Procès du bombardement de Bouaké : Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie à la barre

Les anciens ministres ont été entendus comme témoin dans cette affaire examinée depuis le 29 mars par la cour d'assises spéciale de Paris. Le bombardement de Bouaké avait provoqué la mort de neuf militaires français en Côte d'Ivoire.

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Trois anciens ministres du gouvernement Chirac ont été auditionnés ce mardi par la cour d'assises spéciale de Paris dans le procès du bombardement de Bouaké qui avait causé la mort de neuf militaires de Poitiers et d'Angoulême et d'un civil, le 6 novembre 2004. Le procès débuté le 29 mars se tient jusqu'à la fin de la semaine en l'absence des trois accusés : des mercenaires biélorusses et ivoiriens liés aux forces loyalistes et qui restent introuvables.  Ils n’ont pas été arrêtés à l’époque parce que Paris n’en aurait pas donné l’ordre.

Au lendemain du témoignage de Michel Barnier, alors ministre des Affaires étrangères qui a renvoyé sur l'Elysée et l'Armée la responsabilité des décisions françaises après le raid de l'avation ivoirienne, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin et Michèle Alliot-Marie, respectivement Premier Ministre, ministre de l'Intérieur et ministre de la Défense à l'époque, ont répondu aux questions de la cour et des avocats.  

"Ni présent, ni informé"

Premier à témoigner dès l'ouverture de l'audience: Dominique de Villepin, questionné durant deux longues heures. Il a rendu hommage au "sacrifice" des soldats français mais a renvoyé sur ses collègues de la Défense et des Affaires étrangères la responsabilité des errements de l'enquête, précisant dès le départ n'avoir été  "ni présent, ni associé" des grandes décisions du dossier franco-ivoirien.  "La compétence du ministère de la Défense dans cette affaire est claire. Des soldats français sont morts à l’étranger" a t-il notamment déclaré.

Quant à savoir pourquoi l'un des responsables du bombardement n'a pas été livré à la France comme le Togo l'avait proposé, il a affirmé ne pas avoir été "informé", sinon il en "aurait alerté l'Elysée", avant de renvoyer une fois de plus vers les Affaires étrangères et la Défense: "L'information a été transmise à deux ministères et a été traitée. On peut ne pas aimer la réponse, mais elle a été faite et assumée".

Porte dérobée

Suivant sur la liste des témoins : Jean-Pierre Raffarin a suivi peu ou prou la même ligne de défense. Rejettant toute idée de complot à la tête de l'Etat pour évincer Laurent Gbagbo du pouvoir ivoirien, l'ancien Premier ministre s'est lui aussi défaussé : si les responsables ont disparu dans la nature selon lui, c'est parce qu'il y a eu des dysfonctionnements dans l'organisation de l'Etat et une mauvaise prise en compte des télégrammes diplomatiques entre la France et le Togo. 

Arrivée par une porte dérobée, Michèle Alliot-Marie, ministre des Armées à l'époque, a clos cette dernière journée d'audience. Présentée comme un témoin clé, ses explications n'auront pas apporté les réponses que les familles des victimes et les militaires attendaient. "Il n'y a pas un seul politicien qui arrive à prendre ses responsabilités" s'est désolé Djamel, un ancien militaire du RICM, invalide à 85 % depuis l'attaque du 6 novembre 2004. "Ils se renvoient tous la balle. La vérité on ne la saura jamais". 

Pourquoi la France n'a-t-elle pas tout fait pour arrêter les coupables ? "Depuis des semaines, il y avait une montée des tensions à l’encontre des Français" s'est notamment défendue  Michèle Alliot-Marie expliquant que la priorité était alors de rapatrier les 9.000 ressortissants vivant en Côte d'Ivoire sur le sol français. Le verdict de la cour est attendu ce jeudi 15 avril dans l'après-midi. 

Procès suivi par notre journaliste présent sur place Antoine Morel 

 

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