chiffre d'affaires
Alexia Jarry, sait déjà que les reports et les annulations auront un impact fort sur son chiffre d'affaires d'annuel."Pour l'instant, je n'ai pas encore évalué ma baisse de chiffre d'affaires. Je n'ai pas eu le courage", confie-t-elle. "C'est une perte assez énorme car, même si certaines prestations sont reportées à d'autres dates cette année ou l'an prochain, certains reports viennent en concurrence avec des projets de mariage prévus l'an prochain."
Elle note que "certains couples qui avaient prévu de se marier en juillet espèrent maintenir, en août aussi, même si j'ai déjà plusieurs reports pour ces périodes-là, également". Pour que les mariages puissent avoir lieu, certains futurs mariés envisagent aussi de "réduire le nombre d'invités."
Pour l'instant, sa situation financière lui permet de rembourser certains accomptes, au détriment "du salaire" qu'elle se serait versé.
Reprise des commandes professionnelles
Pour ces professionnels, l'enjeu désormais est de connaître "les mesures barrières qui seront appliquées pour les rassemblements privés". Elles détermineront la possibilité ou non de tenir mariages et baptêmes au moment du déconfinement.En attendant, ils misent sur la reprise "des commandes professionnelles d'entreprises".Les professionnels auront-ils toujours les finances pour leurs photos de communication ?
- Ludovic Plault, photographe
"Je dois réaliser une commande de photographies pour le site Internet d'un gîte, une commande de communication", poursuit Ludovic Plault. "Bien sûr, la quesiton reste de savoir s'ils auront toujours les finances pour, ou s'ils choisiront d'attendre pour ne pas affecter leur trésorerie", explique-t-il, avant de noter que "la communication reste le dernier maillon de la chaîne, On est tributaire des situations financières des uns et des autres."
Les séances de photographies individuelles, de couple ou de famille pourraient, elles, repartir plus facilement. Alexia Jarry dit déjà recevoir des nouvelles demandes de clients pour le mois de juillet.
Gilles Barthez dit aussi miser sur cette activité de studio et les commandes professionnelles. Il envisage de refaire de la photographie de mode, son activité avant de s'installer en Charente. Mais en attendant, il s'attèle au petit bricolage en retard dans son atelier.