Le Conseil d’État examinait aujourd’hui la plainte d’un particulier qui demande que soit retirée la croix sur le portail du cimetière de Prinçay dans la Vienne. C’est pour lui la loi de 1905 qui est ici bafouée.
Posée sur le portail du cimetière de Prinçay dans la Vienne, la croix n'avait jamais vraiment attiré l'attention dans ce paisible village de 200 âmes. Mais depuis 2014, elle fait l'objet d'une bataille en justice inédite. Faut-il ou non la retirer ? Les sages du Conseil d'État se sont penchés sur la question aujourd’hui. Leur décision sera rendue dans les prochaines semaines.
En 2014, un particulier a assigné la municipalité en justice pour qu'elle la retire. Fils d'un défunt inhumé ici, il n'habite pas Prinçay. Libre penseur affiché, il estime que cette croix bafoue la loi de 1905 sur la séparation de l'Église et de l'État. "Imaginez un peu qu’il y ait, je ne sais pas, une étoile de David ou un croissant musulman dessus… Que dirait la population locale ?", s'interroge-t-il auprès de notre journaliste. "L’État ne reconnait aucune religion et tous les bâtiments publics ne reconnaissent aucune religion. Il faut qu’ils comprennent ça les habitants de Prinçay."
► Regardez ce reportage d'E. Gérard et L. Pelletier :
Dépassé par l'ampleur de l'affaire, le maire de Prinçay, Frédéric Mignon, s'en remet entièrement à la décision du Conseil d'État : "on veut une conduite à tenir. J’ai jugé dès le départ que ce n’était pas à moi de prendre cette décision, je n’ai pas installé cette croix. Elle était là, qu’est-ce que j’en fais ? J’ai lu et relu la loi de 1905, cherché partout une jurisprudence, il n’y en avait pas. Il faut savoir."
Cette procédure n’est pas anodine on estime à environ 25 000 le nombre de cimetières ornés d'une croix en France, comme ici le cimetière de Mirebeau dans la Vienne.