PORTRAIT. Hémiplégique depuis sa naissance, Erwan Audiguet-Renault rêve de participer aux Jeux paralympiques de Paris 2024

Licencié au sein du club de course Courir dans Châtellerault, Erwan Audiguet-Renault est un athlète pas comme les autres. Son combat contre le handicap, il en a fait une force. Cette saison, il n'a qu'un seul objectif, les Jeux paralympiques.

Un jeune athlète au parcours remarquable. Né hémiplégique après un AVC et orphelin d'une mère, Erwan Audiguet-Renault a aujourd'hui 24 ans. "Ma famille d’accueil est devenue ma famille adoptive suite au décès de ma maman d’un cancer après ma naissance. Ces personnes-là m’ont accueilli à l’âge de trois mois", raconte le Châtelleraudais.

Se battre ou se laisser abattre

"Ce bébé, il a grandi au côté d’un papa qui s’est battu pour qu’il marche et qu’il court. Ça aura mis du temps, mais à l’âge de quatre ans, j’ai pu marcher. Ce qui m’a permis d’avoir une scolarité normale", rajoute-t-il. Son handicap est un combat au quotidien. "À l’âge de 16 ans, j’ai fait un autre AVC : j’avais les jambes paralysées durant un an et demi".

Pour m’en sortir, il fallait que je trouve une motivation. J'ai trouvé le sport. Et j’ai commencé à courir dans la rue.

Erwan Audiguet-Renault

Jeune athlète

Sa famille adoptive, et plus particulièrement son père, a fait de ce handicap, une force. "Il m'a dit, mot pour mot : si tu veux t’en sortir, ce sera par toi-même. Nous, on peut t’aider, mais si tu veux rester au fond du trou, tu restes au fond du trou. Ces paroles-là ont raisonné grandement. Pour m’en sortir, il fallait que je trouve une motivation. J'ai trouvé le sport. Et j’ai commencé à courir dans la rue".

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{} • ©France télévisions

Soutenu à fond par ses trois frères et ses deux sœurs, il veut partager sa détermination pour montrer aux personnes handicapées comme lui que tout n'est qu'une question de volonté. "Je suis né avec cette maladie : soit on en fait une force, soit on se laisse abattre. Beaucoup de jeunes dans ma situation se laissent aller : oui, tu es handicapé, c’est une chape de plomb que tu as sur la tête. Sois-tu la prends et tu la pousses, soit tu la laisses sur toi et elle t’écrase. C’est important de le dire", estime Erwan.

Objectif Jeux paralympiques

Erwan a commencé la course à pied à l'âge de neuf ans. Il est désormais recordman du 10 km sur route en handisport en Europe. Un athlète hors du commun, mais également fragile. L'an dernier, il a perdu 15 % des connexions nerveuses des muscles de sa jambe gauche. Le staff médical autour de lui est aux petits soins pour maximiser sa performance, comme Hélène Norguet, orthopédiste.

"On teste des choses aussi parce que c’est une pathologie que l’on n'a pas souvent. On lui prescrit des semelles pour sortir en ville et une autre pour son sport. Il se bat bien. On est là pour l'entourer et on va tout faire tout qu’il y arrive, avec le kiné et tout son staff. Nous, on l’aide à notre échelle en faisant notre maximum".

Pour sa préparation en vue des Jeux paralympiques, Erwan s'est inscrit dans le club de course de Châtellerault qui ne compte que des valides. Spécialiste du 10 km sur route, c'est sur le 1 500 m qu'Erwan compte obtenir un ticket pour les Jeux, synonyme de "Graal, de reconnaissance ultime", selon lui. "Pouvoir représenter son pays, sous les couleurs les plus hautes qui puissent exister dans le sport. Les jeux, c’est la plus belle chose qui peut arriver".

"Un leitmotiv pour pouvoir mieux avancer"

Erwan, "un personnage très attachant, un peu atypique forcément, du fait de sa différence", révèle le président de son club de course Jean-Pierre Filleul. "On a été surpris l’an dernier, quand on a frappé à notre porte : est-ce- que vous voulez vous occuper d’un petit jeune qui a des ambitions au niveau de la course à pied ? Pourquoi pas ne pas essayer ? Et on a bien fait".

"Quand je l’ai accueilli, je lui ai souhaité la bienvenue, mais tu seras un athlète comme un autre, rajoute-t-il. Tu as une différence physique sur laquelle on tiendra compte, tu n’auras pas plus de privilège par rapport à un autre. Aujourd’hui, il souhaite même intégrer le conseil administratif du club. Son handicap est loin d’être une charge, bien au contraire. C’est un leitmotiv pour pouvoir avancer".

Pour décrocher le précieux sésame, Erwan a rendez-vous à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor), ce samedi 10 février. Le Châtelleraudais de 24 ans tentera d'obtenir son billet pour les Jeux paralympiques lors du championnat de France Indoor d’athlétisme handisport.